A travers une variation originale de La Dernière interview de Jean Genet, avec dans le rôle principal le Congolais Dieudonné Niangouna, la metteure en scène Catherine Boskowitz actualise et redonne sens aux colères et révoltes de l'auteur de Quatre heures à Chatila. Le Congolais Dieudonné Niangouna, connu pour ses spectacles d'une intensité incandescente - Attitude clando, Les inepties volantes, Le Socle des vertiges...- est l'artiste-associé au Festival d'Avignon 2013. A partir de mars, lorsque la programmation du Festival sera connue, on entendra sans doute beaucoup parler de lui, des pièces qu'il mettra en scène lui-même à Avignon cette année ainsi que des spectacles africains ou autres dont il aura suscité la création dans le cadre du Festival. En attendant, c'est en comédien que l'artiste congolais a investi la scène de la Maison des Métallos à Paris où il interprète le rôle de Jean Genet dans La Dernière interview mise en scène par Catherine Boskowitz. Un huis clos à deux voix « Il s'agit d'une variation sur l'interview de Genet à Nigel Williams de la BBC en 1985 quelques mois avant sa mort », explique Boskowitz. « Lors de cette interview, Genet est très mal à l'aise, poursuit la metteure en scène. Il inverse les rôles et finit par se mettre à l'extérieur du cadre de l'interview, devenant l'interviewer en même temps que l'interviewé. C'était un geste d'une grande radicalité car il pose la question du positionnement de l'artiste par rapport à la norme et au format qu'on lui impose. J'ai tout de suite pensé à Dieudonné Niangouna dont je connaissais très bien le travail, tout comme il connaissait le mien. Je savais combien cette question de la norme mais aussi celle de la langue étaient importantes pour lui. Je lui ai demandé si l'idée de jouer le rôle de Genet l'intéressait. Il a été tout de suite partant ». Le produit né de cette collaboration est un huis clos à deux voix, aussi fort qu'original. Créée en 2010 à l'occasion du centenaire de Genet, la pièce a beaucoup voyagé, tant en France qu'en Afrique avant de revenir à Paris. Elle donne à voir magistralement les colères, les révoltes contre la société bourgeoise de celui que Sartre considérait comme l'un des plus grands « moralistes » de son siècle.