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«La violence n'est pas une idéologie chez les islamistes, par contre la violence révolutionnaire est propre à la gauche»
La violence politique vue par un Islamiste
Publié dans Le Temps le 07 - 03 - 2013

«La gauche tunisienne est pour beaucoup dans la dénaturalisation de l'identité tunisienne au nom de la défense des droits de l'homme»
La violence politique, le sujet a été débattu à souhait, voire rabâché. Cette fois on a posé la question à un «Islamiste», Cheikh Sémir Blidi qui était membre de ‘'l'Ittijah Al Islami'' (mouvement de la tendance islamique) devenu aujourd'hui Ennahdha, qui nous donne sa propre version des faits.
Cheikh Sémir ayant connu les affres de la prison du temps de l'ancien régime, est professeur d'arabe et actuellement, il prépare des recherches sur l'islamophobie.
Le Temps : Nous nous sommes rencontrés à la manif organisée par Ennahdha, la dernière en date. Vous étiez accompagné d'un groupe de manifestants et vous étiez en train de parler de la gauche tunisienne en mettant à scandale plusieurs personnalités dont Hamma Hamammi. Qu'est-ce que vous reprochez à la gauche tunisienne, radicale, bien entendu ? ?
Sémir Blidi : Des partisans de l'extrême gauche qui aujourd'hui se disent démocrates étaient des indicateurs du ministère de l'Intérieur. Ils ont tout fait pour détruire les islamistes, car leur idéologie était hostile à tout ce qui est en rapport avec l'Islam. Mais il ne faut pas avoir la mémoire courte, il faut rappeler les évènements du 30 mars 1982 lorsque des étudiants de l'extrême gauche ont agressé des étudiants islamistes et ont profané le Coran à la faculté.
La gauche tunisienne est pour beaucoup dans la dénaturalisation de l'identité tunisienne au nom de la défense des droits de l'Homme. Je m'explique. Dans les années 89-90 avec l'effondrement du système communiste les anciens marxistes ont pris pour alibi la défense des droits de l'Homme et des valeurs de la modernité pour détruire le mouvement islamiste. On peut trouver dans le camp des hauts responsables du régime déchu d'anciens étudiants de la gauche à l'exemple de Mohamed Charfi, Moncer Rouissi, Sémir Laabidi, Ahmed Smaoui, Borhane Bssaiess, le juge Mehrez Hammami et j'en passe. La gauche tunisienne a instrumentalisé les islamistes en matière des droits de l'Homme pour amasser de l'argent provenant des associations et des ONG militants pour les droits de l'Homme.
La laïcité radicale telle que prônée par l'ancien colonisateur, la France, a fini par influencer toute la génération de l'après indépendance à nos jours. Un Tunisien vous dira qu'il est musulman mais malheureusement on ne retient de l'Islam que le nom. L'Islam commence du simple sourire qu'on adresse à quelqu'un, considéré dans notre religion comme une aumône, et finit par l'économie propre puisque notre religion nous exhorte à la protection de l'environnement. L'Islam c'est aussi le respect de l'Homme et incarne tout un système de justice sociale qu'on n'a pas jusque-là mis en pratique dans nos sociétés toujours sous le joug du capitalisme sans foi ni loi. Sans pour autant en faire l'exposé, j'invite les Tunisiens à faire une lecture considérée de leur religion en allant consulter les références en la matière et non pas se contenter de ce que nous rapporte une gauche qui considère l'Occident comme modèle. Alors que celui-ci vit aujourd'hui une crise morale sans précédent et un effritement des valeurs.
Malheureusement l'élite intellectuelle tunisienne qui était au devant de la scène était une élite de gauche qui a agi en faveur de la politique laïcisante de Bourguiba et puis de Ben Ali. A telle enseigne que tout ce qui est en rapport avec l'Islam est devenu synonyme de régression et d'obscurantisme. Le voile a longtemps été considéré par cette élite comme symbole de la soumission de la femme musulmane. Mais c'est complètement aberrant. Je crois qu'aujourd'hui il est temps que l'élite musulmane reprenne la place qui lui échoit. Les Tunisiens ont longtemps été manipulés par une élite radicale de gauche qui au nom de la démocratie a tué les libertés et a mis en quarantaine des femmes et des hommes ayant choisi d'être conservateurs. Ils renient les valeurs auxquelles ils appellent en commençant par l'acceptation de l'Autre.
Que dites-vous de l'affaire Bab Souika et de la violence des islamistes qui ont agressé à l'acide chlorhydrique des citoyens en 1987 ?
On n'arrive pas jusque-là à faire la lumière sur des questions passées tel que l'assassinat de Jamel Abdennasser. On accuse les frères musulmans de l'avoir commandité. A mon sens, l'agression à l'acide chlorhydrique revient à un règlement de compte et non pas à une question idéologique. Je vous donne l'exemple de Abderrazak Mezgarichou , recherché par les services de la sûreté d'Etat et qui agresse à l'acide chlorhydrique un prédicateur Ibrahim Werghi, l'un des sbires du gouvernement de l'époque, pour sauver son honneur. Le cheikh ayant manqué de respect à sa femme en son absence. En 2011 tous ceux qui ont saccagé les bureaux du RCD ont été pris pour des révolutionnaires et des patriotes, alors que les islamistes qui se sont insurgés contre la dictature étaient considérés terroristes. Pourquoi donc ces deux poids deux mesures. Le parti Ennahdha ou ‘'Al Ittijah Al Islami'' bien avant n'a jamais adopté la violence dans son idéologie en ce sens où il n'a jamais rendu public des communiqués qui y appellent. Par contre les partisans de la théorie marxiste stalinienne ne peuvent en aucun cas se départir de la violence pour laquelle appellent leurs leaders. La violence n'est pas une idéologie chez les islamistes alors que la violence révolutionnaire est propre à la gauche radicale.
Et vous n'avez rien à reprocher à Ennahdha ?
Si, j'en ai. J'espère que le parti Ennahdha coupe court avec la théorie du ‘'Cheikh et du disciple'' pour renouer ainsi avec la valorisation de la compétence.
‘'Al Ittijah Al Islami'' n'est pas Ennahdha. A ses débuts, dans les années 70, ‘'Al Ittijah Al Islami'' était une mouvance de ‘'Dawha et Tabligh'' (prédication), dit ‘'Al Jamaa Al Islamia''. Ce n'est qu'après la Révolution iranienne de Khomeini en 1979 que ce mouvement a pris une dimension politique et a commencé à se structurer. ‘'Le mouvement de la tendance islamique'' (Al Ittijah Al Islami) était le nom donné à ce mouvement le 6 juin 1981. C'était au bureau d'Abdelfattah Mourou. L'Etat a procédé à une série d'arrestations pour mettre de la pression sur ce mouvement. Rached Ghannouchi, Abdelfattah Mourou et Salah Karkar faisaient partie des personnes arrêtées. A l'époque, l'Etat tunisien sous Bourguiba a pris des mesures tendant à la laïcisation de la société, chose qui a commencé par la fermeture de l'école Zeitouna. La série des arrestations dont étaient victimes les islamistes, a traduit le refus total du gouvernement de l'époque de toute proposition qui va à l'encontre de la politique de dénaturalisation du message de l'Islam, qui sévissait. Moi-même, j'ai été incarcéré en mars 1987. La manifestation du 23 avril 1987 était la réponse à cette politique répressive. Quelques 30 000 personnes étaient dans la rue pour y protester. Elle était suivie par une autre en juillet 1987. Le groupe sécuritaire ayant conduit le coup d'Etat du 8 novembre 1987, a été arrêté. Ben Ali a mis en liberté bon nombre d'islamistes mais a gardé en prison des leaders de la tendance islamique et le groupe sécuritaire'' du MIT. Ghannouchi qui a négocié avec Ben Ali pendant ces temps-là, avait pour principal but de libérer les prisonniers. Et c'est dans ce sens qu'il a déclaré avoir « confiance en Allah et en Ben Ali ».


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