• Empêcher l'accession d'un Morsi tunisien à la tête de l'Etat Des indépendants, des militants associatifs et politiques et des syndicalistes ont lancé dernièrement une initiative nationale pour un Front uni des forces civiles et démocratiques. Dans un communiqué dont le Temps a reçu une copie, les promoteurs de cette initiative précisent que « depuis l'accession au pouvoir d'Ennahdha et de ses alliés, à l'issue des élections du 23 octobre 2011, la situation qui prévaut dans notre pays ne cesse de se dégrader, à tel point que tout le monde s'accorde à dire que jamais depuis l'indépendance, le pays n'a traversé une période aussi critique dans tous les domaines que celle où il se débat depuis 18 mois. Les velléités de certains de s'allier avec ceux qui ne cachent pas leur volonté de remettre en cause les acquis de notre pays et de transformer son modèle de vie, ne font qu'accentuer l'inquiétude et la peur chez un nombre grandissant de Tunisiens et plus particulièrement de Tunisiennes ». Les militants qui ont participé à la fondation de cette initiative ont pour objectif central de tout faire pour rendre incontournable la formation du Front uni de toutes les forces civiles et démocratiques, lors des prochaines élections présidentielle et législatives, pour « empêcher l'accession d'un Morsi tunisien à la tête de l'Etat et de ne pas laisser notre pays tomber sous le joug d'un Etat théocratique et despotique de Nahdha et ses dérivées pour de longues années ». Les échos sur les travaux au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) ne rassurent pas et font état de volte-face des constituants d'Ennahdha concernant des accords conclus lors du dialogue national abrité par Dar Dhiafa ou lors du 2ème round du dialogue national initié par l'Union Générale Tunisienne de Travail (UGTT). Les constituants d'Ennahdha au sein de la commission de coordination et de rédaction de la Constitution ne veulent pas reconnaître la liberté de conscience ainsi que le droit syndical et le droit de grèves. Dans ce cadre, cette initiative prend de l'importance. Ses fondateurs ne se veulent ni une association, encore moins un parti politique. Ils se veulent, juste un collectif citoyen imposé par « la conjoncture et la gravité des menaces qui pèsent sur le pays ». Ils se sont dotés d'un comité national de liaison, d'un porte-parole, d'une coordinatrice et d'un coordinateur. Salah Zghidi est porte-parole. Les deux coordinateurs nationaux sont Nabil Azzouz (universitaire) et Samira Trabelsi (syndicaliste). Dans les régions des coordinateurs ont été désignés. A Sfax Mohamed Aloulou. A Bizerte Mohamed Salah Fliss. A Nabeul Amara Ben Romdhane et à Sousse Mustapha Ben Sma. Les promoteurs de cette initiative comptent organiser des actions de sensibilisation auprès de larges fractions de la société politique et de la société civile sur la gravité des menaces de régression qui pèsent sur notre pays et l'importance des prochaines échéances électorales. Ils comptent sensibiliser et mobiliser l'ensemble des forces attachées au caractère civil, républicain et démocratique de l'Etat. Ils s'adresseront surtout aux partis politiques, ainsi qu'au mouvement associatif citoyen et aux syndicalistes. Ils considèrent que le regroupement en un Front uni des forces civiles et démocratiques est la seule voie pour remporter la bataille contre les projets de société rétrogrades, pour une Tunisie non théocratique et non despotique. Quelles seront les tâches de ce Front ? Il devra dans l'immédiat et les semaines à venir faire pression « pour que soit adoptée une Constitution qui sauvegarde le caractère civil et non théocratique de l'Etat, qui garantisse la nature démocratique du régime politique et qui préserve et renforce les libertés individuelles et publiques sur la base des principes universels des droits de l'Homme et cela, sans restrictions ni réserves d'aucune sorte ». Ils comptent faire pression pour que soit fixé un calendrier électoral définitif ayant force exécutoire, et d'agir pour que soient garanties les conditions d'un déroulement des élections dans un contexte réellement libre, transparent et démocratique. Ce Front s'engagera dans des batailles électorales décisives et vitales à venir, pour faire face au danger de l'obscurantisme et au despotisme qui guette le pays. Les partis politiques accorderont-ils une oreille attentive aux appels de la société civile ? Hassine BOUAZRA