L'un des plus grands festivals de théâtre en Europe s'est ouvert le 7 juillet dans la mythique Cour d'honneur du Palais des papes. L'artiste associé de cette 66ème+ édition du Festival d'Avignon est le metteur en scène britannique Simon McBurney. Il s'empare du roman gigantesque de Mikhaïl Boulgakov Le Maître et Marguerite et l'adapte pour l'immense scène en plein air du Palais.
C'est en anglais surtitré en français que les festivaliers d'Avignon ont suivi l'histoire pleine de rebondissements du Maître et Marguerite, un pilier de la littérature russe, mis en scène par Simon McBurney pour le spectacle d'ouverture. Un choix de Vincent Baudriller, avec Hortense Archambault co-directeur du festival d'Avignon. « Il y a cet immense roman de Boulgakov, écrit dans les années 1930, dans la Russie qui a été dirigée par Staline, et qui se passe à la fois à l'époque de Boulgakov, mais aussi à l'époque de Ponce Pilate et du Christ, qui voyage entre la terre et le ciel, entre les enfers – avec le diable qui vient à Moscou et le ciel dans lequel vole Marguerite, amoureuse du maître, l'écrivain. C'est un roman complètement fou qui se passe à des époques complètement différentes avec une multitude de personnages, d'intrigues, de questions politiques et philosophiques.
Une démesure de formes
Il pratique aussi une démesure de formes puisque Simon Mc Burney nourrit sa mise en scène théâtrale de vidéos et animations en 3D, et les marionnettes se mêlent aux acteurs. L'artiste londonien, formé à l'école de Jacques Lecoq, charrie avec lui en cette édition plusieurs créateurs dans le sillage du maitre français. Autre maître célébré en cette 66e édition, Jean Vilar, le créateur du Festival d'Avignon est né il y a cent ans. « Je pense qu'on est toujours porté par l'esprit que Vilar a insufflé au Festival d'Avignon et au théâtre au général, déclare l'actuel directeur Vincent Baudriller. Insufflé par ce qui a fondé le festival en 1947. Prendre Avignon à la fois comme un endroit de création ou comme un endroit où les artistes ont inventé un nouveau langage. C'est ce que Vilar a fait lorsqu'il invente une nouvelle façon de faire du théâtre en 1947. Il a une envie d'ouvrir la création au plus grand nombre. Et puis il y a cette ouverture qu'il opère lui-même au Festival d'Avignon au milieu des années 1960 où sont invitées des activités artistiques très différentes comme la danse, quand il invite le chorégraphe Béjart ou le réalisateur Godard... Je crois que cette ouverture-là anime toujours l'esprit du festival d'Avignon d'aujourd'hui.» (MFI)