Il y a deux ans parut le premier event book de l'histoire de l'édition en Tunisie : la Révolution des Braves de Mohamed Kilani. Ancien journaliste, commentateur et producteur de télévision, l'auteur, détenteur d'une maîtrise en politique –juridique ( 1977) nous gratifia en un temps record d'un ouvrage à haute valeur pédagogique en aidant le lecteur à opérer un zapping fixateur pur marquer les principaux tournants de l'histoire récente de la Tunisie, et plus précisément depuis la dissidence de Bourguiba du Destour en septembre 1933. Naturellement la genèse de la Révolution y a occupé l'essentiel avec en prime des chapitres qui pouvaient éclairer dans cette phase post-révolutionnaire et, donc, forcément fondatrice : le nouvel apprentissage, le match le plus long, plaidoyer pour l'école, etc., soit autant de développements prémonitoires comme l'illustre cette merveilleuse parabole de l'auteur : « Le projet Démocratie est une œuvre collective. C'est un nouveau-né prématuré ayant subi l'accélération de l'Histoire. Il est encore sous couveuse. Aidons-le à en sortir indemne pour que, demain, le nourrisson puisse progressivement distinguer les voix, les visages et les couleurs. Bébé, il suscitera le plaisir et la curiosité de voir sa première dent et son premier pas ou d'entendre ses premiers balbutiements. Accordons donc toute notre attention à la couveuse pour offrir au nouveau-né les chances de sortir à l'air libre vivant et sans aucun handicap. En même temps, prenons soin de sa mère, c'est-à-dire la patrie, qui est souffrante et qui aspire légitimement à un prompt rétablissement. La Tunisie vient de sortir avec brio d'un long tunnel, celui de la dictature, elle doit rapidement sortir du tunnel de l'anarchie avec réalisme. » Si Mohamed Kilani devait traiter de la même thématique quelles seraient la couleur et la physionomie de ce bébé qu'il couvait ? A l'euphorie des grands commencements ou même le meilleur devient possible succède, sans doute, un retour mélancolique, ... Comme si le bébé devait marquer le pas. Cela n'enlève rien à la ferveur vécue et décrite deux ans en arrière pas Mohamed Kilani, parce que la Révolution est la plus belle condamnation de l'Histoire.