Les Tunisiennes et les Tunisiens n'ont que ce qu'ils méritent ! Par leur vote du 23 octobre dernier, ils ont catapulté la Tunisie moderne si proche de l'Europe, si amie avec l'Amérique vers un monde totalement déclassé où nos mosquées et nos idéologues islamistes refusent de se séparer de l'Etat, comme au Moyen-Age. Depuis la Révolution du 14 janvier, le problème essentiel de la Tunisie libérée du despotisme, du parti unique et de la corruption est devenu le « sacré » et rien que le « sacré » !
On a relégué aux questions de deuxièmes priorités, les problèmes de l'emploi des jeunes, le développement régional, le tourisme, l'eau, la mer, etc...
Quant à l'environnement, c'est tout simplement la faillite totale puisque nos villes sont devenues des décharges à ciel ouvert de tous les déchets ménagers et des détritus des chantiers de toutes sortes, dans une anarchie chronique, que le début de l'indépendance il y a plus de 56 ans n'a pas connue.
Tout cela découle en fait, d'une philosophie qui milite pour la destruction de l'Etat, qui ne croit pas aux institutions et même pas aux lois suprêmes comme la Constitution.
Les représentants du pouvoir dominant aujourd'hui n'arrêtent pas dans les moments de crise comme c'est le cas, aujourd'hui, de jurer leur attachement à une « République civile », à une « démocratie moderniste », de type parlementaire mais, une fois la crise apaisée, chassez le naturel il revient au galop, et leur but ultime inavoué devant les caméras de l'Occident, mais avoué devant leurs fidèles dans les mosquées politisées qu'ils contrôlent, c'est l'institution d'un nouveau modèle culturel et social avec comme base de soutien : le sacré ... leur sacré ! et non pas celui que les Tunisiens aiment et pratiquent depuis l'an 50 de l'Hégire, puis enseigné par l'Imam Souhnoun à Kairouan, puis enraciné par la tradition zeitounienne tolérante, libérale et progressiste, telle que codifiée par nos ulémas émérites : Tahar et Fadhel Ben Achour, Cheikhs Sellami, Habib Belkhodja, feu Chedli Neïfer, etc...
Les Jihadistes « nos enfants » ne sont pas venus de Mars ou de Jupiter, mais leur idéologie a été façonnée en Afghanistan, au Soudan, en Somalie et au Yémen, pays « admirables » (sic) de paix sociale, de développement politique et institutionnel, et de prospérité économique ! Voilà où veulent nous mener les ténors de l'Islam politique radical et certains de leurs protecteurs au pouvoir. Il apparaît de plus en plus que la Révolution démocratique et sociale, réalisée par le peuple tunisien tout entier, et qui implique l'acceptation sereine et paisible de l'alternance politique n'est pas dans leur projet.
Et comme ils n'ont jamais lu une ligne de Montesquieu ou de John Locke, ils ne savent pas que le régime démocratique refuse et rejette tout changement politique par la violence. Or, la violence c'est leur instrument de prédilection pour le changement politique et social. Pour une fois, il sont plus proches de Staline qu'ils disent détester, que d'Erdogan, de Mohamed Abdou, et encore moins, de Kheïreddine Bacha.
Quant à Bourguiba, considéré par les plus prestigieuses universités du monde, de Sorbonne en France, à Berkeley, aux Etats-Unis, à Tsukuba, au Japon, comme le plus grand réformateur musulman du 20ème siècle, c'est tout simplement, un « kefer » (mécréant), dont on doit profaner la tombe ! Enfin, M. Béji Caïd Essebsi leader de « Nida Tounès », homme d'Etat de grande envergure, qui a prouvé, et qui a été le premier à accepter la Règle du jeu démocratique et de l'alternance au pouvoir, il fait l'objet d'appels au meurtre sans interruption dont certains exhibés sur des pancartes en présence même de membres du gouvernement à la Kasbah, ce qui constitue au regard du droit pénal un véritable commencement d'exécution de crime punissable par ce même droit pénal !
Et après tout cela un membre influent de la Nahdha vient au dialogue « télé-guidé » de la Nationale 1, de nous assommer par des affirmations et déclarations qui nous prennent tout simplement pour des tarés, et qui jure que ce mouvement est « pour l'accélération de la rédaction de la Constitution »... « l'accélération de la désignation d'une commission indépendante pour les élections et l'autre pour les médias »... alors qu'on a tout fait pour désintégrer ces mêmes commissions qui fonctionnaient parfaitement avant l'arrivée au pouvoir de son parti.
Au fait, qui a soulevé « l'Islamité de l'Etat » et la « Chariaâ » à la Constitution, pour enfoncer des portes déjà ouvertes depuis 1959, pour faire perdre à l'Assemblée et au pays, des mois et des mois précieux, pour finalement faire du sur-place ! Qui soulève aujourd'hui, la pénalisation de l'atteinte au sacré et la constitutionnalisation du « Conseil Supérieur Islamique » ! Qui, enfin, bloque l'adoption des normes universelles en matière de libertés publiques, séparation des pouvoirs, indépendance de la justice et neutralité de l'administration !
La réponse ne mérite même d'être notifiée, car tout simplement, et je les comprends, la démocratie aux normes universelles c'est pas leur projet... et ils n'en veulent pas !