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Lettre ouverte aux journalistes et médias
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 11 - 2012


Par Taha BELKHODJA*
Chers compatriotes, je salue votre militantisme pour la concrétisation des objectifs de la révolution. La traversée du désert s'achève et le plus important c'est que la liberté d'expression est irréversible et qu'on le veuille ou pas, l'information est le quatrième pouvoir incontournable dans une démocratie. Mes chers compatriotes, vous avez la lourde tâche aujourd'hui de lever le défi d'une communication objective et transparente qui a fait souvent défaut après la révolution. Il existe un problème fondamental grave qui est en train de partager les Tunisiens: les appartenances communautaire, ethnique et religieuse pour une sorte d'affirmation de l'identité. Ce malaise culturel a généré la violence et le repli régressif communautaire.
Il est triste de constater que les Nahdhaouis, censés craindre Dieu, après avoir profité d'une révolution sur un plateau d'argent, à laquelle ils n'ont jamais participé, se trouvent malheureusement aujourd'hui en train d'imposer leur programme religieux dogmatique en partageant la société civile entre croyants et incroyants.
Le parti Ennahdha ne cesse d'exploiter l'inculture de la moitié des Tunisiens, qui ne dépassent pas le niveau primaire, en se faisant passer pour des musulmans par excellence. Cheikh Rached Ghannouchi s'est permis de classer les Tunisiens en «islamistes» et «ilménïnes» : insinuant incroyants, sachant que 60 ou 70% des Tunisiens ne font pas la différence entre musulman et islamiste tout comme entre ilménia et laïcité qui n'est rien d'autre que la séparation de la religion de la politique. Messieurs, vous avez un rôle plus qu'important à jouer pour éclairer les électeurs tunisiens, car l'avenir de la Tunisie est entre vos mains.
On se rappelle tous lors de l'interview de M. Jebali accordée aux journalistes de TV5 Monde, le 24 juin 2012, en réponse à la question du journaliste (à la 18e minute) : est-ce que le parti Ennahdha est un parti musulman ou un parti islamiste ? M. Jebali s'est exprimé en évitant l'un et l'autre, et il a plutôt insinué un parti musulman radical, quand il a dit: «c'est un parti d'inspiration islamique avec des valeurs très profondes». En effet, radical dans Le Petit Larousse, c'est ce qui concerne la nature profonde de quelqu'un ou quelque chose. Cette expression composée d'Islam et extrémiste, relativement récente qui n'existe pas d'ailleurs dans le dictionnaire, a été inventée par certains lobbies néo-conservateurs pour stigmatiser les musulmans. Cet amalgame a en effet accentué l'islamophobie en Occident. C'est pour cela que M. Jebali a évité de s'attribuer l'étiquette d'un parti islamiste par crainte des journalistes étrangers. A l'opposé en Tunisie, l'expression islamiste est comprise comme une appartenance musulmane, ce qui profite bien au parti Ennahdha en le traitant d'islamiste. Il faut appeler un chat un chat, le parti Ennahdha est un parti radical et il faut l'appeler en tant que tel en toute objectivité, comme l'a si bien expliqué M. Jebali dans son interview.
Campagne médiatique objective et transparente
Le sentiment religieux est très important dans la vie sociétale mais au sens de la foi et de la croyance en Dieu. D'après le discours tenu par Ennahdha, les Tunisiens, incultes en majorité, se classent en deux catégories soit des islamistes, donc des musulmans, soit à l'opposé des ilménïne, donc des «koffars», ce qui est inadmissible. Pour remettre les pendules à l'heure, il n'y a pas 36.000 solutions, il faut une bonne campagne médiatique explicative, objective et transparente.
Messieurs, le Tunisien n'est pas athée, il n'est pas séparé de Dieu, sa croyance fonde ses valeurs et son identité. Il serait plus sage de tenir un nouveau discours, et ne plus remettre en doute la croyance des Tunisiens. C'est clair, presque tous les Tunisiens sont musulmans, ceci est indéniable. Désormais, il faut parler plutôt de parti modéré, radical ou fondamentaliste donc ne plus parler de salafistes non plus, puisqu'ils sont des citoyens tunisiens et pas nécessairement des extrémistes comme beaucoup le croient.
Les Nahdhaouis doivent reconsidérer leur position et cesser de jouer sur les mots ilméni et islami. Personne n'est sans savoir ce que Cheikh Rached Ghannouchi a dit pour confirmer cette idéologie : les ennemis de l'Islam sont prêts à détruire le pays dans le but de faire déchoir Ennahdha du pouvoir, et aussi, les ennemis de l'Islam veulent la chute d'Ennahdha, ou encore, ceux qui ne votent pas Ennahdha ne sont pas des musulmans. Et même le ministre des Affaires religieuses ne s'en prive pas quand il a dit : brûler les bureaux du mouvement Ennahdha c'est comme si on brûlait un «massjid». C'est n'importe quoi, ils prennent les Tunisiens pour des dupes !
Il est vraiment triste que des célébrités religieuses fassent de pareilles manipulations frauduleuses volontaires, mûrement réfléchies destinées à tromper l'opinion publique tunisienne. Ceci s'appelle un dol spécial aggravé en droit pénal français, et il est sévèrement puni.
Soyons sérieux Messieurs, «khafou rabbi, rahou Hram alikom, inna el fitna achaddou minel katl». Vous savez plus que quiconque ce qu'a dit feu Cheikh El Chaâraoui, une référence islamique : «el hizeb eddini laysa min rakeiz el Islèm wala youdhérou islaami chaï on», comme il a dit aussi : «atamanna én yéssil eddine ila ahl essiyassa, walé yéssilou ahl eddine ila essiyassa», il avait totalement raison chaque chose a son monde, la politique et la religion n'ont jamais fait bon ménage à travers tous les temps.
Qui sème le vent...
Certes, cheikh Ghannouchi a sous-estimé les conséquences et méfaits de ses allégations, parce que le résultat est malheureusement là, ils ont transformé la révolution économique en une révolution religieuse. On se rappelle tous l'imam extrémiste, l'autre jour, en duplex sur le plateau de Attounssia TV, qui disant qu'il est prêt à combattre les koffars jusqu'à la mort ! Hélas, qui sème le vent récolte la tempête, il faut faire attention Messieurs, une stratégie politico-religieuse irresponsable risque de mener le pays dans un conflit interconfessionnel, une véritable guerre entre musulmans modérés (la majorité des Tunisiens) et musulmans extrémistes, dont les conséquences peuvent être fatales : une guerre civile. Il faut absolument éviter les discours démesurés parce que cela stimule les uns et révolte les autres. Il y a eu des morts ces derniers jours et ceci est très regrettable, qu'ils soient partisans de Nida Tounès, salafistes ou autres, toute âme tunisienne nous est très chère, que Dieu leur accorde Son infinie Miséricorde. Messieurs les politiques radicaux et fondamentalistes essayez d'apaiser les esprits, l'une des recommandations fondamentales du Saint Coran, c'est la paix : Essilm, dérivée de l'Islam, notre sacrée religion divine, si vous ne voulez pas une 2e révolution plutôt sanglante cette fois-ci.
Faire une campagne pour un programme donné, aller jusqu'à mentir, ceci est monnaie courante en politique, mais remettre en cause l'identité de tout un peuple et remodeler son mode de vie, ceci est un crime que ni nos ancêtres, ni les générations futures ne nous pardonneront. Ce comportement ne peut que générer une dictature théocratique qui va faire le deuil de la liberté d'expression, l'unique acquis post-révolution, tant espérée par les Tunisiens. Il faut que tous les médias écrits ou audiovisuels mobilisent tous leurs efforts pour bien éclairer les Tunisiens par tous les moyens et arrêter cette hémorragie dangereuse, ce qui va certainement changer la donne, the game is over !
Comme l'a dit le Pr Iyadh Ben Achour : «Les Tunisiens ont vécu la religion comme un élément de libération, de cohésion sociale et de spiritualité. Ils la vivent aujourd'hui comme un cancer qui dévore le corps social tout entier et qui risque de le jeter dans le sous-développement et la régression généralisée», et j'ajouterais, hélas pour des décennies.
Comme en cette période cruciale où nous devons défendre nos intérêts citoyens, il serait nécessaire que la Tunisie mène auprès des médias, aussi bien locaux qu'étrangers et surtout maghrébins, une campagne anti-usage des expressions : Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et islamiste, cette appellation paraissant insignifiante, nuit considérablement à l'image de la Tunisie à l'étranger d'un côté et soutient involontairement les mouvements radicaux tunisiens d'un autre côté.
En effet, dire : Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), littéralement, c'est Al-Qaïda en Afrique du Nord qui a un rapport avec l'Islam. Cela étant, puisque la Tunisie fait partie du Maghreb, nous sommes présumés être des musulmans terroristes pour beaucoup d'Occidentaux, ce qui est inacceptable, il faut réagir. Cette appellation a un impact direct sur le tourisme, à part les effets négatifs à terme... alors qu'il s'agit de Al-Qaïda au Sahel islamique, en Afrique subsaharienne au Mali etc., dont la Tunisie ne fait pas partie. On a tous vu l'impact de l'émission noire de Canal+ l'autre jour sur les camps d'entraînement en Tunisie et son impact immédiat.
Rompre le silence
Le fanatisme et l'intégrisme sont des états d'esprit, on les trouve dans tous les milieux politique, religieux, laïque et libre penseur, le catholicisme a ses intégristes et les juifs n'y échappent pas non plus.
Il est de notre devoir, en tant que Tunisiens musulmans modérés et avertis, à l'ère de la justice et de la liberté, de nous mobiliser pour rompre le silence. La Tunisie, autant que les autres pays de l'Afrique du Nord, est touchée dans sa dignité et ses droits et cela nuit à son image de marque et à ses intérêts et il est de son devoir de s'en défendre bec et ongles. A cette occasion, j'appelle solennellement tous les journalistes, médias et même les membres du gouvernement de ne pas parler de Al-Qaïda chez nous, s'il n'y a pas eu de revendication, parce que c'est comme si on se mettait «le doigt dans l'œil» quant à la relance de notre économie et surtout le tourisme.
L'ancien président indonésien Wahid Abdurrahmam a écrit :
«Ce sont les musulmans eux-mêmes qui peuvent et doivent propager la connaissance de l'Islam véritable et de là, discréditer toute idéologie extrémiste. Pour accomplir cette tâche, il faut l'adhésion et le soutien d'individus, d'organisations et de gouvernements à travers le monde. Nous devons illuminer les cœurs et les esprits des hommes et offrir une vision différente de l'Islam, comme religion d'amour divin et de tolérance qui renvoie l'idéologie de la haine vers l'obscurité d'où elle vient».
Sachant qu'une bonne majorité des Tunisiens (70 ou 80%) ne maîtrise pas bien l'arabe littéraire, je ne terminerai pas cet article sans vous demander, chers compatriotes, de tenir les débats télévisés en dialectal, l'arabe littéraire n'est pas notre langue courante et cela risque d'exclure malheureusement un bon nombre de Tunisiens. Le dialecte tunisien est aussi l'arabe, et c'est le meilleur moyen du politique pour bien communiquer. Le leader, feu Habib Bourguiba, s'est toujours adressé à la population en dialectal et il a réussi ses communications en touchant réellement la masse.
Comme je saisis cette occasion pour insister qu'il faut absolument enrichir les débats télévisés en invitant davantage de compétences indépendantes : politologues, sociologues, économistes, religieux modérés, doyens des régions (telles que Sidi Bouzid, Gafsa....) et pourquoi pas d'anciens employés devenus chômeurs après la révolution. Il faut changer de discours et sortir des débats stériles et des querelles entre opposants.
Il faut profiter aussi pour éclairer le grand public sur les droits au logement, au travail ou à la santé qui n'ont rien à voir avec le droit à l'enseignement gratuit.
Comme pour bien informer les Tunisiens, il est nécessaire de mentionner l'appartenance partisane des constituants. Ça n'a pas de sens d'inscrire sèchement «membre de l'ANC», cela est évident, sachant que la méconnaissance des partis était le problème n°1 des élections du 23 octobre 2011, on le faisait bien avant pour les députés. Les constituants n'ont jamais oublié leur appartenance partisane, lors des débats, donc leur identification serait plus qu'indiquée aux électeurs pour mieux les connaître.
Faire bien connaître les partis aux électeurs, c'est bien réussir les prochaines élections et donc garantir l'avenir de notre chère patrie : la Tunisie.
* (Ingénieur – Expert)


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