Lotfi Bouchnak a émerveillé le public du festival d'été de Nabeul. Dans un théâtre archicomble, il y avait ce soir de la magie qui régnait dans les gradins. Tout le monde était là, acclamant son idole. Sur scène, l'enfant prodige du chant classique tunisien, a séduit l'assistance grâce à sa voix puissante. Maniant les mouvements mélodiques les plus subtils avec une aisance déconcertante, ce virtuose du oud a interprété un registre étendu avec une sensibilité à fleur de peau. Ce nom mythique de la chanson tunisienne a livré un répertoire de compositions qui a captivé toutes les générations présentes dans le théâtre. Il était 10h00 lorsque Lotfi vêtu en noir fait son entrée au théâtre de plein air de Nabeul. Accompagné de musiciens chevronnés, toute sa troupe a été reçue avec des applaudissements. L'artiste souriant et décontracté aborda son show avec son humour habituel. Un vrai conteur mais un chanteur prometteur et confirmé qui a capté l'attention de ses fans. Ce soir, Lotfi toujours aussi dynamique, a charmé le public par sa capacité à se renouveler en imprimant un cachet contemporain à des compositions qui datent de plusieurs années. Interprète audacieux du malouf tunisien, il s'est nourri de l'influence des grands musiciens égyptiens, syriens, irakiens, tunisiens et turcs, tels que Tawfiq Quwiwi (qui fut son maître), Salih al Mahdi, Sayyid Darwish, Salih Abd al Hayy, Sabah Fakrih, qui colore de façon éclatante son style. Lotfi ouvre le bal avec ses mawels et ses foundous où il montre la force de sa voix et sa connaissance des gammes . Il a tenu à nous transmettre la beauté d'une musique d'essence orientale tout en étant ouverte sur les répertoires de la musique tunisienne. Sa voix puissante et satinée redonne ses lettres de noblesse à son art qui puise ses origines dans ces traditions andalouses et ottomanes. Il a voulu sortir des sentiers battus en faisant participer le public en lui donnant les premiers mots des refrains. Belle prestation, un spectacle haut en couleurs et en mouvements. Entouré de sa troupe musicale dirigée par le maestro Belkaied, il a tenu tout d'abord à interpréter ses derniers succès dont notamment « Khadaani », «Nassaya» «Ritek ma naâref fin», «Inti Rouhi inti» et «El Aïn elli ma tchoufikchi». L'artiste s'arrêtait parfois pour souhaiter à notre pays la paix et l'amour. Il a tenu à saluer les services d'ordre qui dit –il veillent jour et nuit pour nous assurer la sécurité. Lotfi Bouchnak a clôturé sa soirée en interprétant l'un des chefs-d'œuvre du chanteur feu Sadok Thraya, «Ki dhik bik eddahr ya meziana», en signe de reconnaissance à ce pionnier de la chanson authentique tunisienne. Au bout de deux heures, il a tenu à faire de cette soirée un moment mémorable. Dans les coulisses, Lotfi a tenu à parler à bâtons rompus avec les médias. Il a évoqué son rapport avec la musique, disant vouloir être « un témoin de son époque à travers son art. L'artiste doit renouveler chaque jour afin d'aller de l'avant et affronter le présent avec rigueur pour que l'avenir soit meilleur ». A propos de son litige avec le festival de Hammamet, il a tenu à ignorer la polémique alimentée par cette affaire.