La Conférence nationale sur la politique migratoire tunisienne se tient à l'heure où la Tunisie déplore le départ en Syrie de nombreux jeunes convaincus (ou pas) de leur mission jihadiste libératrice aux côtés des rebelles opposés au régime de Bachar El Assad. D'autre part, les tentatives, depuis notre sol national, d'atteindre clandestinement l'Europe (par la mer ou par l'air) n'ont toujours pas cessé. Par ailleurs, le Gouvernement attend désespérément que la Libye veuille bien accueillir et embaucher des dizaines (sinon des centaines) de milliers de chômeurs tunisiens. En même temps, il scrute l'horizon en quête d'investisseurs étrangers capables de promouvoir des projets employeurs dans nos régions les plus démunies. Tout récemment, le Ministère du Transport a dévoilé son projet d'importer 21.000 tricycles susceptibles de créer des sources de revenus à plusieurs familles tunisiennes. Auparavant, le même département acheta à la Chine, 20 autorails pour desservir les lignes ferroviaires nationale. Cette fin d'année a également vu la Tunisie recourir au lait slovène pour combler la pénurie locale. A l'Aïd el Kébir, (en octobre), nous importâmes 100.000 têtes ovines roumaines. Métier d'avenir Cette vague d'importation emprunte bien entendu les circuits légaux, mais il n'entre pas en Tunisie que des produits autorisés. La drogue, l'argent suspect et les armes transitent plus ou moins allègrement entre contrebandiers et groupes terroristes. Travailler dans l'import export, voilà un secteur prometteur et bien rémunérateur à recommander aux sans emploi. Envoyer des combattants en Syrie ou des danseuses de cabaret à Beyrouth ; fournir aux Libyens toutes sortes de denrées ou bien déposer à nos frontières des enfants d'Al Qaïda ; transporter par centaines les fous de Lampedusa ou introduire des stupéfiants jusque dans les classes des collèges ; « importer » des pierres pour les manifestants ou la viagra contrefaite pour les impuissants ; tout cela et bien d'autres activités illicites prospèrent chez nous et, paraît-il, dans plusieurs pays du « Printemps arabe ». Et la face cachée de l'iceberg ? Du temps de Ben Ali, la mafia des Trabelsi chapeautait et supervisait les mouvements des transitaires parallèles. Chacun se spécialisait dans un commerce particulier : les bananes pour les uns, le plaqué or pour d'autres, ou bien le tabac de marque, les jouets, les articles de ménage, l'électronique, etc. Aujourd'hui, il y a lieu de se demander qui a suppléé les anciens parrains de la contrebande. Avec qui les « transitaires » locaux traitent-ils ? Agissent-ils désormais pour leur propre compte ou bien sont-ils au service de réseaux nationaux et internationaux ? Sont-ils couverts à l'intérieur comme à l'extérieur du pays? Y aurait-il toujours des « fonctionnaires » de l'Etat qui touchent des commissions pour faciliter certains transits illicites ? Autrement dit, la Révolution a-t-elle tout nettoyé dans le legs de l'ancien régime ou bien a-t-elle favorisé de nouveaux corrompus ? Dans quelques années peut-être, nous verrons naître une nouvelle classe de riches ayant construit leur fortune sur le dos des « révolutionnaires » du jasmin. Pour l'instant, en surface, tout le monde agit dans la transparence ; mais que cache la face visible de l'iceberg ? L'avenir nous le dira quand ce sera trop tard pour sévir. Les « justices transitionnelles » de chaque ère ne règlent leurs comptes qu'aux profiteurs de poids plume ! Quant aux « transitaires » de poids lourd, ils s'en sortent toujours blanchis et au pire des cas avec sursis. Car, il suffit parfois de quelques liasses pour faciliter le transit judiciaire ! Ni yaourt au bifidus, ni infusion, ni régime végétarien : tout est dans le...blé !