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« Nous sommes en Tunisie sur le long terme : on y investira quelles que soient les conditions »
La BERD ouvre officiellement son bureau à Tunis Marie-Alexandra Veilleux, Directrice du Bureau de Tunis de la BERD
Publié dans Le Temps le 25 - 06 - 2013

• Nous avons quatre priorités et à leur tête la contribution à la restructuration du secteur bancaire et financier.
• Le financement direct des PME et l'investissement régional font partie de nos plans
• Notre degré d'engagement dépend des opportunités d'investissement sur place
Marie-Alexandra Veilleux, Directrice du bureau de Tunis de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), revient dans cette interview exclusive accordée au journal « Le Temps », sur le sujet pour étayer les principaux objectifs tracés par la Banque et par de là les plus importantes missions à accomplir. Tout indique que la BERD compte vraiment jouer « un rôle clé » en Tunisie, pour se consacrer ensuite au reste des pays de la région, et déjà à travers l'esquisse d'un premier investissement de 15 millions d'euros, la BERD semble décidée à s'impliquer vigoureusement. Soucieux d'en savoir davantage, nous sommes allés trouver la directrice canadienne du bureau de la Banque à Tunis, la veille de l'inauguration officielle du bureau. Interview…
Le Temps : On se trouve aujourd'hui dans une phase qu'on pourrait situer de couronnement de tout un processus qui a commencé dès l'annonce de l'ouverture d'un bureau de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement en Tunisie (BERD), jusqu'à l'ouverture effective de ce bureau à Tunis. Que diriez-vous de tout cela, et comment évaluez-vous tout ce travail ?
Marie-Alexandra Veilleux : Nous avons beaucoup travaillé depuis deux ans sur les préparations des activités de la BERD en Tunisie. Il faut dire que la Tunisie a été très proactive, c'est l'un des pays les plus proactifs de la région. Pour vous donner une idée, en Décembre 2011 la Tunisie est devenue actionnaire de la BERD, soit six mois après avoir demandé à le devenir, neuf mois plus tard on a pu investir en Tunisie et un mois après on a pu investir dans un tout premier projet. Quand on dresse le bilan, à partir de décembre 2012, date à laquelle nous avons été autorisé à investir, on constate que nous avons déjà investi 30 millions d'euros dans le pays, 1.2 million d'euros d'assistance technique, 600 mille euros dans un programme dédié aux petites entreprises dénommé « Business Advisory Support », c'est donc un beau parcours que nous avons en Tunisie jusqu'à maintenant. A présent on implante un bureau à Tunis, il s'agit d'un premier bureau « pionnier » de la BERD dans la région, par rapport au Maroc, l'Egypte et la Jordanie, nous considérons que c'est une étape très importante pour nous, puisque cela va nous permettre de recruter des Tunisiens, nous espérons enrôler une dizaine d'ici la fin de l'année, essentiellement des banquiers et des consultants pour les programmes dédiés aux petites et les moyennes entreprises et aussi de pouvoir nouer des relations avec les autorités, avec le secteur privé et tous les acteurs qui contribuent à l'investissement en Tunisie.
Comment imaginez-vous les relations qui devront exister entre la BERD et les secteurs bancaire et financier tunisiens? Est-ce que vous allez mettre la main à la pâte avec ce secteur, ou comptez-vous seulement vous suffire de financer à travers les fonds d'investissement ?
Nous avons quatre priorités opérationnelles en Tunisie, dont une a trait au renforcement et la restructuration du secteur bancaire. Nous avons ainsi proposé notre soutien et notre assistance au gouvernement et à la Banque Centrale de Tunisie pour les aider à restructurer les banques publiques, avec l'aide des autres bailleurs de fonds, déjà présents et impliqués dans ce chantier et puis, également, via des lignes de crédit dédiées aux PME et à l'efficacité énergétique que l'on va pouvoir fournir aux banques de la place, ou même des garanties pour favoriser l'import et l'export des sociétés en Tunisie via les banques. Nous avons donc une panoplie de produits financiers que nous mettons à la disposition des banques et qui devraient, in fine, permettre l'amélioration du rendement du secteur bancaire et par la suite celui du secteur privé.
Est-ce que vous comptez quantifier le temps nécessaire pour atteindre ces objectifs ?
Nous avons les objectifs régionaux. Pour les quatre pays, selon ce que détermine le Conseil d'Administration, au sein duquel la Tunisie est bien sûr représentée, on fixe le montant annuel à investir. Pour la région et pour cette année on compte investir pas moins de 760 millions d'euros, avec un objectif d'ici 2015 d'investir 2.5 Milliard d'euros dans la région. C'est une enveloppe globale qui par la suite va être investie selon les opportunités du marché, du climat d'affaires, du climat d'investissement, etc... Aujourd'hui, c'est difficile de faire des pronostics.
Parlant du climat d'affaires, est-ce que vous avez pu observer certaines améliorations durant les quelques derniers mois ? Trouvez-vous cela encourageant ou décourageant, ou comptez-vous vous impliquer davantage quelles que soient les conditions ?
Nous sommes ici sur le long terme. On investira en Tunisie quel que soit le climat d'affaires, par la suite ce sera de gros montants ou de petits montants, seulement en fonction de l'environnement.
Vous avez certainement discuté avec les responsables tunisiens tout au long de ce processus de l'adhésion de la Tunisie jusqu'à l'ouverture du bureau de la BERD à Tunis, est-ce que vous avez, à un moment donné, changé de conception ou d'intentions à la lumière des conseils ou des recommandations suggérés pour cibler certains secteurs plutôt que d'autres ?
Nos priorités opérationnelles ont été tracées depuis août 2012, cela ne fait pas si longtemps. Ce fut un travail élaboré par une équipe sur place au sein de la BERD, et qui a par la suite validé ce plan avec les autorités tunisiennes. C'est un effort conjoint. Et nous comptons réaliser une stratégie pays, après les élections. Pour le moment je ne peux pas en parler.
Est-ce que vous consacrez un budget pour votre contribution dans la restructuration du secteur bancaire tunisien, et quels sont vos objectifs à moyen et à long terme ?
Vu que nous ne disposons pas d'enveloppe globale pour la Tunisie, mais en faisant une comparaison avec notre région historique (les pays de l'Ex bloque Soviétique), région dans laquelle nous sommes depuis plus de 22 ans, sur les 9 milliards investis l'année dernière, le tiers a été absorbé par le secteur financier. Généralement, c'est le tiers de nos investissements. En Tunisie, l'une de nos priorités est la restructuration du secteur bancaire, cela va dépendre d'un certain nombre de pré-requis qui vont être faits ou pas. Pour le moment il y a l'audit des trois banques publiques qui est en cours. Il faut attendre ses résultats pour savoir ce que les autorités vont décider de faire. D'un autre côté, il y a les banques publiques et il y a aussi les banques privées, dont certaines vont avoir besoin d'améliorer leur gouvernance d'entreprises tout autant que la nécessité d'améliorer leur processus de prise de risque, de mesure de risque, ce sont des domaines dans lesquels nous pourrons les aider. Nous nous faisons très peu d'assistance technique sans projet de financement, donc quand nous parlons de cette assistance technique, elle peut être technique c'est-à-dire le conseil, mais qui est accompagnée d'une ligne de crédit.
Comment comptez-vous continuer avec le fonds d'investissement (Maghreb Private Equity Fund III (MPEF III) ? Est-ce que vous allez en faire l'unique rampe de vos financements ou comptez-vous élargir la liste de vos partenaires ?
Quand nous avons investi dans le fonds Africa Invest, Tuninvest, Maghreb Invest Private Equity III, c'était un fonds où nous étions des investisseurs parmi d'autres, entre autres la BAD (Banque Africaine de Développement), et dont l'objectif était d'investir dans les PME. Cela nous permet de toucher le plus grand nombre de PME, à travers un seul investissement. Les lignes de crédits aux banques se fait à son tour d'une manière directe et qui permet ensuite de profiter à un grand nombre de PME.
Qu'en est-il alors des PME qui travaillent dans des secteurs bien particuliers, tels que l'environnement ou l'énergie renouvelable, comment peuvent-elles avoir accès aux financements de la BERD?
Notre intervention en Tunisie se fait de deux manières : la première se fait d'une manière directe, c'est-à-dire soit par les banques via les lignes de crédit, soit via les fonds d'investissement, à l'instar du Tuninvest. Nous avons d'ailleurs signé un accord avec un autre fonds d'investissement, en marge des travaux du sommet de l'Euromed avec Capital North Africa Venture II, qui est un fonds géré par Capital Invest, une équipe du Maroc qui a l'intention de devenir régionale et d'investir en Tunisie. Cela est le premier axe ; la BERD investissant à travers les banques et les fonds d'investissement. L'autre manière est une manière directe, c'est-à-dire que la BERD va financer directement des entreprises/entrepreneurs, soit en capital soit en dettes pour leurs opérations de croissance. Cela va intéresser plusieurs secteurs tels que l'informatique ou les télécommunications. Et on a déjà un exemple, dans l'agroalimentaire, et de ce fait on a mis une ligne de crédit de 15 millions d'euros au profit de la société- filiale tunisienne- du leader espagnol en production d'huile d'olive qui s'appelle « Bourges ». L'une de nos priorités est de favoriser le financement des entreprises du secteur privé, et ce sera certainement dans différents secteurs tels que l'agroalimentaire, l'industrie, les services, les services de télécommunications, de l'énergie…vraiment tous les secteurs de l'économie réelle.
Et qu'en est-il des premières intentions annoncées au début et lors de l'annonce de l'engagement de la BERD en Tunisie, en relation avec les investissements dans les infrastructures et le désenclavement des régions défavorisées ?
A la base, nous finançons le secteur privé. C'est les deux tiers de ce que nous faisons, nous ne sommes pas la banque de la Construction, nous sommes la banque de la Reconstruction. Suite à l'effondrement de l'URSS, nous avons acquis une importante expérience, et aujourd'hui nous sommes en Tunisie dans l'objectif de soutenir le processus de la transition démocratique dans le but d'avoir une économie de marché et avec des projets qui pourront, je l'espère, cibler les régions défavorisées et avoir une croissance plus inclusive. Ces projets devront toujours satisfaire à des critères de bonne gouvernance, de bonne réputation, d'intégrité, de transparence et de volonté d'améliorer les standards. Car quand on regarde un projet à financer, on regarde tout d'abord la viabilité financière sur le long terme, puis l'impact sur le développement économique, ce qu'on appelle l'impact sur la transition et puis on regarde si on est complémentaire avec ce qu'on peut trouver localement en termes de financement (avec les banques et les institutions financières locales). Si ces trois conditions sont remplies, on peut financer un projet, sinon ce sera difficile.
Sur la question de la transparence vous avez l'air d'être si tranchant !
Notre processus de prise de décision pour le financement est tout à fait strict. Chaque décision de financement passe par des comités en interne. Après la deuxième approbation d'un projet on émet un résumé du projet sur notre site internet, le rendant ainsi accessible à tout le monde. Il en est de même au niveau des exigences aux entreprises qui veulent bénéficier des financements de la banque.
Côté emploi, vous parlez d'une dizaine de postes d'emploi à créer. Ce serait dans quels domaines ?
Oui, ce sera une dizaine de postes d'ici la fin de l'année. Il y aura trois consultants dédiés à l'assistance technique aux PME (le Business Advisory), et pour le reste on parle de cinq banquiers.
Entretien conduit par Haykel TLILI


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