De Mustapha Zoubeidi - Ne cachant pas son étonnement, un chroniqueur de renom du football en France, tenait récemment devant de miens amis, ces propos si édifiants « Quel est votre secret en Tunisie pour que sans public depuis si longtemps, sans pelouses valables durant des années et sans support financier pour la majorité de vos clubs, votre football tienne la corde dans la comparaison avec d'autres. Que votre champion parvienne, trois fois de suite en finale de la Ligue des champions, que vous remportez un CHAN en pleine révolution et que vos chances à la prochaine CAN soient si sérieuses quand vos expatriés sur lesquels vous allez vous appuyer sont plus souvent sur le banc que sur le terrain ?» Propos dont on admettrait volontiers la pertinence s'ils ne reposaient pas uniquement sur le concept méthodologique mis au service d'un objectif fixé dans le temps et dans un système où la fin dépend toujours des moyens. Or ce qui se passe en Tunisie depuis quelques années n'a pas obéi à ce concept de rationalité. D'où le recours à un genre de système D, qui, faute de planification, n'a eu d'autre but que de maintenir le mouvement, quitte à lui imprimer des accélérations insolites ou lui imposer des coupures fréquentes. Il se trouve qu'il y eu des réussites qui nous ont valu des satisfécits. Mais qu'on ne tombe pas dans le piège de la fausse autosatisfaction et de ne pas perdre de vue que n'ayant aucune assise ni objectif autre que la fuite en avant, notre système D risque de voir son élan brisé à tout moment et nous faire découvrir la vanité de nos illusions. Il est plus responsable de regarder la réalité en face. Celle qui nous crève les yeux, mais qu'on refuse de voir. Des propos du chroniqueur français il serait plutôt profitable de retenir la déficience des moyens de notre système D que le satisfecit qu'il nous accorde pour une fin que lui-même n'arrive pas à expliquer mais que nous savons qu'elle ne peut être qu'éphémère et sans lendemain.