L'initiative de congrès national contre la violence sera annoncée prochainement La position du Parti des Patriotes Démocrates Unifié, vis-à-vis de la formation du Gouvernement d'Ali Laârayedh, les dernières données relatives à l'assassinat du martyr de la liberté Chokri Belaïd et le programme prévu pour célébrer le quarantième jour de cet assassinat politique, ont été les principaux sujets évoqués lors de la conférence de presse tenue, hier, par la direction de ce parti. Mohamed Jemour, secrétaire général adjoint, précise que la rencontre de presse se tient dans des circonstances particulières marquées par l'assassinat depuis presqu'un mois de Chokri Belaïd. Il précise que « c'est un coup dur pour le parti sans toutefois servir les intérêts obscurs et odieux des assassins qui sont derrière, qui ont décidé, programmé et exécuté cet ignoble crime. C'est une grosse perte pour le parti, le pays et l'humanité parce qu'en effet, il était le porte-voix des pauvres, des artistes, des étudiants, des marginalisés et des femmes ». Ainsi, l'organisation du 40ème jour sera éminemment politique. « Il a été liquidé physiquement, mais ses idéaux, son programme, ses objectifs, ses rêves et ses valeurs seront toujours présents. Le combat se poursuivra avec la même détermination et unité. De nombreux citoyens ont exprimé leur désir d'adhérer au parti après l'assassinat de Chokri Belaïd, une source de fierté. Le bureau politique et le parti seront en mesure d'accueillir ces vagues de citoyens qui veulent y adhérer », dit-il. Concernant le Gouvernement d'Ali Laârayedh, Mohamed Jemour rappelle que le parti a déjà exprimé, le 26 février sa position. Il ajoute : « c'est un Gouvernement dirigé par Ali Laârayedh, un des plus grands symboles d'échec du gouvernement précédent. Il a échoué dans son entreprise à ramener et à instaurer la sécurité et la quiétude pour le pays et les citoyens. Ses positions visent à ce qu'Ennahdha mette la main sur les rouages du ministère de l'Intérieur, à travers les nominations. Son parti a mis la main sur l'instance sécuritaire. Il a autorisé la création de structures sécuritaires parallèles. Il a failli dans la protection des partis, des journalistes et des citoyens, le 9 avril dernier, de l'UGTT le 4 décembre, les mausolées...Il n'a pu endiguer et venir à bout des transactions d'armes qui circulent allègrement à travers les frontières de l'Algérie et de la Libye. Il a failli à ses devoirs et a été complice de ceux qui ont assassiné Chokri Belaïd. Le Bâtonnier avait adressé un écrit au ministère de l'Intérieur après avoir reçu un écrit de feu Chokri Belaïd l'informant qu'il était sujet à une filature suspecte. Le ministère de l'Intérieur avait démenti ces remarques et refusé de lui fournir une protection particulière. En plus Ali Laârayedh a reconnu lors de la conférence de presse qui a suivi sa désignation pour la formation du nouveau Gouvernement, que Chokri Belaïd était épié durant les cinq jours qui ont précédé son assassinat. Plusieurs éléments laissent penser à une complicité dans un crime politique, voire un crime d'Etat. Les déclarations des dirigeants d'Ennahdha, lors des évènements de Siliana, l'incrimination de la Gauche et plus précisément Chokri Belaïd et son parti ». Mohamed Jemour considère qu'avec le passif qu'il a Ali Laârayedh n'est pas l'homme indiqué pour diriger un Gouvernement de salut national. « Un autre symbole de l'échec, est Noureddine B'hiri. Il a permis à Ennahdha de tenir le ministère de la Justice à travers les nominations. Le responsable de l'équipement au ministère de la Justice appartient à la structure secrète du Mouvement de la Tendance Islamique », dit-il. Il affirme que le Gouvernement actuel n'est pas sorti de la logique des quotes-parts partisans, comme en témoignent des personnalités indépendantes comme Iyadh Ben Achour, Sadok Belaïd et d'autres... Il rappelle qu'Abdelkrim Zbidi, salué au passage pour sa clairvoyance, a préféré quitter que cautionner un Gouvernement qui ne soit pas un Gouvernement de salut national. Tout le monde s'accorde pour dire que seul un Gouvernement de salut national permettra de dépasser la crise, sauf la Troïka et les amis d'Ennahdha. « Le congrès de salut national doit se tenir dans le cadre de l'initiative de l'UGTT et non à l'Assemblée Nationale Constituante. Ce Gouvernement ne respecte que la volonté de Rached Ghannouchi. Le pays est gouverné à partir de Montplaisir au lieu de Carthage, la Kasbah ou le Palais du Bardo », déclare Mohamed Jemour. Concernant les ministres neutres, il émet des réserves. « Pour qu'il y ait neutralité, il faut réviser les nominations aux ministères de l'Intérieur à la Justice et dans d'autres départements. A propos de la violence, rien n'a été dit explicitement à propos des Ligues dites de protection de la Révolution. Quel est le ministre qui aura l'audace de prouver la complicité du ministère de l'Intérieur dans les évènements du 9 avril, du 4 décembre et de l'assassinat de Chokri Belaïd ? », s'interroge Mohamed Jemour. Il pense que le nouveau Gouvernement va reproduire la même politique de son prédécesseur de soumission aux ordres du FMI, de l'Union européenne, du G8... L'augmentation des prix des carburants entre dans cette logique. « Prochainement le capital étranger va pouvoir s'approprier les terres industrielles, touristiques et agricoles. Les dettes du pays y compris les dettes odieuses vont être remboursées », prévient-il. Le Parti des Patriotes Démocrates Unifié, avec le Front populaire, tient à l'organisation du Congrès national de salut et au congrès contre la violence. Zied Lakhdhar, membre du bureau politique, rappelle que Chokri Belaïd avait parlé du Gouvernement de la Troïka qui pressentant son isolement, n'a d'autre choix que la fuite en avant en recourant à la violence. Il s'appuie sur les Ligues dites de protection de la Révolution. « Ces Ligues sont constituées de la même manière que le parti nazi allemand qui avait formé ses milices pour imposer son diktat, sans oublier les groupes salafistes intégrés au sein d'Ennahdha, le stockage et la circulation des armes. C'est dans ce cadre qu'a eu lieu l'assassinat de Chokri Belaïd », dit-il. Concernant les informations diffusées par le quotidien Chourouk, sur l'arrestation de l'assassin de Chokri Belaïd, Zied Lakhdhar dit qu'ils avaient eu échos de ce genre d'informations depuis des jours. « La déclaration de Khaled Tarrouche, serait démentie dans les faits, comme ce fut le cas auparavant ». C'est ce qui a augmenté les doutes. Il pense que certaines parties veulent étouffer l'affaire. « Le parti a pris la décision de porter l'affaire devant le Conseil des Droits de l'Homme des Nations-Unies. Un contact officiel a été pris, la semaine dernière avec ce Conseil. Le Conseil a promis de suivre ce dossier ». Mouldi Gassoumi, parlera de la célébration du 40ème jour de l'assassinat de Chokri Belaïd. Cette célébration se déroulera samedi et dimanche prochains. En plus de la marche et du rassemblement à l'avenue Habib Bourguiba, prévus samedi prochain, le lendemain une grande animation est programmée à la Coupole d'El Menzah. L'initiative de dialogue national contre la violence sera lancée à cette occasion.