L'urgence n'est jamais perçue de la même manière en ces temps d'embrigadement idéologique et de lavage de cerveau à grande échelle. Des dizaines de Mosquées (certains vont jusqu'à dire des centaines) qui échappent au contrôle du Ministère de tutelle et qui sont devenues tout simplement des lieux de fanatisation des fidèles, n'est plus apparemment une « urgence ». Mais le limogeage d'un Mufti très aimé des Tunisiens pour sa modestie, son humilité et sa connaissance parfaite de la Chariaâ et de l'âme musulmane tunisienne, l'est ! A trois jours du mois Saint le Ramadan, on annonce la nouvelle comme si de rien n'était et admirez en passant la sagesse du nouvel ordre qui ne s'est pas soucié de la tristesse qu'il pouvait provoquer au sein d'une famille celle du mufti déchu qui n'a jamais démérité dans la protection et la diffusion des valeurs de l'Islam modéré et tolérant tunisien, celui de la Zitouna de nos ancêtres. Mais qu'a-t-il fait ce malheureux et vénéré Mufti, le Cheikh Othman Battikh pour subir tant d'infamie surtout à la veille du Ramadan ! Trois crimes de lèse majesté : 1/ Ne pas cautionner ou justifier charaïquement l'envoi au « Jihad » de jeunes tunisiens endoctrinés moralement et soudés matériellement pour tuer leurs frères musulmans en Syrie et se faire tuer par eux à la fleur de l'âge. D'ailleurs nous avons vu à la télé la peine immense et le désarroi des mères et pères et de ces enfants ramenés dans des cercueils de fortune et qui exigeaient en plus l'intervention des autorités tunisiennes pour libérer leurs camarades détenus en Syrie et sauver le reste d'une mort certaine. 2/ Ne pas cautionner ni légitimer le « Jihad-Nikah » qui est tout simplement une forme de « prostitution » et empêcher ce « commerce » de faire des victimes tunisiennes. 3/ Plus enfin grave encore le Cheikh Mufti Sidi Othman Battikh a dit toute sa colère et son refus des « Douaât » d'Orient et à leur tête le zélé Wajdi Ghouneim wahabite fanatique de son état, accueilli en grande pompe en Tunisie pour diffuser le venin de la « fitna » au sein d'une communauté musulmane et heureuse de son Islam depuis 14 siècles. Pour tout cela et pour avoir défendu l'orthodoxie zeitounienne contre le wahabisme rétrograde et désertique rampant en Tunisie, ce Cheikh tunisois sans histoire de souche modeste, de la Médina de Tunis connu pour sa droiture et sa moralité et sa science parfaite, se voit infliger cette sanction injuste mais qui lui ouvrira, grande, la porte de l'Histoire. Aujourd'hui et plus que jamais, la bataille se situe à ce niveau de la démarcation identitaire. Les Tunisiennes et les Tunisiens musulmans à leur manière et amoureux de cette religion du bonheur et de la fraternité qu'est l'Islam maghrébin tout en couleur, en musique et en piété sobre et bénéfique, sont-ils prêts à accepter que leur pays, sa culture millénaire, son savoir vivre et sa manière d'être leur soient « volés » et défigurés par les « Douaât » d'Orient rétrograde et fanatique ! Sidi Othman, ne soyez pas triste, beaucoup de Tunisiens vous aiment pensent à vous ! Ramadan Mabrouk ! Votre limogeage, vous grandit encore plus !