- Ce que gagne une ouvrière ne dépasse pas, dans le meilleur des cas, 4 % du bénéfice réalisé par les grandes entreprises sur un seul article «Des salaires rudimentaires, des conditions de travail inhumaines, absence de couverture sociale…c'est ce que les femmes travaillant dans le domaine du textile dans la ville de Monastir vivent. Cet état des lieux a été présenté hier, par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) lors de la conférence de presse qu'il a donnée à Tunis à l'occasion de la présentation de ses rapports d'activité dans plusieurs domaines d'intervention. «300 dinars par mois », c'est la moyenne du salaire que touche la femme ouvrière dans le secteur du textile contre 9 à 10 heures de travail par jour, des heures supplémentaires et des jours de congé non payés. Presque la totalité de la somme gagnée, soit 60 % est réservée à la famille d'où, la précarité de l'ouvrière laquelle vit en dessous du seuil de pauvreté avec presque un euro par jour…Ces données révélées par une enquête réalisée par le FTDES sur les atteintes aux droits économiques et sociaux de la femme travaillant dans le domaine du textile dans la région de Monastir, donnent froid au dos. Malheureusement ce secteur vital pour l'économie nationale lequel assure le quart de la valeur des exportations n'est autre qu'une machine de production d'une main d'œuvre marginalisée, très fragile et exploitée abusivement à tous les niveaux. Insatisfaction En fait, presque la totalité des ouvrières sont insatisfaites de la paye qu'elles touchent à la fin de chaque mois. Cela est dû à la hausse continue des indices des prix et la régression du pouvoir d'achat, d'autant plus que la majorité des ouvrières prennent en charge leurs familles. Elles se retrouvent ainsi avec 60 dinars dans la poche pour subvenir à leur besoin et payer le loyer. Cet état des lieux établi par l'enquête révèle le niveau d'exploitation de la main d'œuvre du textile laquelle exerce dans des conditions de travail le moins que l'on puisse dire inhumaines. Les femmes travaillant dans le domaine enchaînent les heures de labeur pour passer entre huit heures et demie et dix heures dans la chaîne de production. Elles n'ont droit en effet qu'à une demi-heure de repos pour grignoter un petit sandwich ou un petit plat devant l'établissement du travail à même la chaussée ou sur le trottoir. L'enquête effectuée par le Forum démontre que presque la moitié des entreprises de textile ne disposent pas d'un espace aménagé pour permettre aux ouvrières de déjeuner correctement. Même les usines qui ont aménagé ces espaces ne respectent pas les normes en la matière. D'ailleurs, 37 % d'entre elles manquent de meubles, et d'aménagement. D'autres espaces ont carrément été transformés pour stocker la marchandise. Et les normes ? Ce n'est pas tout. Les conditions de travail ne répondent pas aux normes requises et ne respectent pas les critères imposés par l'inspection du travail. Très souvent les ouvrières passent des heures assises sur des chaises non ergonomiques pour travailler dans une espace pas très bien éclairé ni aéré. A cet effet, 31 % des femmes considèrent que le travail qu'elles effectuent est pénible et qu'elles souffrent des maux de dos et de troubles musculo-squelettiques, en plus de problèmes de vue. En fait, les abus des droits économiques et sociaux des ouvrières du textile ne se limitent pas à ce niveau. Plus de la moitié des employées travaillent selon une formule fragile, d'où le risque d'être licenciées car les contrats ne mentionnent pas la date de la fin du travail dans l'entreprise. Pis encore. Certains investisseurs exploitent ces femmes lesquelles exercent le métier sans même un contrat de travail. Elles sont d'ailleurs, de l'ordre de 13 % selon l'enquête. Mais qui sont à vrai dire ces sociétés de textile. Les petites et moyennes entreprises employant moins de 100 salariés dominent le secteur. Elles représentent 74 % du tissu d'entreprises dans la région de Monastir. Par ailleurs, presque la moitié de l'activité dans le domaine est assurée par des sociétés étrangères lesquelles représentent 44 % de l'ensemble des entreprises. La France occupe la première position avec 42%. Viennent juste après la Belgique et l'Italie. En fait ces trois pays accaparent 80 % de l'activité laquelle est destinée en sa totalité à l'export pour cumuler ainsi des bénéfices qui peuvent dépasser les 800 % contre une main d'œuvre pas chère et exploitée à tous les niveaux. D'ailleurs, ce que gagne l'ouvrière ne dépasse pas dans les meilleurs cas 4 % du bénéfice réalisé par les grandes entreprises sur un seul article.