Le nouvel accord entre la Tunisie et l'Union Européenne qui permet à notre pays d'accéder au statut de « partenariat-avancé », constitue, encore une fois, une manne du ciel au gouvernement de la Nahdha et un bol d'oxygène pour l'opposition aussi. Je m'explique. Sur le plan politique, tout le monde est gagnant sauf ceux qui vivent encore à l'âge du « protectionnisme » révolutionnaire puéril et sans aucune perspective réelle de proposer meilleur. Je rappelle à nos « camarades » encore illuminés par la pensée de Trotsky, Lénine, Mao-Tsé Tung et Fidel Castro, que la Russie et la Chine ont abandonné depuis des décennies, la dictature du prolétariat et l'économie de la « disette » révolutionnaire. Si ces pays connaissent une grande prospérité en ce moment contrairement à Cuba, c'est parce qu'ils ont adopté l'économie de marché concurrentielle et opté pour l'investissement local et international et les transferts des technologies occidentales. Par conséquent, manifester contre le partenariat avancé avec l'Europe pour garder jalousement « sa pauvreté » ne va pas dans le sens des ambitions véritables des Tunisiens qui veulent vivre au rythme de la terre, comme les Chinois, les Russes et les citoyens des anciens pays de l'Est. Je ferme cette parenthèse parce que les « dangers » de la mondialisation ne font peur qu'à ceux qui n'ont rien à espérer de la vie et de ce monde et où nous sommes obligés de nous adapter ou de disparaître, car telle est la loi biologique et naturelle. Par conséquent, ce nouvel accord est bon à prendre et on peut en prendre le meilleur. Politiquement, il met au pied du mur la Nahdha et ses « alliés » pour toute velléité de revenir à l'absolutisme, à « l'Etat-Parti » et surtout de casser les aspirations profondes du peuple tunisien et ses élites à la démocratie plurielle, l'Etat de droit et le respect de la diversité. Les Européens ne sont pas nés de la dernière pluie et ils ont bien marqué les lignes « rouges » au dire même des ministres tunisiens qui ont assisté à la cérémonie symbolique d'octroi du statut avancé. Parmi ces lignes du « seuil critique », le multipartisme, la liberté d'expression d'opinion et de presse, l'alternance pacifique au pouvoir par des élections transparentes et loyales. Par conséquent, toutes ces manœuvres qui visent à museler l'opposition démocratique à éliminer illégitimement des adversaires politiques du genre « Nida Tounès » parce qu'il constitue une « alternance » crédible possible, seront analysées à la loupe par Bruxelles et ses experts bien avertis sur la question. L'europe, comme nous l'avons analysé pour l'Amérique d'Obama, est un tout. C'est à prendre ou à laisser. Tony Blair, ancien Premier ministre de sa gracieuse majesté britannique, et qui n'est pas mon préféré, avait coutume de dire aux extrémistes réfugiés dans son pays : « Britain we love it... or we leave it ! » (La Grande-Bretagne on l'aime... ou on la quitte !). C'est comme cela pour l'Europe. Vous ne pouvez pas avoir des milices « de protection de la Révolution » qui usent de la violence contre les opposants politiques et prétendre être proches associés et privilégiés de l'Europe. M. Hollande n'a pas envoyé ses « milices » empêcher un meeting de M. Sarkozy ou tabasser ses militantes... à Sfax ... ! Excusez l'erreur je voulais dire à Bordeaux ! Par conséquent l'opposition démocratique a des atouts en main avec cet accord qui peut aider notre pays et son gouvernement actuel à jouer le jeu loyalement au lieu de chercher midi à quatorze heures ! Sur le plan économique et le transfert de la technologie, la formation professionnelle et surtout les échanges commerciaux et la mobilité de l'investissement, c'est un accord miracle par les temps de morosité qui courent. Les mesures d'accompagnement et qui peuvent atteindre 1000 millions de dinars par an, ne peuvent qu'être bénéfiques pour notre pays, sa stabilité et son développement, à condition, bien sûr, de bien ficeler les dossiers et d'être sérieux. Le gouvernement Jebali a un bon coup à jouer là-dessus, ainsi que son ministre du Développement et de la Coopération, pondéré et pratique donc positif... Tiens, il me rappelle des hommes d'envergure comme Si Lassaâd Ben Osmane ou Ismaïl Khelil. Ce sera, en tout cas, bien plus productif pour le gouvernement et la Nahdha elle-même, que les prêches d'un Wajdi Ghouneïm ou encore cette catastrophe wahabite du nom de Mohamed Lâarifi. C'est à se demander où sont passés nos « Oulamas » et nos cheikhs vénérables de la Zitouna ! Mais, ceci est une autre histoire ! Nous y reviendrons ! Par Khaled Guezmir