Il est grand temps que les hommes politiques qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition sachent que le pays a besoin de sortir de l'état de blocage dans lequel il fut entraîné. La responsabilité de cette situation incombe en premier lieu à ceux qui détiennent les leviers du pouvoir et qui refusent tout consensus à même de permettre une issue, d'autant que parmi la coalition de la majorité, les désaccords se font jour et avec fracas. A première vue tout va de travers entre le trio au pouvoir surtout depuis l'annonce du remaniement ministériel. Les tractions qui durent depuis trois mois ont semble-t-il échoué. Les trois partenaires politiques ont fini par étaler leurs différends sur la place publique se rejetant la responsabilité, les uns sur les autres. De son côté l'opposition qui n'en est pas une, se montre hésitante. Une fois elle est d'accord pour faire partie de la prochaine équipe gouvernementale, et une seconde fois elle annonce qu'elle n'est pas concernée ! Les alliances ainsi se font et se défont au gré des humeurs et des prétentions. Mais il y a tout de même une certitude, celle-ci concerne les divergences à propos des ministères de souveraineté, du moins deux d'entre-eux, celui des Affaires Etrangères et celui de la Justice. Sur ce point, il y'a un accord de fait entre deux composantes de la coalition gouvernementale et le reste de l'opposition. On exige à ce que ces deux départements soient confiés à des personnalités indépendantes. Et c'est là où le parti majoritaire devient intransigeant et sourd aux appels de la raison, refusant toute concession sur la question. Le Chef du gouvernement lui-même et selon certaines informations concordantes se trouve en porte à faux avec son parti. Ayant fait preuve de souplesse et accédant aux vœux de ses partenaires politiques Hammadi Jbali s'est fait apparemment désavoué dans sa démarche par les durs d'Ennahdha qui excluent toute concession et préfèrent aller jusqu'au bout de leur logique, espérant nouer d'autres alliances parmi l'opposition pour se défaire du C.P.R. et du Forum. Et c'est là où tout se complique et risque de tout bloquer car il n'est pas certain qu'une nouvelle majorité puisse se dégager de ces tractations. La crise jusque là latente est aujourd'hui réelle, avec les lourdes conséquences qui s'en suivront. Nos politiques de tout bord ne peuvent ignorer que l'activité économique est au plus bas avec un P.I.B qui a reculé de 8% par rapport à 2010, un endettement public qui atteint 42% etc.... Et on imagine mal que ceci ne soit pas sujet à préoccupation pour eux. Partant du constat on n'arrive pas à comprendre les raisons qui les poussent à ne pas agir dans le sens qu'exige la conjoncture difficile que vit le pays et à continuer sur la voie de la division. Investis de la charge de diriger ce pays par cette phase exceptionnelle de son histoire les hommes politiques toutes tendances confondues doivent mettre en sourdine leurs divergences, oublier pour un temps leurs différends idéologiques, pour créer les conditions favorables au déblocage que le pays en a cruellement besoin. L'initiative de l'U.G.T.T. est peut être l'une des voies à prospecter, pour sortir de l'impasse. Cette initiative qu'on a vite fait d'enterrer mérite d'être creusée à sa juste valeur. Elle demeure toujours d'actualité avec notamment ce que vit le pays comme déchirement.