Des sources officielles ont écarté l'éventualité de revenir sur les dernières majorations des prix des carburants tant que leurs causes restent en vigueur, savoir la hausse des cours mondiaux du pétrole brut au niveau de 110 dollars le baril et plus. Intervenant lors du point de presse périodique tenu, vendredi 8 mars, au palais du gouvernement à la Kasbah, en qualité de président de la commission nationale de maitrise des prix, Mr Ridha Saidi, qui était ministre chargé des affaires économiques et sociales dans le précédent gouvernement démissionnaire, a indiqué que ces augmentations avaient été décidées dans le cadre du budget général de l'Etat pour 2013, fixé à raison d'un prix de référence du baril du pétrole brut, au marché mondial, dans les limites de 110 dollars, alors que son prix dépasse, en ce moment, cette limite. Il a indiqué qu'une augmentation du prix mondial du baril de pétrole de 1 dollar au-delà de cette limite de 110 dollars se traduit, en Tunisie, par une augmentation de 32 millions dinars dans l'enveloppe réservée à la subvention des prix des produits de consommation de base et des carburants dans le cadre du budget de l'Etat. Cette enveloppe a atteint près de 6000 millions dinars, soit plus que le volume des dépenses consacrées aux projets de développement. Cette majoration des prix des carburants va avoir des répercussions à la hausse sur le coût de production et des services. Des contacts se poursuivent avec l'Organisation patronale, UTICA, pour étudier l'ampleur de ces répercussions, qui pourraient entrainer des hausses sur les prix de vente au public des produits industriels, agricoles et des services, de sorte que c'est le consommateur qui paie toujours la facture, en définitive. Priorité gouvernementale Mr Saidi a déclaré que la question de la hausse des prix à la consommation et de la préservation du pouvoir d'achat du citoyen figurera au centre des priorités du nouveau gouvernement dirigé par Ali Laâraydh. L'objectif des autorités est de maitriser davantage l'inflation en limitant le taux d'inflation aux alentours de 4 à 5%, au maximum, alors que ce taux s'est monté à 6% en janvier 2013 et sa moyenne au cours de l'année 2012 a été 5,6%. Mais la question est de savoir quelle sera la position du gouvernement au cas où les cours du pétrole au marché mondial connaitront une baisse au dessous de 110 dollars le baril. Le règlement exige un ajustement à la baisse des prix de vente des carburants au public, et ceci était arrivé, il y a près de trois ans. Le gouvernement avait annulé une hausse des prix de vente des carburants au public lorsque les prix du pétrole brut avaient baissé, dans le marché mondial, sous le prix de référence décidé, alors, dans le cadre du budget de l'Etat et c'était entre 80 et 90 dollars le baril. La rencontre a permis de passer en revue les résultats enregistrés par l'action de la commission nationale de maitrise des prix, depuis sa mise en place en avril 2012. Comparé à des pays de la région, le niveau de l'inflation en Tunisie n'est pas alarmant bien que la Tunisie traverse une situation exceptionnelle. En Turquie, pays stable et développé, le taux d'inflation dépasse 10%, alors qu'en Egypte qui traverse une situation comparable à celle de la Tunisie, le taux d'inflation frôle le niveau de 10%, contre 5,5% en Algérie. Dans ce cadre, il est envisagé de repenser le système de compensation et de subvention des prix afin qu'il profite à ceux qui le méritent, car, d'après Mr Saidi, le système des subventions ne profite qu'à hauteur de 20% aux économiquement faibles et à hauteur de 70% pour les riches. Il a oublié, toutefois, la classe moyenne qui représente près de 80% de la population tunisienne. Va-elle être sacrifiée, aussi, car la majoration des prix des carburants, notamment l'essence, a affecté, en particulier la classe moyenne, savoir les fonctionnaires et cadres d'entreprises qui possèdent des voitures légères acquises à coup de prêts pour se déplacer, malgré toutes les difficultés, face à la dégradation des moyens de transport public. Cependant, en dépit de l'action menée depuis près d'un an par la commission nationale de maitrise des prix, le niveau des prix à la consommation n'a pas cessé de grimper, en Tunisie. Des mesures administratives avaient été prises, par certains moments, pour fixer les prix mais elles n'ont pas été respectées, à l'instar des mesures prises pour fixer les prix des viandes de poulet et autres produits. La lutte de la contrebande à travers les frontières, qui figurait dans le programme de la commission a donné peu de résultats, car la contrebande de tous les produits sans exception, y compris les armes, l'or, et la monnaie fausse et réelle, continue de sévir à grande échelle, de l'aveu du directeur général de la douane présent à la rencontre. La commission va, néanmoins, poursuivre son action et a fixé quelques nouvelles orientations à la lumière de l'expérience passée.