M. Lotfi Zitoun, l'homme par qui toutes les discordes de la nation naissent, vient de battre en retraite, en jetant tactiquement, un pavé dans la marre, ce qui pourrait le sauver politiquement et lui valoir un autre destin politique. Voilà quelqu'un que la société civile démocratique toutes tendances confondues considère être le « Machiavel » de la Nahdha, le « casseur » des libertés, le mobilisateur des fans-fanatisés de « Ikbis » et de l'islamisme politique radical, et qui par un acte magique de politicien de race, renverse toues les données jusque-là évidentes et accablantes qui ont sculpté son image dans le vécu et l'imaginaire des Tunisiennes et des Tunisiens, pour se présenter en véritable « stratège » digne de Kissinger et de Locke combinés.
Son interview-verdict est sans appel : le pouvoir actuel et les élites ascendantes du nouveau système en gestation post-révolutionnaire, ont échoué lamentablement.
De fait il reprend tout ce qui a été dit, par les hommes « raisonnables » de ce pays, qui ont mis en garde les nouveaux maîtres de la Kasbah et du Bardo, sur l'erreur monumentale de la Nahdha et ses leaders de consacrer toute leur énergie à remodeler au plus vite le système culturel et social du pays en voulant « réislamiser » un peuple musulman depuis l'an 50 de l'Hégire, et la fondation de Kairouan.
Il enfonce le clou et joue le mea-culpa d'un homme qui vit étrangement son mal-d'être et ses contradictions de membre du gouvernement, de cadre de la Nahdha et de gérant-destructeur des libertés publiques si durement acquises par une Révolution limpide au départ et son attachement à la « liberté » et à la « dignité ».
Il regrette même que la transition que son parti dirige n'ait pas démarré avec un véritable « gouvernement d'union nationale ».
Tout cela serait certainement à son honneur s'il était réellement sincère.
Un homme politique d'appareil ultra et sans concession pour ses adversaires, la Tunisie en a connu sous Bourguiba avec feu Abdallah Farhat, Mohamed Sayah, Ahmed Ben Salah et évidemment sous Ben Ali aussi, mais M. Zitoun peut avoir l'intelligence de « s'adapter » et de jouer l'auto-critique et la relativité pragmatique. C'est certainement l'influence de la culture britannique où il a été en exil avec son protecteur le Cheikh Rached Ghannouchi, président de la Nahdha. Cela pourrait être aussi de la manœuvre politique, pour sauver les meubles d'une politique totalement rejetée et défaillante par les aspirations légitimes de ces « élites qu'il cite à plusieurs reprises et qui veulent que ce pays soit au moins comme la Pologne ou la Croatie...
Mais, le comble du « Machiavélisme » c'est de parler de l'exemple de la BBC et de sa réussite en tant qu'organisme de presse public et totalement indépendante du pouvoir en Grande-Bretagne et de s'acharner encore à mettre les « Sami Fehri » en prison, pour quelques malheureux guignols ou de mettre en pièce une institution prestigieuse comme « DAR ASSABAH », alors qu'elle n'a jamais été contre la Nahdha et son gouvernement, de façon systématique telle qu'on veut la présenter.
Le comble de la tromperie c'est de déclarer vouloir un gouvernement d'union nationale et de s'acharner contre « Nida Tounès » et son leader M. Béji Caïd Essebsi et de les présenter, fort injustement, comme des résidus du RCD. C'est tout simplement de la désinformation totale et totalitaire qui n'annonce rien de bon et qui refuse l'alternance politique chère au système britannique que M. Lotfi Zitoun connaît bien mais ne pratique pas encore.
John Locke qui est lui aussi britannique et qui est le père de « Bill off Rights » la première déclaration des droits de l'homme de l'ère moderne (1689) ne se contente pas des intentions ou des déclarations. L'homme politique doit prouver et ses actes, seuls peuvent indiquer son positionnement réel dans l'espace politique.
L'interview de M. Zitoun, nous a donné de l'espoir qu'il n'est seulement un « faucon » anti-démocratique.
Elle nous a même fait plaisir de voir qu'il a des qualités potentielles d'un homme d'Etat, capable de s'adapter et de corriger ses trajectoires en fonction de la pression populaire et de l'évolution.
Mais pour devenir Locke il faut prouver par des actes. Qu'on commence si vous le permettez, par de simples gestes : Libérez Sami Fehri, laissez « DAR ASSABAH » à ses journalistes et sa famille et laisser la Télévision nationale prendre le même chemin que la BBC...
Alors, nous aurons les mots pour rendre justice à M. Zitoun et le remercier du fond du cœur.
En attendant tout le reste est verbiage et maquillage, qui ne convainc plus personne !
Un mot pour la fin :
La Tunisie compte plus de deux millions d'universitaires.... Et ils savent lire et comparer !