C'est dans un recueillement quasi religieux que les mélomanes et les fans de « Founoun de Musique arabe » se sont rencontrés Dimanche dernier à l'Acropolium de Carthage pour le récital annuel, donné au profit de « Ayedi Errahma » (Association caritative pour la réalisation de projets sociaux). La présence et la participation du célèbre Noureddine El Béji a placé haut la barre pour les musiciens, les choristes et les chanteurs en solo. Et ils ont tous passé le cap, offrant l'un des meilleurs spectacles en ce soir du 19 Mai. Un programme équilibré, composé de 9 pièces, pour 1h 30 d'enchantement. Au cœur du programme, une pièce d'anthologie musicale arabe, « Qassidethob » des frères Rahabani, s'est taillé la part du lion, tant au niveau de l'interprétation que du succès. Les choristes ont excellé, en harmonie parfaite avec le duo : Noureddine El Béji et la jeune Amira Jouida qui a atteint des hauteurs sublimes grâce à l'émulation de son partenaire et à une sensibilité, une finesse et une fraîcheur innées. A l'ouverture, une pièce célèbre de Mohamed Abdelwaheb : « Awatef », interprétée avec brio par l'orchestre et agrémentée par des improvisations au violon, au qanoun, puis au luth. La chorale (composée de 30 voix féminines et masculines) s'est illustrée dans 3 pièces : une chanson de Med Faouzi, « El bidh el amara », « Holm » d'Om Kalthoum et en finale une composition de 3 andaloussiet. L'interprétation s'est distinguée par la répartition du texte chanté, donnant lieu à une sorte de dialogue musical entre voix féminines et voix masculines se rejoignant en chœur. Les chanteurs en solo ont également brillé par le choix des pièces épousant le timbre de leurs voix. La chanson d'Om Kalthoum « Atafhabibi » a envoûté l'auditoire par la voix envoûtante de Kalthoum Maaoui. Une reprise de « Abou samrasokkara » (de Mohamed Qandil) par Houcine Inoubli a également charmé le public. Lotfi Rekik a excellé, comme toujours dans ses interprétations des chansons de Abdelhalim Hafez, avec « Ouloullou el haqiqa », faisant réagir l'auditoire par des applaudissements battant la mesure. Sihem Daldoul, elle, a entraîné son public, avec une grande maîtrise, dans une interprétation nostalgique de « Rahatlayali » de Sabeh. Enfin, Noureddine El Béji a honoré la salle par une interprétation lyrique et personnelle de « Bayyaa el haouarah fine », de Med Abdelmottalib. Beau spectacle et grande harmonie, grâce aux efforts extraordinaires déployés par le maestro Abderrazek El Hihi qui de sa stature de géant (dans le domaine musical) menait, comme toujours, de main de maître l'orchestre et la chorale, dans un rapport d'osmose, dirait-on, tant sa présence sur la scène crée cette cohésion indispensable entre tous les membres du groupe. Ce récital, qui a nécessité beaucoup d'efforts et qui est le fruit d'un travail considérable et de longue haleine, gagnerait à être donné sur d'autres scènes pour faire partager le plaisir de l'audition de ces pièces remarquables par le plus grand nombre de mélomanes et amateurs de musique arabe.