Désormais, Orange Tunisie et Tunisiana s'échappent, en vertu d'une convention signée quelques jours auparavant, du contrôle de l'Agence tunisienne d'Internet (ATI), pour leur trafic Internet. Une convention que les responsables des deux opérateurs privés Orange Tunisie et Tunisiana considèrent comme essentielle pour améliorer la qualité des services offerts aux clients et surtout pour assurer une qualité meilleure de l'Internet. Une décision même nécessaire, qui n'est pas pour autant suffisante pour le développement du secteur en Tunisie. Un secteur qui connaît actuellement un paradoxe. Conjoncture oblige entre autres Révolution oblige, l'Etat se trouve en situation monopolistique parfaite. Une situation empiétant sur les principes de la saine concurrence. Et même après la cession des 15% du capital de Tunisiana, l'Etat détient encore le contrôle de 65% du capital de Tunisie Telecom, 10% de Tunisiana et 51% d'Orange Tunisie. Portabilité, licence globale pour Orange ! Quoi qu'il en soit, cette situation monopolistique n'est pas l'unique problème que le secteur rencontre. La portabilité des numéros reste ajournée malgré les promesses, du ministère de tutelle, de l'appliquer d'ici juillet 2013. Cette décision vient en application d'une loi amendée en 2008 du code des télécommunications. Un code qui nécessite, selon le ministre Technologies de l'information et de la communication, une réforme pour introduire de nouvelles prérogatives à l'Instance Nationale des Télécommunications (INT), organe chargé du contrôle du secteur. Autre problème à signaler. Orange n'a pas encore eu son statut d'opérateur global, bien que cet opérateur aitpayé les frais nécessaires pour obtenir ce statut. Orange Tunisie se trouve toujours, privé des possibilités de commercialiser certains produits puisque jusqu'à présent, elle ne jouit pas officiellement d'un statut d'opérateur global. Il suffit de rappeler l'affaire de la commercialisation du live box annoncé par Orange et contesté par Tunisie Telecom. Orange s'est trouvée en premier temps empêché de commercialiser ce produit malgré une compagne commerciale de grande envergure. Cet empêchement n'a pas respecté, selon les responsables d'Orange, le principe de licence globale et universelle octroyée à Orange Tunisie par l'Etat Tunisien. Face à cette situation, Mongi Marzouk, ministre des Technologies de l'information et de la communication, estime que cette situation est un mauvais héritage de l'ancien régime. « Raison pour laquelle, nous avons engagé des réformes qui concernent l'Instance Nationale de Télécommunication pour résoudre cette situation ainsi que d'autres. Les opérateurs (Orange et Tunisiana) sont au courant de ces réformes et Tunisie Telecom est prête pour cela ». Didier Charvet, Directeur Général d'Orange affirme qu'Orange continue d'être présente sur le marché. « On continue de progresser pour avoir l'offre la plus globale possible à la fois avec du fixe, du mobile et d'internet. « Pour l'année 2013, nous continuons à investir d'une manière assez importante. Tout en déployant notre réseau d'une manière aussi importante. Pour cette année, nous sommes très optimistes. Car nous sommes en train de respecter le busine plan déjà prévu dès notre démarrage », estime-t-il. A cela s'ajoutent les problèmes dus (selon les trois opérateurs) au non respect des règles de la concurrence pure et parfaite. Les exemples ne manquent pas. Les services juridiques des trois opérateurs s'activent, souvent. Motif : non respect de la concurrence loyale. Preuve à l'appuie. Le nombre des litiges, en cours, chez l'INT avoisine 8 litiges. Ces litiges concernent généralement les offres commerciales annoncées par les trois opérateurs. Tunisie Telecom, perdante sur le fixe ! 100 millions de dinars partent en fumée annuellement paour les services de téléphonie fixe assurés par Tunisie Télécom. La nouvelle fut annoncée récemment pour justifier la dernière augmentation de la redevance d'abonnement de téléphonie fixe. Ce tarif est passé de 2,7 dinars à 4 dinars. Cette augmentation était approuvée par l'Instance nationale des télécommunications. Selon le ministre des technologies de l'information et de la communication, cette redevance reste la plus faible en comparaison avec les pays voisins à l'instar du Maroc ou' cette redevance avoisine les 17 dinars. Il explique que cette augmentation, servira à soutenir l'opérateur historique Tunisie Telecom, pour commercialiser ses services de téléphonie fixe dans un secteur concurrentiel. Cette augmentation semble toutefois insuffisante pour pallier ces pertes de 100 millions de dinars, puisque le ministère de tutelle indique que pour garantir la couverture totale de ces pertes, il faudra une augmentation des tarifs d'abonnement, soit 10 dinars pour chaque abonné de Tunisie Télecom.
Trois questions à ...
Mongi Marzouk, ministre des Technologies de l'information et de la communication ❑Le Temps : la portabilité des numéros reste une revendication des opérateurs téléphoniques. Quelle est la position du ministère ? Mongi Marzouk : la portabilité a un rôle important pour renforcer à la fois la concurrence et améliorer la qualité des services. Elle permet ainsi au client de changer d'opérateur sans être obligé de changer son numéro. Elle permet aussi de bénéficier d'un même tarif appliqué pour tous les opérateurs. Raison pour laquelle, le ministère ca de plus en plus s'orienter vers l'instauration de la portabilité des numéros. ❏ Malgré la cession de 15% dans le capital de Tunisiana, l'Etat se trouve toujours en position monopolistique dans le secteur télécom. Y aura-t-il des cessions des parts de l'Etat dans Tunisie Telecom ou dans Orange ? Tunisie Télécom est un opérateur historique et elle a largement contribué au développement du secteur des télécommunications. Concernant Orange, il convient de rappeler que l'Etat se trouve actionnaire dans son capital, grâce à la révolution. Orange a démarré en 2010. Il lui faut au moins 3 à 4 ans pour assurer le retour de ses investissements et entamer la phase des bénéfices. Orange s'est développée et elle a fait un grand progrès. Raison pour laquelle, la cession des parts de l'Etat dans Orange n'est envisageable qu'après quelques années. Ce processus dépond de la situation financière d'Orange ❏Quels sont les grands chantiers auxquels le ministère des Technologies de l'information et de la communication est confronté ? Le code de télécommunications devrait connaître une réforme pour prendre en considération le développement du secteur de télécommunications, le développement du contenu audio-visuel ainsi que les aspects règlementaires concernant les données privées des personnes. Le ministère prépare également un projet de Groupement intégré de l'Administration. Ce projet devrait concerner au moins 1200 institutions, y compris des administrations, l'Assemblée Nationale Constituante, des ministères etc.... C'est un réseau qui englobe les services administratifs entre ces différentes institutions ainsi que les services administratifs orientés vers les citoyens. C'est un projet de grand calibre ! Autre chose plus importante. La Tunisie devrait avoir un réseau internet à haut débit. Car, le développement du trafic de télécommunication, devrait être accompagné par le développement des réseaux à haut débit (fibres optique, Adsl) soutenu par la 3G et même la 4G, pour améliorer la qualité des produits et assurer les meilleurs services au profit des consommateurs. 13, 378 millions d'abonnés A fin octobre de l'année dernière, le nombre d'abonnement en téléphonie mobile a atteint 13 378 293 millions. Tunisiana arrive en tête avec 4 778 567 abonnés, suivie par Tunisie Telecom avec 7 105 543 abonnés. Le nombre d'abonnés chez orange Tunisie avoisine 1 494 183 abonnés. Il dépasse actuellement les deux millions d'abonnées. La part du marché, au 31 octobre 2012, est 53,1% pour Tunisiana, 35,7% pour l'opérateur historique Tunisie Telecom et 11,2% pour Orange Tunisie
A noter
Appels internationaux en Tunisie : parmi les plus chers au monde Le constat est dressé par la Banque Mondiale. Pourtant réputée l'un des pays les plus avancés en matière des Tic, la Tunisie connaît une hausse des tarifs des appels internationaux par rapport à d'autres pays moins avancés. Cette hausse provient, selon l'institution de Bretton Woods, du fait du monopole détenu par Tunisie Télécom sur les infrastructures des TIC et les accès internationaux, avec pour corollaire une faible intégration de la Tunisie à l'économie mondiale. Les communications internationales en Tunisie sont presque 2 fois inférieures à la moyenne réalisée dans les pays maghrébins. Elles sont aussi 7 fois moins que celles de la région MENA.