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«L'Opposition doit être nationale, c'est-à-dire, avoir en vue l'intérêt de la nation et le mettre au premier plan»
L'Interview AHMED NEJIB CHEBBI (Président du Haut Comité Politique du Parti Républicain)
Publié dans Le Temps le 05 - 12 - 2012

«Le discours du Président de la République montre le degré de décomposition de la Troïka au pouvoir »
«Nous avons proposé la création de quatre fonds de développement, consacrés aux 4 grandes régions : le Nord-est, le Sud-ouest, le Sud-est et le Centre.»
Suite aux derniers événements de violence qui ont chamboulé la Tunisie, Le Temps a tenu à s'entretenir avec l'une des grandes figures politiques tunisienne, M. Ahmed Nejib Chebbi, Président du Haut comité politique du Parti Républicain et qui fait partie de l'Opposition, pour avoir son avis et son analyse sur la situation actuelle et les projets de son parti quant à la prochaine étape.
Le Temps : Quel rôle aujourd'hui pour l'Opposition dans un contexte où la violence politique est exacerbée ?
Ahmed Nejib Chebbi : A mon avis je ne sais pas si l'on peut caractériser ce qui se passe par violence. Je crois qu'il y a un problème de sécurité, aussi bien politique que publique. Les citoyens ne sont plus en sécurité. Ce qu'il y a, par contre, c'est une grave crise politico-sociale et économique, notamment. Il y a les évènements de Siliana qui sont là pour montrer le degré du mécontentement de la population qui, deux ans après la révolution, n'ont rien vu venir sur le plan de l'emploi et du développement régional. Bien au contraire, pour l'aspect social, le chômage a augmenté et le coût de la vie s'est beaucoup élevé ! Quant à l'aspect politique, le discours du Président de la République montre le degré de décomposition de la Troïka au pouvoir. C'est là où la question de gouvernance ce pose. Alors, quel est le rôle de l'Opposition ? L'Opposition doit être nationale, c'est-à-dire, avoir en vue l'intérêt de la nation et le mettre au premier plan. Elle doit chercher et aider à trouver une solution qui stabilise le pays, qui apaise le peuple et lui ouvre les perspectives de développement et de création d'emploi. Cela est, bien évidemment, très difficile, dans la mesure où la Tunisie s'est enfoncée dans les problèmes économiques. L'investissement privé se fait attendre. L'investissement public n'a été réalisé qu'à moins de 30% sur l'année 2012. L'année 2013 s'annonce encore plus difficile. Il faudrait à notre sens, revoir la gouvernance du pays, de manière à assurer le maximum d'efficacité et d'efficience de l'action gouvernementale sur le plan du développement et création de l'emploi et stabiliser le pays, redonner l'espoir et de la confiance aux acteurs économiques aussi bien nationaux qu'à nos partenaires étrangers.
Concrètement, sur le terrain, comment le Parti républicain œuvre pour apaiser la tension populaire qui existe actuellement?
D'abord en se mettant à l'écoute de la population. Ensuite, en se faisant le porte-parole des revendications légitimes et d'essayer, au final, en direction du gouvernement, d'amener les mesures qui soient de nature à apaiser. Si l'on revient à l'affaire de Siliana, par exemple, je me suis déplacé avec une délégation de la direction du Parti républicain pour rendre visite aux blessés à l'hôpital régional de Siliana et à l'UGTT. Nous avons tenté de rencontrer le gouverneur mais cela n'a pas été possible vue la situation sécuritaire. Nous avons tenu une conférence de presse le jour-même pour informer les Tunisiens sur la gravité de la situation et appeler à des mesures d'apaisement, notamment, la révocation du gouverneur, le cessez-le-feu et tendre une main humaine aux blessés, libérer les détenus et de ne pas inculper les jeunes qui ont participé à ces protestations et surtout ouvrir le dialogue avec les représentants de la société civile et les partis politiques à Siliana pour trouver une solution à cette question d'employabilité et de développement.
.«Nous avons proposé, au mois de mai, la composition d'un gouvernement de Salut public et avons avancé un programme d'urgence.»
On reproche souvent au gouvernement d'avoir déçu les attentes citoyennes en termes de développement. Si le Parti Républicain était au pouvoir, qu'aurait-il pu faire ?
Nous avons au mois de mai proposé la composition d'un gouvernement de Salut public et avons avancé un programme d'urgence qui partait des besoins les plus urgents de la population (développement régional et employabilité). Nous avons proposé plusieurs mesures dont j'évoquerai deux. D'abord, commencer dans l'immédiat le désenclavement de l'Ouest du pays, aussi bien le Nord que le Centre et le Sud par une autoroute qui relie Ennfidha à Gafsa avec deux bifurcations sur Kasserine et Sidi Bouzid et pour le Nord, reliant Tabarka à Oued Zarga. Ce désenclavement est créateur d'emploi dans l'immédiat. C'est un investissement public sauf que ces emplois ne seront pas durables et ne garantiront pas la stabilité professionnelle au long terme. C'est un emploi pour un ou deux ans au maximum. On reste toujours d ans la précarité.
. «C'est un sentiment de révolte qui anime ces jeunes.»
Quelle a été la seconde mesure que vous avez proposée pour sortir de cette crise ?
La seconde mesure que nous avons proposé c'est la création de quatre fonds de développement. Chacun des fonds sera consacré pour les 4 grandes régions : le Nord-est, le Sud-ouest, le Sud-est et le Centre. Ces 4 régions qui ont été délaissées durant les dernières décennies, il fallait les alimenter, soit par les revenus du phosphate et du pétrole ou ceux de la privatisation, notamment Tunisie Telecom. Il y avait, il y a un an 2 milliards de dinars qui étaient placés à la banque centrale. On avait pu trouver les moyens pour alimenter ces caisses de développement. Ces fonds pourraient être des banques d'idées et qui avancent des fonds propres à hauteur de 30% et présentent des projets. C'est des organismes qui aident à faire le montage financier et à appeler des investisseurs ou des banques. Ces fonds accompagnent les jeunes dans la création des PME. C'est dans le soutien des PME, indépendamment de leur domaine d'activité (commerce, tourisme, agriculture ou industrie) que les choses évolueront. Ces PME créent la richesse et fournissent des postes d'emploi durable. Nous avons pensé qu'à travers ces deux mesures que, le problème du chômage sera amorti, surtout pour les jeunes diplômés en sciences humaines qui ont beau avoir des diplômes, ils manquent de formation professionnelle pour répondre aux besoins de l'emploi. Il leur fallait cette formation pour pouvoir prétendre à ces emplois. Ces mesures d'urgence étaient de nature à redonner de l'espoir aux jeunes, donc d'apaiser et de calmer la situation et de donner de nouvelles perspectives. Bien évidemment, cela sous-entend aussi la poursuite de l'action gouvernementale dans les autres régions. Or, il fallait déterminer les priorités et selon nous, c'est par cela qu'il fallait commencer.
.« La théorie de complot vient d'un complexe de victime. Ceux qui nous gouvernent se sentent l'objet d'un complot dont l'auteur serait les médias, l'UGTT ou l'Opposition.»
Donc, si on comprend bien, vous expliquez la colère citoyenne par ce manquement du gouvernement en termes d'employabilité et développement ?
C'est un sentiment de révolte qui anime ces jeunes. Mais ce que j'ai vu par mes propres yeux, c'était une lame de fond extrêmement puissante qui a soulevé toute la population, jeunes et moins jeunes, dans la région de Siliana, qui n'est qu'un exemple parmi tant d'autres ! Il faut se rappeler, Sidi Bouzid, Gabès. Rien que le mois dernier. Ce sont des signes qui parlent d'une déception, des attentes urgentes et qui sont à l'origine des mouvements de révolte. Certainement, il n'y a pas de baguette magique pour répondre à tous les besoins en un temps record mais il y a des mesures à prendre qui peuvent redonner confiance et donc apaiser.
Comment expliquez-vous le retour itératif de la théorie du complot à chaque fois qu'une région se révolte ? Les discours des hauts responsables accusent souvent l'Opposition et l'UGTT d'être derrière ces mouvements de colère populaire.
Cette théorie du complot vient d'un complexe de victime. Ceux qui nous gouvernent se sentent l'objet d'un complot dont l'auteur serait une fois les médias, une autre fois l'UGTT ou les partis politiques qui ont perdu aux élections. Cela n'a jamais convaincu personne. J'espère que ceux qui en parlent n'en sont pas eux-mêmes pas convaincus. Il est temps, aujourd'hui, de repenser ensemble la gouvernance du pays. Je pense que les conditions sont maintenant propices dans un esprit plus constructif et positif.
. «Les polémiques au sein de l'ANC, sur les plateaux télévisés reflètent le caractère récent de nos traditions des débats politiques.»
Comment vous analysez les différents discours des hauts responsables politiques, tels que Jebali, Marzouki ou encore Dilou en réaction à ce qui s'est passé récemment à Siliana? La contradiction dans l'approche et l'analyse de chacun d'eux.
Je préfère retenir ce qui est positif. Jebali a fini par organiser une réunion avec les représentants de l'UGTT, l'Union régionale de Siliana et ils sont parvenus sur un certains nombre de mesures d'apaisement. Pour moi, c'est l'essentiel. Il y a eu une semi-révocation du gouverneur le temps de faire une enquête. Il a engagé un processus de dialogue avec les représentants de la population de Siliana. Il y a une approche positive sur laquelle je préfère retenir. Quant au discours du Président de la République, il a mis le doigt sur la nécessité de revoir la gouvernance, c'est-à-dire la constitution d'un gouvernement technique que nous avons déjà réclamé il ya plus de 6 mois. La nature et la composition du gouvernement doit être vue dans la perspective d'une feuille de route globale. Il faudra déterminer quel est le temps qui reste pour cette phase de transition ? En fonction de ce temps, il faudra voir ce qui est possible de faire, quelle est la forme du gouvernement qui réponde le mieux aux attentes du peuple. Si c'est un gouvernement technique de gestion des affaires courantes, c'est une chose et à ce moment-là, il faudra que la période qui reste soit extrêmement courte. Est-ce que la Constituante va pouvoir achever ses travaux durant cette même période ? Tout en se reposant sur des compétences techniques, ce gouvernement doit être politique de manière à ce qu'il passe un message de concorde nationale et de volonté politique de commencer à répondre aux attentes les plus urgentes du peuple. Je sais que ce n'est pas chose aisée, mais ça redonnerait de l'espoir et la confiance sera de nouveau installée. Pour ce faire, il faudra organiser une table ronde entre les différents acteurs des partis politiques ayant le plus de représentants au sein de l'ANC pour préparer une feuille de route qui détermine les dates des élections, la Constitution sera prête à telle date, ce gouvernement sera de tel régime pour réaliser tels programmes. Au niveau de Jomhouri, nous favorisons et réclamons la réunion de cette table ronde.

En parlant de Jomhouri et de l'Opposition ; on leur a toujours reproché leur immaturité politique ou leur torpeur face aux grands enjeux politiques qui chamboulent la Tunisie. Que répondez-vous à ces épithètes qu'on vous prête ?
Je ne partage pas ces avis. Les polémiques au sein de l'ANC, sur les plateaux télévisés reflètent le caractère récent de nos traditions des débats politiques. Mais je ne pense pas que la Tunisie n'aient pas de cadres ou compétences politiques ou que l'opposition de cadres politiques compétents ! Je pense que la faiblesse des partis politiques est due à la nature dictatoriale de l'ancien régime qui empêchait les élites et les citoyens de s'impliquer dans la vie politique. Les traditions politiques n'ont que deux années d'existence. Il est donc normal qu'elle soit défaillante parfois. L'opposition sort du lot. El Jomhouri, est le résultat de la fusion de 9 groupes politiques de 16 listes indépendantes. Ce parti existe bel et bien et a des ramifications partout. Il a un grand nombre de cadres et de programmes. Le temps passé ne lui a pas permis d'affirmer sa présence active sur le terrain. Chose que nous sommes en train de faire actuellement. Je pense que Nidaa Tounes est un mouvement en gestation qui n'a pas encore d'existence sur le terrain mais qui est en train de se développer autour de la personnalité de Si Béji Caïd Sebsi. EL Jomhouri, quant à lui, a constitué un comité d'élargissement qui se propose de réunir sous peu de nouvelles forces démocratiques centristes pour se consolider et s'agrandir. C'est une nouvelle appellation pour une nouvelle réalité qui est en évolution.

Quels sont les projets du Parti républicain concrètement et pour l'étape à venir ?
L'objectif de l'étape historique, pour nous, c'est de consolider la démocratie à travers des élections. Nous pensons que la Tunisie doit achever au plus tôt l'étape de transition pour entamer l'étape de stabilisation de la démocratie. C'est notre objectif. Pour ce faire, il faudra déterminer la date des élections c'est pourquoi notre dessein immédiat est d'amener tous les acteurs politiques à s'entendre sur une feuille de route.


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