L'assassinat de Chokri Belaïd est certes un malheur pour la Tunisie et tous les Tunisiens, toutes tendances confondues, y compris ceux qui ne le portaient pas dans leur cœur, car ceux qui auraient aidé à commettre un tel acte, ont signé par là même leur arrêt de mort. Mais à quelque chose malheur est bon : Cet évènement aura permis de les révéler, et de mettre à bas les masques sous lesquelles se cachaient tous ceux qui sont animés de mauvaises intentions, et qui agissaient au nom de certains principes religieux, dont ils ignoraient le sens, mais c'était le prétexte pour arriver à leur seul but : accaparer le pouvoir. Rien que ça !et ces gens là osent parler de démocratie et se targuent d'agir au nom des préceptes de l'Islam, cette religion de paix et de solidarité, qu'ils ont complètement déformée, en semant le trouble et la discorde. Il est énoncé dans le Saint Coran que la discorde est pire que le meurtre. Malheureusement, ces gens là, ont œuvré par tous les moyens à semer la discorde, y compris par le meurtre. Cela nous rappelle l'ère de la grande discorde qui a divisé la Oumma islamique. Elle a commencé par le meurtre des califes de l'Islam, Othman, puis Ali cousin du Prophète et l'époux de sa fille préférée Fatma. Préalablement, le Calife Omar Ibn Al khattab, qui a été à la base de la création des institutions de l'Etat islamique, est mort assassiné. Mais on dira que son meurtrier était un malade mental. En tout état de cause cette discorde a engendré l'effritement de cette Oumma. On en voudra plus tard à Ali Abderrazak, un théologien égyptien du début du 20ème siècle , qui a affirmé dans son œuvre « L'islam et les fondements du pouvoir », que la cause essentielle de cette grande discorde était la course pour le pouvoir. Il a été déchu de son titre de professeur à El Azhar, et couvert d'opprobre par les religieux de son époque. On ne peut pourtant expliquer cette violence accrue qui passe par le meurtre, autrement que par la soif du pouvoir ? Depuis la nuit des temps le meurtre politique, est un moyen de se débarrasser d'un adversaire gênant. C'est ce moyen qui est de plus en plus utilisé de nos jours en Tunisie, après la Révolution. Durant le régime Ben Ali on usait de la torture pour éliminer ceux qui osaient dénoncer les abus et les injustices multiples. Actuellement c'est la violence tous azimuts, perpétrée par des forces obscurantistes, qui alla crescendo pour arriver au meurtre. Assassinats commandités Cette série de violence a commencé par l'assassinat de Lotfi Naghd de Nida Tounés et a été suivie du meurtre de Chokri Bélaïd. L'assassinat était prémédité et son auteur n'était pas un détraqué mental ni un cambrioleur qui a été pris de court. C'est un meurtre commandité. Le commanditaire ? Ce n'est certainement pas un justicier redresseur de tort, mais quelqu'un qui entendait éliminer physiquement un adversaire de taille. Un militant des droits de l'Homme qui n'était pas mû par la soif du pouvoir, mais par les principes de défense des droits et de libertés. D'autres défenseurs des droits de l'Homme, sont dans le collimateur. Pour preuve, Hamma Hammami a reçu tout de suite après l'évènement un texto le prévenant que son tour est proche. Le Chef du gouvernement Hamadi Jebali, dans une brève allocution, l'air grave et consterné, a fait part de son intention de former un gouvernement de technocrates et sans tenir compte d'aucune appartenance politique. Il est certes animé d'une bonne intention et son initiative est louable. Toutefois, et c'est là où le bât blesse, la loi actuelle ne permet aucune initiative de ce genre, si elle n'est pas approuvée par la Constituante. C'est la raison pour laquelle, c'est à l'ANC de prendre les devants en intervenant d'urgence pour la formation d'un nouveau gouvernement, de technocrates, ou d'union nationale comme vient de le proposer, le président de la République. Motion de censure ou changement ou vacance du poste de Chef du gouvernement L'ANC est habilitée à agir dans ce sens, par l'un des moyens que lui confère la loi relative à l'organisation provisoire des pouvoirs publics du 16 décembre 2011, dont entre autres, le vote d'une motion de censure contre l'actuel gouvernement, en vertu de l'article 19 de ladite loi. Cet article prévoit le vote d'une motion de censure contre le gouvernement, après une demande motivée, présentée par le président de l'assemblée Constituante. Il est énoncé entre autres dans le dernier alinéa de cet article que « en cas de vacance dans le poste du premier ministre pour incapacité (ou décès) le président de la République nomme le candidat du parti majoritaire à l'assemblée constituante en tant que premier ministre..... » Ce serait un cas de vacance si le premier ministre actuel se retrouve dans l'obligation de démissionner. Encore que dans ce cas on s'affronterait de nouveau au même obstacle : Le président sera obligé de choisir un candidat parmi le parti majoritaire à l'assemblée. Un remaniement partiel est possible Le premier ministre actuel, peut procéder à un remaniement partiel, par le biais duquel, il peut changer la majorité des ministres. Cela lui permettrait d'appliquer ce qui a été annoncé au cours de sa dernière allocution, et éviterait de s'affronter aux méandres d'une procédure qui peut s'allonger dans le temps. La Constituante, a été élue par le peuple qui l'a mandatée essentiellement pour défendre ses intérêts. Ceux-ci ne sont nullement tributaires des tendances politiques et ne doivent souffrir aucun obstacle ni aucun retard pour être sauvegardés et préservés. Le temps n'est plus aux tergiversations, surtout que le délai fixé pour les élections approche, et que la nouvelle Constitution n'est pas encore fin prête !