Nous attendrons les enquêtes nécessaires au sujet des présomptions d'implication de Abdelhakim Belhadj dans les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Nous serons ainsi fixés sur une autre présomption - présentée comme preuve par Taïeb Laâguili , mais qui reste toujours une présomption – sur ses « liens étroits » avec des dignitaires d'Ennahdha. Tout cela doit être élucidé au vu aussi du fameux document du 14 Janvier émanant du ministère de l'Intérieur c'était du temps d'Ali Laârayedh à l'Avenue Habib Bourguiba – et répertoriant Abdelhakim Belhadj comme élément d'Al Qaïda et en tant que tel, un terroriste. Sans doute ce document n'a-t-il pas empêché cet individu, curieusement décrit depuis la bombe Laâguili comme un réformiste et, même comme un islamiste humaniste, de venir tranquillement en Tunisie et d'y être reçu dans le salon vip. Mais, rétorquera-t-on, dès lors, qu'il n'y a pas de mandat de recherche international à son encontre, il est libre de ses mouvements. A la limite, ce chef de guerre, soudain visité par une inspiration messianique qu'il étale, dit-on, dans son livre, est en droit d'embrigader tous les Libyens qu'il voudra. Mais il y a simplement à espérer que les enquêtes établiront qu'il n'exerce guère d'ascendant sur la mouvance intégriste de chez-nous : Ansar Al Chariaâ. Qu'il nous laisse, au moins, Abou Yadh et son escadron d'illuminés, ce qui permettrait une traque dans les règles de cette mouvance salafiste, traque qui mènera à terme à son éradication. Nous n'avons guère le choix. Le mouvement Ennahdha a crié à l'unisson, à la manipulation, à la falsification des données et au maquillage de la vérité dans l'exposé de Taïeb Laâguili. Ennahdha considère, par ricochet, qu'il s'agit là d'une manipulation visant à diaboliser et à faire capoter l'initiative du dialogue national. Ce n'est pourtant pas cette « opération » qui va faire capoter le dialogue auquel a consenti Ennahdha. Le mouvement de Rached Ghannouchi n'en est pas à une diabolisation ou à une extrapolation près. Et il n'est pas, non plus, à une « évangélisation » près. En tant que premier parti du pays, détenteur de la majorité à l'ANC ainsi qu'au gouvernement, il serait inspiré de prendre en considération le jeu démocratique que seuls, jusque-là, matérialisent les médias. S'il est réellement dans sa force, dans son rôle et dans ses convictions, ce sera à lui et lui seul de ne pas conditionner le dialogue national par les déclarations de Laâguili. Toute la nation attend cette issue de crise. Et elle dépendra d'Ennahdha. Ne laissons pas un Abdelhakim Belhadj envenimer une situation déjà assez perturbée comme cela. Ne lui consignons pas « l'honneur » d'avoir brisé le dialogue national. Ce serait une condamnation de l'Histoire.