Depuis presque cinq mois, j'ai décidé de ne plus regarder la télé. Toutes les chaînes sans exception. Celles de mon pays en sont la cause. Et croyez-moi, j'ai beaucoup gagné de cette décision en me rebattant sur les livres bien que leurs prix sont excessifs. Mais, je les préfère à ces manèges quotidiens que nous offrent nos chaînes avec des invités qui disent la chose et son contraire et se posent en maîtres penseurs de la chose politique. Que de « débats » stériles et de parlotes vides de substance sur fond de cacophonie frisant souvent la pitrerie, chacun veut se faire connaître et faisant étalage de ses soi-disant connaissances, en matière de politique de démocratie de liberté des droits de l'Homme etc… Mais que retient-on à la fin? Absolument rien, parce que ces « tribuns » n'ont, en définitif, pas grand-chose à proposer. Les échos qui me parvenaient de ça et de là n'ont pas confirmé la justesse de mon choix. Mais la gravité de situation de ces derniers jours avec les actes de violence et de vandalisme qu'ont vécues plusieurs de nos villes et cités m'ont poussé à voir ce qui se passe à travers ce que nous retransmettent nos chaînes. Mardi soir, en zappant vers Nesma TV. Heureux zapping, puisque je suis tombé sur une émission, dont l'invité était le professeur Yadh Ben Achour auquel je voue un grand respect depuis les années soixante-dix du temps où j'étais étudiant à l'I.P.S.I. J'étais heureux de constater que l'Homme est resté égal à lui-même, incisif et ferme sur les principes, mais conciliant aussi quand il y va de l'intérêt du pays. Deux qualités rares de nos jours, ou rien ne se fait sans ces petits calculs de l'épicier du coin. Franc-parler et crédibilité M.Yadh Ben Achour n'a pas esquivé la moindre question, au contraire, il a anticipé sur toutes celles qu'on allait lui poser. Sa grande présence d'esprit et sa maîtrise du dossier de l'Instance qu'il préside et les remous qui la secouent lui ont permis d'aller au fond des problèmes sans rien escamoter. Les présents au plateau – et pour une fois étaient bien sages et attentionnés. A vrai dire, il n'y a pas eu de débat ou d'entretien à proprement parler.. On a assisté à un cours magistral d'un niveau jamais vérifié dans nos médias écrits ou audiovisuel. Sans consulter de documents, M. Yadh Ben Achour a exposé avec clarté et arguments à l'appui la mission dont il a été investie lui et ses « amis » de l'Instance, le rôle de cette dernière qui agit dans la stricte légalité définie dans le décret portant sa création. Aux reproches, qu'on lui faisait il a donné sa version des faits prenant comme témoins les membres de l'Instance. Et on ne peut que le croire car l'homme était sincère. Sa crédibilité ne peut faire l'ombre d'un doute d'autant qu'il n'avait pas hésité avec son franc-parler coutumier à désigner ceux qui ont fait preuve d'irresponsabilité en déformant la réalité créant du coup un climat de suspicion et malsain autour du travail de l'Instance, usant d'un langage simple accessible à tout le monde étayé par des proverbes de chez nous, M. Yadh Ben Achour a été tout simplement convaincant tout au long de l'entretien qu'il a accordé à Nesma TV. Une telle personnalité, la Tunisie en a vraiment besoin, car en dépit de tout ce qu'on dit et colporte, M. Yadh Ben Achour qui n'a de souci que de servir le pays, lui qui n'a aucune ambition –pourtant il est souhaitable qu'il en ait – est le mieux indiqué pour la tâche dont il est investi. C'est l'homme de consensus, de l'ouverture, mais aussi des grands principes sur lesquels il ne transige pas. Et c'est ce qu'il faut par ces temps où l'opportunisme et l'esprit partisan, l'emportent sur l'impératif de sauver le pays dans une conjoncture nationale et régionale qui exigent un surcroît de vigilance et de sens de responsabilité. En tout cas Yadh Ben Achour vient de donner l'exemple. Espérons que cela fera des émules parmi nos politiques que l'Histoire ne manquera pas de les juger pour ce qu'ils ont fait pour leur pays. Le peuple a fait son devoir, reste à l'intelligentsia d'accomplir le sien.