* Cibles visés : des installations fréquentés par des Américains Le Temps-Agences - L'Allemagne a annoncé hier avoir déjoué une des plus importantes tentatives d'attentats sur son sol, en arrêtant trois suspects qui préparaient des explosifs à la voiture piégée pour notamment viser des cibles américaines. L'Allemagne a échappé à des "attentats à la bombe massifs", les "plus graves tentatives d'attentats" jamais préparées sur le territoire allemand, a affirmé devant la presse le procureur général fédéral, Mme Monika Harms. Le ministre de l'Intérieur, Wolfgang Schäuble, a salué la coopération internationale ayant permis ce coup de filet. Il a indiqué n'avoir "aucune connaissance" d'éventuelles connexions avec l'attaque terroriste, d'avant hier, déjouée au Danemark où huit hommes soupçonnés de liens avec Al-Qaïda ont été arrêtés. Les suspects arrêtés avant-hier, en Allemagne au terme de neuf mois d'enquête, sont des membres présumés d'une cellule allemande d'un mouvement islamiste international au départ né en Ouzbékistan, l'"Union du Jihad islamique", et qui travaille en "liaison étroite" avec Al-Qaïda, a affirmé Mme Harms. Il s'agit de deux Allemands, âgés de 22 et 26 ans, et d'un Turc de 29 ans, formés dans des camps terroristes au Pakistan. L'un des deux Allemands est originaire de Neu-Ulm (sud-ouest), dont une mosquée est considérée comme l'un des foyers de l'islamisme, l'autre de la Sarre (ouest). Ils préparaient des attentats contre des installations fréquentées par des Américains, discothèques, pubs ou aéroports, à l'aide de voitures piégées. Les autorités allemandes n'ont cependant pas officiellement confirmé des informations de la radio régionale SudWestrundfunk selon lesquelles l'aéroport de Francfort et la base aérienne attenante de Ramstein, quartier général des forces de l'air américaines en Europe, étaient visés par ces projets d'attentats. La police allemande ne fait que "se livrer à des conjectures" à ce sujet, a dit le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, August Hanning. "Aujourd'hui est un bon jour pour la sécurité en Allemagne", s'est félicitée Mme Harms. "Nous sommes menacés par le terrorisme international et devons rester vigilants", a commenté Wolfgang Schäuble dans une conférence de presse. Les bombes auraient eu un impact équivalent à 550 kg de TNT. "Cette quantité aurait suffi à fabriquer des charges explosives d'une force supérieure à celle des attentats de Madrid (2004) et Londres (2005)", a déclaré le président de la police criminelle fédérale, Jörg Ziercke. Connus des services de sécurité comme "potentiellement dangereux", les trois suspects ont été traduits devant un juge d'instruction de la Cour fédérale de justice. Au moment de leur arrestation, à Medebach-Oberschledorn, petite ville de l'ouest de l'Allemagne, ils étaient en train de commencer à fabriquer des explosifs dans un appartement loué. Un policier a été blessé dans l'échange de coups de feu. Ensuite, trente locaux ont été perquisitionnés. L'un des suspects avait déjà été interpellé dans la nuit de la Saint-Sylvestre 2006, tandis qu'il espionnait une base militaire américaine, et il était depuis lors surveillé par les services de sécurité. "Notre pays représente pour le terrorisme international à motivation islamiste une cible d'attentat et pas seulement une base arrière pour les terroristes", a souligné Mme Harms. Si elles avaient été activées, les charges explosives auraient "pu tuer ou blesser un grand nombre de personnes", a-t-elle dit. Les suspects s'étaient procurés douze bidons contenant 730 kg de péroxyde d'hydrogène pour fabriquer des charges explosives ainsi que des détonateurs militaires. Le numéro deux du groupe parlementaire du parti conservateur (CDU) Wolfgang Bosbach a fait observer que ces tentatives survenaient dans une "période extrêmement sensible" : "Dans quelques heures, on sera le 11 septembre et le Bundestag (chambre basse du Parlement) décide en octobre de la poursuite du mandat en Afghanistan", où des soldats allemands ont été déployés. Depuis 2000, sept projets d'attentats ont été déjoués en Allemagne, a fait savoir la police.