• Le courant réformiste d'Ettakatol annonce le retrait de confiance au secrétaire général, Mustapha Ben Jaâfar • «Le retrait de confiance à Ben Jaâfer est illégal et dépourvu de toute légitimité politique», estime Sami Razgallah, membre du Bureau politique d'Ettakatol chargé de l'information Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol) semble plus que jamais au bord de l'implosion. C'est, du moins, ce que laisse croire le retrait de confiance à Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général de ce parti membre de la coalition tripartite au pouvoir, aux côtés du mouvement islamiste Ennahdha et du Congrès pour la République (CPR). Ce retrait de confiance au fondateur d'Ettakatol qui est par ailleurs le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) a été décidé à l'issue d'un conseil national extraordinaire tenu dimanche par des membres mécontents du parti réunis au sein d'un « courant réformiste». Ces dissidents motivent leur décision par le fait que la ligne politique défendue par M. Jaâfar qui s'est matérialisée, selon eux, d'entorses répétées aux principes fondateurs du parti et d'alignement systématique sur les positions d'Ennahdha a vidé Ettakatol de ses forces vives et lui a fait perdre son âme de parti de centre-gauche. Le porte-parole du courant réformiste, Abdelbasset Sammari, a précisé, que la mtion de retrait de confiance énumère toutes les violations d'ordre politique et légal commises par le secrétaire général d'Ettakatol, indiquant que le parti est devenu néo-libéral après avoir été plutôt proche des thèses socio-démocrates. Les membres du courant réformateur parmi lesquels figurent des fondateurs et des militants de la première heure d'Ettakatol, dont Zakia Dhifaoui et Hédi Manaîi, ont, d'autre part, annoncé la création de comités de coordinations régionaux qui s'attelleront à préparer la tenue d'un congrès extraordinaire dont la mission de «rendre à Ettakatol son âme » et de « rectifier sa ligne politique ». Campagne de dénigrement Réagissant aux décisions de ce conseil national extraordinaire, la direction d'Ettakatol a d'abord contesté la légitimité de ce conseil national. « Ce soi-disant courant réformiste ne représente nullement le conseil national légitime d'Ettakatol, dans la mesure où le quorum n'a pas été atteint. Il est illégal et dépourvu de toute légitimité politique», indique Sami Razgallah, membre du Bureau politique du parti Selon lui, le conseil ne se réunit qu'en présence des deux tiers de ses membres, soit plus 45 personnes. « Ceux qui ont retiré la confiance au secrétaire général étaient en tout et pour tout 17 personnes, dont dix avaient déjà démissionné du parti comme le prouvent des documents en notre possession qui seront présentés à la presse au cours d'une conférence de presse », ajoute M. Razgallah. Ce membre du Bureau politique chargé de l'information a également fait savoir que le retrait de confiance « se situe dans le cadre d'une campagne de dénigrement planifiée qui cible Mustapha Ben Jaâfer en tant que symbole de la réussite de la transition démocratique ». Même son de cloche chez le porte-parole officiel d'Ettakatol, Mohamed Bennour : « comment se fait-il que des personnes qui ne font plus partie d'Ettakatol se présentent de nouveau comme des membres de ce parti ? Pire encore, certains signataires de la pétition de retrait de confiance ont déjà annoncé la création de nouveaux partis». M. Bennour a, par ailleurs, souligné que le retrait de confiance à M. Ben Jaâfer constitue une tempête dans un verre d'eau, indiquant que le parti s'apprête à tenir son congrès national les 5, 6 et 7 juillet prochain. Quoiqu'il en soit, Ettakatol semble avoir perdu de son aura et surtout une partie de ses sympathisants depuis son entrée au gouvernement. « L'expérience de l'alliance entre islamistes modérés et laïques n'était pas de tout repos. Nous sommes convaincus que nous allons y laisser des plumes, mais nous plaçons l'intérêt du pays au-dessus des considérations électoralistes et partisanes », avoue un militant de la première heure d'Ettakatol.