Le ministre de l'Intérieur sortant Ali Laârayedh a été choisi, hier, par son parti, Ennahdha, pour succéder à Hamadi Jebali à la tête du gouvernement. Cet ingénieur de la marine marchande, originaire de Médenine l'a emporté suite à un vote interne au Conseil de la Choura d'Ennahdha ( instance consultative du parti, NDLR) par plus de 50% des voix face à Abdellatif Mekki, Nouredddine B'hiri et Mohamed Ben Salem, respectivement ministres de la Santé, de la Justice et de l'Agriculture. Le Président de la République Moncef Marzouki a déjà approuvé , hier, la désignation par le parti islamiste Ennahda d'Ali Larayedh au poste de Premier ministre, a annoncé le porte-parole de la présidence, Adnène Mancer. "Le président a souhaité du succès à Ali Larayedh", a-t-il indiqué. Le Chef de l'Etat a également remis à M. Laârayedh la lettre de sa désignation officielle" comme Premier ministre, afin qu'il puisse former le gouvernement. Une nouvelle mission plus délicate que celle qu'il a assumée pendant plus d'un an au ministère de l'Intérieur Le Premier ministre sortant, Hamadi Jebali, a démissionné mardi après avoir échoué à former un gouvernement de technocrates face à l'opposition d'Ennahda. Cette initiative visait, selon lui, à sortir le pays de sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011, provoquée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le 6 février. Ancien prisonnier politiqué torturé Ali Larayedh, 57 ans et père de trois enfants, a un profil proche de celui de Hamadi Jebali. Militant de la première heure d'Ennahda, il a été condamné à la peine capitale suite à la confrontation qui a eu lieu entre le parti islamiste et le régime de Bourguiba pendant les années 80. L'arrivée de Ben Ali au pouvoir l'avait sauvé de la guillotine. Il n'a pas cependant cessé son militantisme au sein du mouvement islamiste, ce qui lui a valu d'être arrêté et emprisonné une quinzaine d'années, dont dix d'isolement, dans les geôles du même général Ben Ali. Depuis sa sortie de prison, il n'a presque jamais cessé d'intervenir dans de nombreuses émissions politiques sur des médias étrangers, notamment Al Jazeera, avec des contributions axées sur la question des droits de l'homme et des libertés. L'ancien prisonnier politique a été aussi parmi les vingt-quatre personnalités tunisiennes qui ont créé "le Comité pour les droits et les libertés" autour de huit opposants en grève de la faim durant plus d'un mois en octobre et novembre 2005, en marge du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), qui s'est tenu à Tunis.. Ce comité a représenté le premier noyau regroupant des islamistes et des laïcs sur des "questions fondamentales nécessaires pour une transition vers la démocratie". Ce forum constitué , entre autres, de Hamma Hammami , le leader du Parti des Travailleurs , Néjib Chebbi, le chef du Parti Démocrate Progressite et du journaliste Lotfi Hajji a notamment débattu de la "liberté de conscience, l'égalité entre les sexes et des questions liées à l'identité du pays". Un homme de dialogue Désigné ministre de l'Intérieur au lendemain des élections du 23 octobre 2011, il est resté populaire de l'avis même de certains opposants qui n'ont jamais mis en doute la sincérité d'Ali Laarayedh quand il appelle au respect de la loi et à son application malgré quelques flottements dus au fait que ce département soit parmi les plus sensibles. Ali Larayedh est considéré comme un homme de dialogue appartenant au courant modéré de son parti. Il est désormais appelé à mettre un terme à une crise de confiance, lancer rapidement des signaux forts permettant la relance économique et veiller à ce que le pays aille vers des élections dans la plus grande transparence. Selon certains observateurs, , le choix d'Ennahda ne serait pas mauvais."Ali Larayedh a, comme Hamadi Jebali, le sens de l'Etat. Il a été à l'épreuve du pouvoir, il a la responsabilité de la sécurité intérieure du pays et, même s'il a commis des bavures, il a été le premier à parler de guerre contre les mouvements salafistes", explique Mohamed Kerrou, professeur de politique comparée à l'université de Tunis-El Manar". Walid KHEFIFI
«J'aurai besoin du concours de tous, présidence, Assemblée constituante, gouvernement et partis» Ali Larayedh, a annoncé, hier après-midi, juste après sa désignation officielle par le Président de la République pour former un nouveau gouvernement, qu'il va engager des consultations à cet effet. Il a exprimé le voeu que le futur gouvernement bénéficie du soutien de l'ensemble des institutions constitutionnelles, des partis politiques et des Tunisiens. Ali Larayedh qui venait d'avoir une rencontre avec le président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, au Palais de Carthage, a déclaré en substance: "Nous entamerons des consultations pour former un nouveau gouvernement qui soit le gouvernement de tous les Tunisiens et qui agisse sur cette base". Et d'ajouter, j'aurai besoin "du concours de tous, présidence, Assemblée constituante, gouvernement et partis". Il a formé le voeu que le gouvernement envisagé bénéficie de l'assentiment des partis, des organisations, des différentes couches sociales et des élites nationales, "en particulier les hommes de presse, de culture et de l'art ainsi que les prédicateurs". Le chef du gouvernement désigné a 15 jours pour mener des consultations en vue de former le gouvernement et d'en soumettre la composition au président de la République avant le vote de confiance de l'Assemblée nationale constituante. Ali Larayedh s'est contenté de donner lecture d'une déclaration devant les journalistes présents, se refusant à répondre à aucune de leurs questions. Nous aurons l'occasion de vous entretenir, une autre fois, "des priorités nationales" que se fixera son gouvernement, a-t-il, toutefois, ajouté laconiquement.