Jusqu'à aujourd'hui, dimanche 30 juin, l'été 2013 est resté plutôt timide : la météo est encore instable, le mercure affiche très rarement plus de 28 degrés, l'air de nos soirées est plutôt frisquet ; les plages ne connaissent donc pas l'affluence attendue en pareille période. Ajoutez à ces facteurs climatiques relativement exceptionnels, l'approche du mois saint, l'attente fébrile des résultats des examens, en particulier ceux de la session de contrôle du baccalauréat, et enfin l'insécurité ambiante en dépit des efforts déployés par la police, la garde nationale et l'armée. Pour toutes ces raisons, l'été ne s'installera vraiment qu'avec un mois et demi de retard. Certes, certaines familles ont avancé la célébration de leurs fêtes (mariages, fiançailles, circoncisions, réussites) mais elles sont rares. Quant aux estivants habitués dès la fin mai à louer des villas ou des appartements dans les villes côtières, ils dérogeront sans doute à leurs habitudes cette saison en raison du mois de Ramadan qui grignotera 21 jours sur juillet et une dizaine de jours en août. Que restera-t-il de l'été après l'Aïd ? Deux semaines seulement, puisque à l'approche de septembre, les conditions climatiques seront plus favorables aux orages et à l'apparition des méduses dans les eaux de baignade, sans compter que les familles commenceront dès la dernière semaine d'août les préparatifs pour la nouvelle rentrée scolaire. En définitive, le risque existe que cette année, une majorité de foyers ajourne ou même annule ses vacances d'été. Vacances piégées Il faut reconnaître par ailleurs que la situation financière de la plupart des familles tunisiennes est loin d'être rassurante. Cette relative précarité n'est pas de nature à les engager dans les dépenses de « luxe ». Nous sommes quasiment certains que beaucoup de ménages se passeront volontiers du budget vacances, cet été, surtout que l'excuse ou les excuses sont toutes trouvées ! Dans le meilleur des cas, on s'offrira une semaine, peut-être moins, dans un hôtel, chez des proches ou des amis habitant sur la côte. Pour le reste de l'été, on se contentera de sorties nocturnes ou d'escapades de quelques heures de la journée ou de la soirée vers les plages les plus proches. De toutes les manières, nous aurons droit à des vacances d'été singulièrement discontinues, et quelque peu extravagantes. Il n'est d'ailleurs pas exclu que la situation sécuritaire du pays, elle-même très incertaine, contribue à nous les perturber davantage. Le climat politique envoie de plus en plus de signaux inquiétants aux Tunisiens et aux étrangers. D'où la réticence des touristes à choisir la Tunisie comme destination pour leurs prochaines vacances. Et ce ne sont pas les chiffres dérisoirement optimistes avancés dernièrement par le Ministère du Tourisme ni les prévisions très aléatoires que ce département établit, qui nous feront changer d'avis. Les salafistes jihadistes ont déjà tout fait pour pourrir la saison touristique : les événements de Châambi n'ont fait que couronner une période de six mois particulièrement violente et mouvementée. Assassinats politiques, affrontements entre police et extrémistes religieux, échecs répétés des initiatives d'apaisement, indulgence des autorités à l'égard des milices déguisées en organisations de la société civile, atermoiements suspects à propos de plusieurs dossiers politico-judiciaires, absence quasi-totale de visibilité en ce qui concerne les horizons politiques, sociaux et économiques, contexte régional marqué par l'embrasement notamment du côté libyen et égyptien, risque d'extension de la zone agitée : lorsqu'on se rappelle toutes ces données effrayantes, on finit même par se réjouir que l'été 2013 soit …ajourné ! En effet, il est préférable qu'un ou deux mois de vacances estivales sautent plutôt que de voir « sauter » le pays en entier. Et Dieu sait combien sont nombreux les mercenaires qui veulent transformer notre chère Tunisie en «territoire piégé» !