Depuis toujours, la qualité de la restauration dans notre pays souffre de plusieurs défaillances et cela ne risque pas de s'améliorer. Au contraire, la situation allant de mal en pis par les temps troubles de l'après révolution qui perdurent. De ce fait, le client se retrouve souvent lésé, aussi bien sur le plan moral que matériel. La mésaventure que j'ai vécue un samedi soir avec un groupe de quatre amis dans le restaurant-lounge Pomodoro à Gammarth est un exemple du non respect des lois qui régissent le domaine. Par définition, un lounge est un endroit où on peut manger et/ ou boire dans une ambiance de musique et de détente. A notre arrivée, deux personnes du groupe avaient commandé des plats, tandis que les trois autres n'avaient envie que de boissons. Le serveur, qui ne faisait qu'exécuter les consignes de la boîte, répondit : « la consommation d'au moins trois plats est obligatoire ». Par conséquent, le client est obligé de consommer un plat en dehors de la boisson, en fonction du nombre des personnes du groupe. Le serveur est reparti pour nous laisser le temps de nous décider. Surpris par cette logique, je me suis adressé à un responsable pour demander des explications. Comme réponse à ma question : « y a-t-il une loi qui impose au client la nature de la consommation à demander dans un lounge ? », il rétorqua : «et dans ce pays qu'est le notre, existe-t-il encore des lois ?». Par ailleurs, il justifia cette réglementation par le fait que d'une part, c'est un choix de l'établissement pour sélectionner sa clientèle, d'autre part, ceci s'applique lors des week-ends et des soirées spéciales. Las d'attendre le retour du serveur qui nous a ignorés pendant plus d'une heure, je suis retourné voir le responsable qui m'a informé qu'aucune commande n'a été passée, vu qu'elle ne répondait pas aux normes de l'établissement. Choqué par cette attitude, je lui ai fait savoir que pour une mésaventure que j'ai vécue dans un autre restaurant, j'ai rédigé un article pour dénoncer ce genre de comportement. D'un ton ironique, il m'a proposé de changer de journal et de choisir celui qui me conviendrait cette fois-ci. Les deux autres gérants, quoique respectueux, avaient la même logique. Indigné, tout le groupe avait quitté le lieu. Devant une telle situation, des questions s'imposent : comment ces établissements qui ont pignon sur rue se permettent-t-ils de faire leurs propres lois, maltraitant et arnaquant de la sorte leurs clients? Pourquoi fréquenter des endroits où on dépense pour être humilié ? Où est l'organisation de défense du consommateur pour dénoncer et sévir s'il le faut de tels dépassements ? Je n'irai pas jusqu'à comparer nos établissements avec ceux de l'Europe, mais quand on pense au niveau honorable des services offerts dans les pays voisins tel Le Maroc à titre d'exemple, je me rends compte du fossé qui nous sépare. A quand un changement des mentalités ? Ne vaudrait-il pas mieux miser sur la fidélité du client plutôt que chercher uniquement le profit matériel au détriment du respect de la personne humaine? Espérons que les lendemains seront meilleurs.