Ils sont nombreux dans les milieux des arts à se réjouir que l'idée germe et que l'éventualité de l'ouverture du festival de Carthage par Habbouba et sur la table. Sans doute, y a-t-il des « pour » et des « contre ». Ces « contre » épidermiques et qui n'arrivent pas à se défaire des préjugés nourris depuis de longues années à l'encontre des arts populaires et, particulièrement, à l'encontre du souffle à la fois séculaire et innovateur qui prône l'inoxydable. Habbouba est, en effet, un battant. Déjà, depuis l'ère de Bourguiba la sortie de ses premiers tubes au milieu des années 70, lui valurent les foudres de l'establishment de l'époque et, malgré cela, ses tubes pulvérisèrent le hit-parade. Un raisonnement simpliste classe l'art de Habbouba dans ce que les faux puristes appellent le « non art ». Concept contre lequel s'est insurgé récemment le phénoménal Zied Gharsa déclarant que l'art de Habbouba transpose les ferveurs traditionalistes et qu'il n'est pas simplement Mezoued, dans le sens réducteur du terme. Car, derrière Hédi Habbouba c'est une machine lourde qui opère. Il a, en effet, monté la Nouba au festival de juillet 91, puis en 2004, une soirée « Ardh Zemiath » basée sur des Ikaât, avant de revaloriser l'art de « Ardh Mtaareg », en 2012. Son répertoire est intarissable. C'est le fruit de 40 ans de métier qu'il a commencé comme « Ouazzen » et il n'est pas indifférent que les légendaires « Zina wa Aziza », l'aient propulsé au firmament. Depuis, l'homme qui danse sur scène à la manière d'un aéroplane prêt à décoller, introduisit un style nouveau que même l'arrogance de Mohamed Mzali n'a pu mater. A l'époque, les mœurs artistiques redécouvraient un style de symbiose et de partenariat autour de Habbouba. Le parolier Ridha Khouini écrivait les paroles ; feu Abdelhamid Sassi, composait ; Hédi Habbouba chantait et les cassettes de Abdelaziz Mellouli (Mellouli Phone), faisaient le reste. En cette ère d'égarements identitaires, il n'est pas indifférent que Habbouba soit appelé à se surpasser encore pour nous rappeler encore que le patrimoine de la chanson populaire fait partie de la conscience collective.