Pour plus d'un observateur en choisissant la voie de la « cartonnite » de Ben Ali, la Nahdha et son état major radical s'enfoncent dans leur entêtement d'être les seuls décideurs à bord dans ce pays. Pourtant, être raisonnable en politique c'est de choisir ses alliances en fonction d'objectifs communs ou proches dans l'intérêt du pays tout entier. La question essentielle à poser à ces « faucons » de la Nahdha, passés maîtres dans l'art de la manœuvre politique est la suivante : En quoi des micro-partis surdimensionnées par les plateaux des télévisions à la recherche du sensationnel afin de faire chavirer l'audimat, peuvent-ils servir la Nahdha en ce moment ! Si c'est pour isoler uniquement Nida Tounès et son leader, Béji Caïd Essebsi, et les priver de rayonnement national, l'enjeu vaut-il la chandelle. Plus ils diabolisent Nida Tounès, plus il progresse dans l'opinion. La Nahdha a-t-elle pour objectif de participer à la réforme du pays, ses institutions, son économie et d'activer la promotion des catégories faibles de la population ou a-t-elle pour vocation d'étouffer à nouveau la vie politique et de briser l'évolution du pays vers un pluralisme pacifique où la concurrence politique est non seulement nécessaire mais souhaitable pour éviter les dérapages de l'exécutif vers l'absolutisme et la corruption des 23 dernières années avant la Révolution. Après la Troïka qui a prouvé ses limites, malgré la présence en son sein de quelques bons ministres, bien rares il est vrai, voilà que les décideurs de la Nahdha s'acharnent à pousser le Premier ministre annoncé, M. Ali Laârayedh, à puiser dans les réserves combien hypothétiques de quelques partis dont les adhérents se comptent par quelques centaines tout au plus. Ali Laârayedh, comme son prédécesseur, risque de porter ce mauvais cadeau tel un « fardeau », tout au long de ce qui reste de la transition. En optant pour la stratégie du « moi ou rien », la Nahdha joue sa crédibilité, auprès de l'opinion nationale et internationale et s'enfonce dans cette œuvre malsaine de miner le pays par la radicalisation des parties en présence. La manœuvre a ses limites et son adepte et inventeur musulman, l'Empereur Mouaouia Ibn Abi Soufiene, l'a conseillé à son fils sur son lit de mort : « La ruse, mon fils, c'est d'éviter la ruse » parce que tout simplement à force de la pratiquer on finit par éveiller tous les soupçons et perdre la face. La seule voie du salut, c'est de revenir à une certaine éthique de la politique et surtout de ne plus prendre ce peuple où il y a plus de deux millions de diplômés du supérieur toutes catégories confondues, pour des tarés, faciles à tromper éternellement. Aujourd'hui, la responsabilité et l'intérêt général c'est de composer avec les plus crédibles parmi les forces politiques agissant sur la scène. Vous me direz, mais ils refusent de « collaborer » avec la Nahdha ! Je vous dirai, il faut que la Nahdha se demande enfin... pourquoi ! La résistance de l'opposition démocratique et de la société civile, s'oppose en premier lieu aux appels du totalitarisme de l'Islam politique radical qui veut tout simplement faire main basse sur le pays au nom de cette merveilleuse religion qu'est l'Islam de nos ancêtres et de nos ulémas authentiques de la Zitouna. Le «testament » du vénérable Cheikh et mufti de la République, Sidi Kamaleddine Jaïet est un véritable chef d'œuvre de doctrine (Mithak oulama Tounès) et une charte immuable qui a permis la paix sociale et religieuse dans ce pays durant des siècles et qui nous interpelle à plus d'un titre, plus que jamais, aujourd'hui. La Nahdha doit bannir tous les instruments et toutes les méthodes qui ont empêché une grande Révolution comme celle de l'Islam en 1979 d'être un exemple pour le monde musulman. C'était qu'on le veuille ou pas, un espoir alors qu'elle est devenue au fil du temps, l'occasion manquée pour instituer « la démocratie islamique ». La Nahdha, en cautionnant les « Ligues de protection de la Révolution » qui terrorisent notre peuple et ses élites et en faisant alliance avec des partis surdimensionnés et très peu représentatifs risque de rééditer, malheureusement, à nouveau, « l'occasion manquée » de promouvoir l'Islam démocratique et de prouver que l'Islam et la démocratie ne sont pas contradictoires. Au fait, Cheikh Mourou et Samir Dilou font-ils partie de la « Nahdha » ou pas ! Alors, pourquoi on ne les écoute pas à Montplaisir ! C'est vrai qu'ils sont minoritaires. Mais, s'il y a un avenir pour la Nahdha, c'est à travers eux, et les Nahdhaouis modérés, qu'elle doit le construire. Faute de quoi, il faudra attendre la prochaine « Révolution » contre la dictature théocratique de l'Islam radical ! Mais, ce pays est déjà bien fatigué et déçu par les résultats de l'actuelle ! N'oubliez pas... la Tunisie n'a pas de pétrole ou si peu !