La susceptibilité de quelques ministres appartenant à Ennhdha s'affirme de jour en jour, ils deviennent, manifestement, colériques. C'est, sans doute, l'effet du pouvoir, il gonfle les têtes qui, avec cette chaleur climatique et sociale, risquent de se dilater et de prendre des dimensions encore plus importantes. A chaque fois qu'on les invite à l'ANC, sur les plateaux ou ailleurs, ils s'approprient le temps, l'endroit, les thèmes, tout, ils se comportent comme s'ils étaient au dessus de tous et de tout. Ils interrompent les invités et même les journalistes, les seuls responsables des débats qu'ils dirigent dans la direction qu'ils veulent et en changent ainsi les sujets autant de fois qu'ils le jugent opportun faisant l'éloge de leur propre gouvernement et traitant leurs ennemis de l'opposition de tous les noms.
Les maîtres de la maison
Monsieur Laârayedh, convoqué par l'ANC pour une séance d'écoute à propos des événements tragiques de l'ambassade des EU, a esquivé la plupart des questions des députés, insulté l'un d'entre eux et transformé cette audience portant sur des questions sécuritaires en un discours de propagande politique. La présidente de la séance, trop complaisante, suivait avec admiration les prouesses de son partisan et n'est intervenu pour lui couper l'élan que lorsque des députés de l'opposition se sont mis à protester. Monsieur Bhiri n'a pas dérogé à cette règle, lui également a saisi l'occasion que lui a offerte « Alwatanya 2 », le même jour, pour répondre aux accusations portées à son endroit par l'Association des Magistrats Tunisiens ainsi que par l'Observatoire de l'Indépendance de la Justice à propos du mouvement de mutation des juges. Il ne s'est pas contenté d'y répondre, à sa manière bien sûr, mais a dépassé le cadre de ses prérogatives et s'est lancé contre les détracteurs du gouvernement de « Ennahdha » dans les domaines politique et sécuritaire ; et il n'a rendu l'antenne que quand il a terminé son discours, faisant fi des appels réitérés de la journaliste le sollicitant d'arrêter.
Des ministres polyvalents
Les ministres de « Ennahdha » veulent tout confisquer, le temps, la parole, l'ordre du jour des émissions et des séances qu'ils meublent à leur manière, comme ils font, d'ailleurs, avec l'agenda politique national, ce qui veut dire que la spécialisation n'est que formelle, ils interviennent, indistinctement, dans tous les domaines, ceux relevant de leurs fonctions et aussi les autres. La meilleure illustration de cette absence de cloisonnements et cette extension de prérogatives nous est offerte par le ministre de la santé publique invité, Jeudi dernier, sur le plateau de « Hannibal » pour débattre de la question sécuritaire !!! Certains parmi ces nous rappellent ceux de Ben Ali dont l'affectation aux différents ministères n'était qu'une pure formalité, ce qui leur permettait de permuter indéfiniment. Le comportement hégémonique des responsables de « Ennahdha » trahit une mentalité d'exclusion, l'ennemie jurée de la démocratie. Cela nous éclaire sur la vraie intention qui se cache derrière leurs attaques perpétrées et répétées contre la presse qu'ils ne cessent d'accuser de partialité.
Les manigances des coïncidences
Ils sont intransigeants même avec les coïncidences qu'ils veulent adapter en leur faveur, comme l'a laissé entendre monsieur Saïd Khzami, le rédacteur en chef de l'information à « Alwatanya 1», en réponse à son accusation de connivence avec l'opposition pour avoir passé en direct, dans les infos de 20 h, une séquence des débats de l'ANC où intervenait, par simple coïncidence, un député qui n'était pas des leurs !!! Décidément, tout complote contre « Ennahdha », même le hasard. N'ont-ils pas raison de n'épargner rien ni personne, d'anticiper les choses et de ne rien laisser au hasard ?