Une trouvaille bien tunisienne fait que le débat politique – par essence contradictoire – se transforme en insultes et souvent en menaces à peine voilées proférées par les uns envers les autres. La liberté d'expression ou d'opinion nouvellement conquise par les Tunisiens est jusque-là boiteuse de par le mauvais usage dont on fait du moins au niveau du jargon auquel on a recours pour débattre des problèmes qui touchent à l'intérêt du pays. L'arrogance est le bien le mieux partagé des hommes politiques post 14 janvier 2011. Mis à part une minorité, la plupart d'entre-eux croient détenir la vérité absolue, frôlant souvent le ridicule. Leurs fanfaronnades sur les plateaux de télévision font vraiment pitié avec cette platitude affligeante aussi bien du langage que les « idées » qu'on veut passer. La mode des débats s'est bien installe depuis deux ans. D'illustres inconnus sont invités. S'ils prennent la parole c'est pour se lancer dans des diatribes et des harangues de piètres niveaux. La bienséance et l'humilité, deux qualités inséparables dans les échanges d'idées et des confrontations d'arguments font cruellement défaut au point que l'on ait l'impression d'assister à un combat où les coups bas sont légion. Croyant tout se permettre, il arrive qu'un participant après avoir puisé dans le lexique de la médiocrité verbale devienne hystérique proférant injures et menaces. Le cas de l'un d'entre eux qui, lors d'une mission s'est déchaîné tel un forcené sur une participante la traitant de tous les noms. Ce même personnage s'est illustré lors d'une émission radio par l'usage d'un langage des plus obscènes. Et on continue à l'inviter sur les plateaux ! D'autres politiques au profil présentable, ne sont pas du reste en se trouvant face à la caméra. Leurs échanges de vues deviennent le plus souvent insultes et invectives, déviant des sujets à en débattre. Et quand on se trouve en panne d'arguments, on se livre sciemment à la provocation de la partie d'en face dans un langage nauséabond qui nous donne une vraie image sur le niveau de bassesse atteint par ces soi-disant hommes politiques qui tombaient vraiment de la dernière pluie et dont l'hypocrisie est leur dénominateur commun. D'aucuns s'interrogeraient sur l'utilité de tels débats d'une part et sur les desseins réels de cette génération de politiques ? A l'évidence rares sont les émissions desquelles on peut tirer un véritable intérêt. Quant aux mobiles de ceux qui sont au pouvoir ou ceux qui lorgnent de ce côté-là et qui défilent à longueur de journées sur les écrans de télévision à l'exception de quelques-uns bien sûr – ils sont connus. De mobiles où l'intérêt personnel est prédominant d'une part et où l'esprit partisan plus que voyant et qui prime sur l'intérêt général du pays. Avec des hommes de cette trempe le pays ne pourra que s'engouffrer davantage dans les problèmes, d'où cette animosité de plus en plus manifeste qui caractérise les rapports entre ces mêmes acteurs et les citoyens entre-eux. Cela commence par le langage bas pour finir dans la rue avec les scènes dont on nous gratifie avec cette violence qui peut aller jusqu'à la légitimation de l'élimination physique pour se débarrasser de l'adversaire politique qu'on juge dangereux.