Les prix des viandes et des poissons, en Tunisie, ont grimpé à des niveaux très élevés, menaçant de rendre, bientôt, la consommation des viandes et des poissons un luxe réservé à la minorité des riches et d'exposer une grande majorité des Tunisiens à la malnutrition et ses conséquences connues sur la santé physique et mentale, pour carences de protéines animales. Ce cri d'alarme a été poussé, non pas par des spécialistes, mais par des citoyens rencontrés dans un marché du Grand Tunis. A titre d'appui, une ménagère a passé en revue la liste des prix des viandes et poissons qu'elle avait appris par cœur à force de courir quotidiennement les étals à la recherche des articles les moins chers. Mais, chose absurde, c'est le haut du poulet ou cou du poulet qui était autrefois jeté et qui est, aujourd'hui, conservé et vendu, au prix fort, à près de 3 dinars le kilo, contre 5 dinars 500 et 5 dinars 200 le kg pour le poulet entier prêt à la consommation, mais un poulet entier pèse lourd et coûte donc cher, alors que la ménagère désire juste une petite portion de viande pour améliorer le goût de la préparation, à la mesure de sa bourse. Les belles tranches de poulet, vendues au poids, sont plus chères que le poulet entier prêt à la consommation, à l'instar des cuisses et du blanc de poulet dont le kg atteint jusqu'à 8 dinars, car les prix varient légèrement selon les producteurs, les revendeurs et aussi l'endroit. La viande de dinde est beaucoup plus chère. L'escalope de dinde est passée à près de 10 dinars le kg. Or, la viande blanche de poulet et de dinde est devenue, en Tunisie, ces dernières années, la principale source de protéines animales nécessaires à une alimentation humaine équilibrée. Une galopade à la hausse de leurs prix priverait la majorité des Tunisiens de viandes et de protéines animales. Risques généralisés Il y avait longtemps, les viandes rouges ovines et bovines étaient la principale source de protéines animales des Tunisiens, mais, aujourd'hui, les viandes rouges sont devenues véritablement un luxe, au même titre que les poissons, à cause de la flambée de leurs prix. L'Organisation de défense des consommateurs a organisé, il y a quelque temps, une campagne de boycottage des viandes rouges, mais l'initiative n'a pas eu l'impact ambitionné. La situation n'a guère changé de sorte que le kilogramme de viande de bœuf atteint jusqu'à 20 dinars le kg, et varie en général entre 15 dinars et 20 dinars le kg, alors que la viande de mouton varie entre 17 et 21 dinars le kg. Quant aux poissons, ils sont devenus inabordables pour toutes les bourses moyennes. Pourtant il existe une catégorie de tunisiens, assez nombreuse, qui ne mange pas la viande de poulet et de dinde. Plusieurs tunisiens ne mangent pas la viande de poulet et de dinde sous prétexte que les hormones sont utilisées dans l'engraissement des petits au sein des grandes stations avicoles, ce que nient catégoriquement les producteurs. D'autres tunisiens ne mangent pas la viande de poulet et de dinde pour des raisons religieuses sous prétexte que les poulets et les dindes prêts à la consommation fournis par les stations avicoles ne sont pas abattus conformément aux règles dictées par la religion. Les difficultés d'accès à la viande et aux protéines animales sont aggravées par les difficultés d'accès aux fruits de toutes sortes dont les prix ont augmenté, également, de façon excessive. Les prix des légumes suivent aussi une courbe ascendante.