Présents doublement ou plutôt absents doublement, de leur pays d'origine et celui d'accueil, les migrants tunisiens sont toujours en quête d'une véritable implication dans la vie sociopolitique et d'une participation plus affirmée au développement économique et social de leur pays. Ils représentent en fait, une masse importante qui vit en dynamique laquelle prend plusieurs formes à savoir, une dynamique socioprofessionnelle, sociologique et économique…Cette masse qui a son mot à dire dans le paysage sociopolitique national revendique de plus en plus son droit à s'impliquer davantage dans cette sphère, rien que pour contrecarrer l'approche de plusieurs sociologues où le migrant se caractérise par sa double absence. Il est classé par certains comme étant ni citoyen, ni étranger, ce qui pousse les spécialistes en sociologie à mieux étudier cette masse. D'ailleurs, c'est dans ce cadre que s'inscrit le colloque organisé hier par l'IRMC lequel a mis l'accent sur les conditions des migrants tunisiens : droits, aspirations et développement. «Parler de migrations revient logiquement à s'intéresser à la mobilité des personnes, ainsi qu'à leurs droits et aspirations. Ce constat peut paraître banal, or il ne l'est plus aujourd'hui lorsqu'on tient compte de la mise en place généralisée de politiques visant à canaliser certaines compétences vers des secteurs d'activité précis… ». En fait, cette masse ou cette force de travail a son poids aussi bien dans le pays d'accueil que dans le pays d'origine d'autant plus qu'elle contribue à leurs économies. Les migrants tunisiens ne dérogent pas à la règle. Ils représentent en effet, une source assez importante pour l'économie nationale en termes de devises. Notamment, le nombre de Tunisiens qui travaillent à l'étranger dans le cadre de la coopération technique ne cesse d'augmenter d'un quinquennat à un autre pour se situer à l'ordre de 75 mille. Ils sont passés de 9,6 % en 2005 à 12,2 % en 2011. Problèmes Il est vrai que les Tunisiens qui travaillent à l'étranger ont leur mot à dire. Toutefois, il ne faut pas négliger le fait qu'ils font face à plusieurs problèmes, notamment dans les pays d'accueil. Ils subissent les pressions du système de gestion migratoire et ce, à différents niveaux, c'est-à-dire d'un point de vue juridique, politique et bureaucratique. Cela explique entre autres, l'approche du sociologue algérien Abdelmalak Sayad quand il parle de « la double absence des migrants ». Les migrants ne sont pour Sayad « ni ici, ni ailleurs ». « Ils oscillent au gré des circonstances, entre l'état provisoire qui la définit en droit et la situation durable ». Accorder plus d'attention aux Tunisiens qui vivent à l'étranger est dès lors, plus qu'une nécessité dans la Tunisie de l'après Révolution qui veut se réconcilier avec ses enfants toutes franges confondues. Il importe également de rétablir la confiance entre la Tunisie et sa communauté qui vit à l'étranger, laquelle trouve des difficultés à s'intégrer dans son pays d'origine. Sana FARHAT DR JAGHMOUN PARIS