Imed Dghij comparaîtra le 27 mars prochain devant la Justice A son maître de la garde-robe, Louis XVI demanda, lors de la prise de la Bastille en 1789 s'il s'agissait d'une révolte, et il lui répondit : « Non sire , c'est une révolution ! » En effet, la révolution n'est pas un bloc, et elle a ses côtés négatifs mais elle est quand même le fruit d'une prise de conscience collective. A la différence de l'émeute qui pourrait émaner d'une minorité contre un secteur étatique ou social déterminé, la révolution s'exerce contre tout le système politique, c'est-à-dire le pouvoir en place. C'est la raison pour laquelle, le soulèvement populaire du 14 janvier 2010 à coups de « Dégage » a eu lieu contre les abus et les malversations exercées par le pouvoir qui ont nui à l'intérêt général. Comme dans toute révolution, il y a ceux qui font tout pour la faire foirer. Il est donc nécessaire de la protéger afin de préserver les acquis y naissantau fur et à mesure de l'évolution de la situation. La Révolution du jasmin, ou du printemps arabe, n'a pas été faite seulement pas des voluptueux comme a dit Baudelaire de la révolution française. Plusieurs personnes l'ont payé de leur vie, à commencer par Bouazizi qui suite à un geste de désespoir s'était immolé par le feu. Ce même geste a été suivi à l'issue de la Révolution par d'autres jeunes, dont le dernier en date a été ce jeune qui périt par les flammes devant le perron du théâtre municipal. Protéger la Révolution, c'est oeuvrer à l'unisson, à préserver les droitshumains. L'idée de créer des organes de protection de la révolution, qui a été faite par plusieurs membres de la société civile, tels que Ahmed Mestiri, vieux routier de la politique et ministre de Bourguiba, qui fonda le MDS, premier parti d'opposition, vers les années 1970, ou Sihem Ben Sédrine, militante des droits de l'Homme, a été abandonnée en faveur de la création d'un conseil national de sauvegarde de la Révolution. Peu à peu l'efficacité de ce conseil a diminué considérablement, d'autant que sa représentativité était nulle dans le sud du pays. Les ligues de protection de la Révolution : Dans quel but ? La question semble être à priori saugrenue, mais les actes de violence perpétrés par les membres de ces ligues, ne sont pas du tout de nature à protéger la Révolution, bien au contraire ! La dissolution par voie judiciaire Faut-il donc dissoudre ces ligues, après les séries de troubles à l'ordre public de certains de ces membres. Légalement, il faut passer par le gel avant de procéder à la dissolution. C'est en quelque sorte un avertissement préalable, pendant un certain temps. Si par contre et durant le temps imparti, on ne relève aucun acte de violence, la ligue concernée peut alors reprendre son activité. C'est le cas par exemple de la Ligue de protection, de la Région de Mornag. D'autres ligues dans le sud du pays se sont volontairement dissoutes. Des membres personnellement responsables En outre les personnes agissant au nom de ces ligues, doivent répondre personnellement des actes de violences qu'ils ont perpétrés. Par ailleurs il y a certaines personnes qui agissent individuellement, au nom de la protection de la révolution, sans pour autant être membre des ligues en question. C'est le cas de Imed Dghij qui a procédé sciemment à des actes de violence, d'incendie et de destruction de biens de l'Etat dans la région du Kram à la banlieue nord. Il a été de ce fait inculpé d'atteinte aux biens de l'Etat, d'incendie criminel et de trouble à l'ordre public. Il est convoqué à comparaître devant le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Tunis, afin de répondre de ses méfaits. A-t-il agi pour son propre compte ou au nom de l'une de ces ligues ? Cela importe peu, car c'est l'acte en lui-même qui est répréhensible et celui dont la culpabilité s'avérera être établie , s'expose à de graves et sévères sanctions pénales.