On n'est pas encore à l'heure du bilan pour le gouvernement Laârayedh, mais ce n'est pas une raison pour dormir sur ses lauriers. On ne le répétera jamais assez, l'heure est à l'urgence et le pays ne peut supporter davantage les effets d'une crise intense, sur tous les fronts. On n'attend certes pas des miracles du nouveau gouvernement, encore moins un passage facile de l'état de déliquescence actuel à un état digne des objectifs de la révolution, mais on est en droit d'exiger de ce gouvernement un diagnostic approfondi des maux qui gangrènent le climat politique national et assombrissent la vie sociale avant un passage rapide à l'acte pour rectifier les erreurs du passé, réussir la transition démocratique et mettre le pays sur les rails du développement et de la prospérité. La tâche, avouons-le n'est pas facile. Elle exige beaucoup de sacrifices, d'abnégation et de don de soi, uniquement au service de la Nation, loin de tout intérêt partisan ou interférence des partis dans les affaires de l'Etat. On insinue qu'une partie de l'échec du gouvernement de Hamadi Jebali est la conséquence directe de l'ingérence de son puissant parti dans la gestion de son gouvernement et dans ses prises de décisions. M. Ali Laârayedh en sait peut-être quelque chose et il doit en tirer les leçons s'il tient sincèrement à tenir la promesse que son gouvernement serait celui de tous les Tunisiens. Dans tous les cas, le nouveau gouvernement tient les rênes du pouvoir depuis un peu moins d'un mois. C'est relativement court, mais pas dans le cas actuel de la Tunisie. Car les Tunisiens s'impatientent et constatent amèrement que le manque de visibilité et le flou perdurent. Quelles solutions pour instaurer la sécurité et rétablir la confiance de la population et des investisseurs nationaux et internationaux ? On attend toujours, avec la conviction que le gouvernement ne peut réussir sans une collaboration efficace de la part de l'Assemblée Nationale Constituante qui doit parachever au plus vite la rédaction de la Constitution et établir une feuille de route claire et nette des prochaines étapes de la transition, telle celle de la présidence de la République qui doit s'en tenir à un discours unificateur et à l'apaisement de la tension qui prévaut dans le pays.