La Troïka renaît de ses cendres chaque fois que la Nahdha ne trouve pas nouveaux « alliés » à sa mesure, pouvant servir sa stratégie de contrôle politique ascendant. La dernière « résurrection » est venue à travers l'intervention de M. Bennani, membre influant du parti islamiste sur le plateau de Hannibal T.V, confirmant à l'occasion que les Tunisiens sont finalement bien « heureux » avec la Troïka et que la recherche de nouveaux « ministrables » dans la périphérie opposante n'est plus d'actualité. Il faut dire que le « Niet » de MM. Néjib Chebbi et Ahmed Ibrahim du Joumhouri et du Massar, n'a pas laissé d'autre choix à la centrale islamiste et son patron incontournable, le Cheikh Rached Ghannouchi. Alors que ce dernier voulait à tout prix isoler « Nida Tounès » sur la scène politique et le priver de soutiens potentiels pour contrer l'exclusion projetée d'une partie de ses états majors, les leaders de l'opposition socialo-centriste ont exigé un remaniement ministériel d'envergure à l'instar des recommandations du Président Marzouki, lui-même, avec un effectif réduit et technocratique et, en plus une « neutralisation » des ministères de souveraineté, surtout l'Intérieur et la Justice, faute de quoi, aucune élection démocratique et transparente ne peut envisagée dans le futur proche. Autre conclusion de la démarche précitée, le projet de dialogue direct entre Ennahdha et Nida Tounès suggéré sous forme de ballon d'essai par Rached Ghannouchi, semble mort née du fait du revirement de dernière minute, le nième, des décideurs de la Nahdha. Comme quoi il faut attendre de jours meilleurs ou, malheureusement, de plus graves crises pour espérer un dégel de ce côté. D'ailleurs, dans le débat, précité, M.Mohsen Marzouk, de Nida Tounès, a refusé de tendre la joue droite comme Jésus, à Si Bennani, et s'en est allé lui répondre sèchement : « Nida Tounès ne court pas derrière Ennahdha pour solliciter sa miséricorde et sa clémence pour dialoguer avec nous » ! C'est triste de voir à quel point le malentendu semble profond alors qu'on s'assoit à la même table devant la caméra à la recherche d'un consensus devenu chimérique et irréalisable. Cette image traduit aussi celles que la commémoration du 14 janvier 2011 nous a transmises avec au moins trois manifs « séparées » de corps et d'esprit, celle de la Nahdha, de la Jabha Chaâbia et de Nida Tounès. Le pays est bel et bien divisé, ce qui ajoute à l'angoisse de notre peuple de voir l'avenir miné de dangers réels de confrontations entre des partis décidés à jouer le tout pour le tout, pour garder le pouvoir ou le conquérir. Devant tout cela, y a-t-il un pilote dans « l'avion Tunisie » capable de transcender les partis, leurs leaders intransigeants et se présenter en arbitre réel et efficace pour arrondir les angles et sauver l'aéronef d'un crash possible, de plus en plus redouté par les Tunisiennes et les Tunisiens ! Mais, au fait, on a oublié Dr. Marzouki ! Peut-il être l'homme « providentiel » de la situation ! Après tout, et dans le monde entier, même dans les régimes parlementaires, le Président de la République est le garant de la continuité de l'Etat et de la concorde nationale et sociale, au nom des intérêts supérieurs de la Nation. On a beau crier comme les citoyens de Sidi Bousaïd, traumatisés et indignés par ce crime infâme qui a souillé leur ville et son mausolée : « Un président sans pouvoirs... Yeched addar » (un Président sans pouvoirs doit rester à la maison) mais le Président Tunisien a plus d'une flèche à son arc. D'abord, il a une double légitimité, historique par son passé, militant contre la dictature et électorale par son investiture à l'ANC. Puis, et surtout, c'est lui le patron des armées, quand la nature fait le vide et quand la sécurité de l'Etat et des citoyens n'est plus garantie par le ministère compétent. Enfin, c'est lui qui est en charge de l'état d'urgence en cas de crise grave et dans ce cas, il n'a de comptes à rendre à personne. Seules ses convictions sont « souveraines » pour sauver le pays et rétablir l'ordre. Tout cela est évidemment, hypothèse d'école. La réalité est toute autre. Le Président Marzouki, soucieux des droits de l'Homme, veut faire prévaloir le jeu des institutions. C'est à son honneur. C'est pour cela qu'il a appelé à la veille de ce 14 janvier, à presser le pas pour rédiger cette fameuse Constitution que la terre entière attend comme la 9ème merveille ou le « Mahdi El Montadhar », et de passer aux élections tout juste après, bien avant la fin de l'année 2013. Mais, encore une fois, a-t-il les moyens d'imposer sa démarche face aux intérêts partisans, tenaces et persistants ! En théorie non... mais souvent en politique, un petit détail, un petit déclic événementiel peut tout faire basculer et donner de la voix à ceux qui semblent ne pas en avoir ! A notre humble avis, ce Sadikien, rebelle de la politique, a encore quelques « munitions » dans sa réserve. Mais, il se doit d'être plus rationnel et plus convaincant. Recevoir les comités de « Protection de la Révolution » (sic) au Palais de Carthage, entache lourdement et sévèrement sa crédibilité auprès de l'opinion nationale et internationale. Ces « milices » armées de gourdins, n'ont pas de place dans un Etat de droit et encore moins au Palais symbole de la République. Monsieur le Président, l'Etat est institutionnel ou il ne l'est pas ! La terreur des hors la loi, manipulée par des partis occultes ne peut pas servir la démocratie. Recevoir ces bras armés au Palais de Carthage c'est la légitimer et ouvrir la voie à la violence... toutes les violences ! Un mot pour la fin, quelque chose me laisse penser que Marzouki sait qu'il ne sera peut-être pas le futur candidat de la Nahdha aux présidentielles... Alors, peut-il entamer un revirement stratégique pour rassembler derrière lui toutes les sensibilités démocratiques de gauche et du centre ! La composition du futur gouvernement remanié sera un premier test... donc, à suivre !