Hizb-U-T-Tahrir de Tunisie (parti de la libération) a organisé, hier, au palais des congrès à Tunis une conférence sur ‘' la position de ce parti concernant l'intervention étrangère dans le pays et contre la dépendance envers l'étranger et ses agents'', au cours de laquelle les dirigeants de ce parti ont défendu son idéologie extrémiste, galvanisant dans le sillage les esprits des partisans ‘'en prévision de la grande bataille tendant à libérer la nation islamique de la domination du colon mécréant et de ses agents à l'intérieur'' selon l'expression du porte parole de ce parti Ridha Belhaj. Mais le plus grave, d'après les déclarations du porte-parole de ce parti et celles de son président, Abderraouf Amri, est que tous les régimes et gouvernements arabes et islamiques en place y compris les gouvernements issus des révolutions du printemps arabe sont des traitres, obéissent aux ordres du colon mécréant et réalisent ses projets, savoir le maintien de sa domination sur les pays arabes et islamiques et l'exploitation de leurs richesses naturelles à son profit. Dès lors, la guerre de libération revêt une double dimension intérieure et étrangère. Aucune partie du monde arabe et islamique n'est vraiment libérée, a dit Ridha Belhaj qui a qualifié au passage les monarchies arabes du Golfe ‘'d'entraves au mouvement de libération arabe et islamique'' ajoutant que tout ce qu'elles font vise à se protéger contre l'extension de ce mouvement à leurs populations.'' Un parti instrumentalisé ? Ridha Belhaj a accusé le milieu politique en Tunisie de trahison et de dépendance à l'égard du colon étranger et de l'Occident à travers la contribution à l'exécution de ses plans. Il a estimé qu'il existe aussi ‘'des colonies médiatiques'', c'est-à-dire des moyens d'information dépendant de l'étranger , de sorte que celui qui professe des opinions différentes de celles de son parti est un valet et un agent d'après lui. Or, selon ses propres analyses, le colonialisme a recours, aussi, à l'infiltration et à l'instrumentalisation à l'insu des parties concernées, en employant des agents intérieurs à sa solde sous plusieurs couverts et au nom de plusieurs slogans, de sorte que l'agent peut servir les intérêts du colonialisme étranger, sans le savoir. Cependant, Ridha Belhaj a oublié de dire que son parti pourrait n'être aussi qu'un instrument au service des agendas et des objectifs étrangers. D'autant qu'historiquement, le parti des ‘'Frères musulmans'' a été une créature du colonialisme britannique en Egypte tandis que les mouvances islamistes naissantes en Tunisie sous Bourguiba avaient été utilisées, alors, par le régime, pour frapper les formations de la gauche, dominantes à l'époque. Le président du parti Abderraouf Amri a estimé que le paysage politique en Tunisie n'a pas changé, après la révolution et est resté dominé par un milieu attaché au colonialisme démocratique occidental. Pour les dirigeants de ce parti, la voie de la libération réelle passe par la restauration du régime du califat et la loi religieuse qui doit régir tous les aspects de la vie sociale, alors que l'Etat doit être dirigé par un calife choisi à qui tout le monde doit allégeance et obéissance absolues. Dans cette perspective, le jihad ou guerre sainte pour la libération de la Nation devient une pierre angulaire de l'idéologie et de l'action du mouvement et vise la libération de l'intérieur et la diffusion de l'idéologie à l'extérieur.