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Wahid Ibrahim, consultant en tourisme : « Notre hôtellerie ne pourra prétendre à un avenir, si elle s'évertue à gommer tout son passé » L'hôtel du Lac à Tunis sera démoli
Le tourisme de mémoire joue un rôle important dans le développement des sociétés et des territoires parce qu'il permet de mieux comprendre le Passé. Il participe à la formation de la conscience citoyenne et suscite des flux touristiques tout en contribuant à la vitalité économique et culturelle des territoires. Ce tourisme de mémoire a permis de promouvoir des sites reconvertis. À considérer leur impact économique, les sites mémoriels ne dorment pas. Médinas, citadelles, musées, hôtels, et autres mémoriaux témoins de notre histoire ont réussi à s'imposer comme des acteurs de poids dans le secteur du tourisme. Notre pays regorge de sites historiques et a tous les atouts pour développer ce créneau. Aujourd'hui, certaines unités hôtelières chargées d'histoire sont menacées de disparition. Selon l'information du magazine « Le Tourisme », la société libyenne Lafico a décidé la démolition de l'Hôtel du Lac dont elle est propriétaire pour construire à sa place un hôtel de luxe. Le lac est un hôtel typique qui remonte aux débuts de l'industrie du tourisme en Tunisie. Son architecture rappelle celle des hôtels particuliers bâtis à cette époque. Wahid Ibrahim expert en tourisme lance un appel national afin de sauvegarder ce site considéré comme un patrimoine culturel de la ville de Tunis. « L'hôtel a-t-il dit été construit dans les années 60 et représentait un chef d'œuvre architectural. On ne peut ne pas réagir, face à une telle information. Elle donne la preuve que notre tourisme en général et notre hôtellerie en particulier ne peuvent prétendre à un avenir s'ils s'évertuent à gommer tout leur passé. En effet , de nouveaux promoteurs sans scrupules et sans autre culture que celle du gain facile ont , avec la complicité des pouvoirs publics, pris un malin plaisir à démolir les unités phares de notre hôtellerie qui étaient devenues, avec le temps, des icônes architecturales et des temples d'une qualité spécifiquement tunisienne. Les bulldozers et les mauvais architectes ont fini par avoir raison d'établissements qui avaient réussi à construire une notoriété presque' aussi prestigieuse que celle de La Mammounia de Marrakech pour ne citer que cet hôtel de renommée mondiale. En effet, que reste-t-il du Tunisia Palace (Tunis), du Miramar (Hammamet), du Menzel Jerba , du Jughurta (Gafsa), du Sahara Palace (Nefta), de l'Ulysse (Jerba) et d'autres lieux moins luxueux peut être mais non moins typés ? Ces hôtels mythiques ont été virés par des monstres en béton qui ont rasé les jardins qui en faisaient des oasis de fraîcheur et ont cru compenser la médiocre qualité de leur service par une profusion de marbre et autre clinquant de mauvais goût .L'hôtel du Lac n'est peut être pas un bijou mais il est le témoin d'une tendance architecturale métallique qu'on cherche à préserver partout dans le monde. Et ce n'est pas un hasard s'il figure sur toutes les cartes postales de la Capitale et sur tous les documentaires qui y ont été tournés. Pour la petite histoire, je me souviens avoir proposé au ministre du tourisme du début des années 90 de racheter l'hôtel du Lac (alors propriété de la SHTT) avec une partie du produit de la vente de l'hôtel Hilton ( alors propriété de l'ONTT) et de le réaménager pour en faire le siège avant-gardiste du Ministère et de l'´ONTT. On a préféré céder les deux hôtels pour une bouchée de pain et maintenir l'Administration du Tourisme dans l'Avenue Mohamed V »