Des entrelacs, des enchevêtrements sinueux, un microcosme de créatures hybrides et phosphorescentes, qui habitent la toile, comme une ruche avec un cœur de miel, où l'on ne sait plus si ce qui attire le regard, c'est l'étrange mystère chaotique qui y règne ou les vibrations quasi-assourdissantes qui s'échappent de la couleur, qu'elle soit azur, fond d mer ou ocre et terre de sienne mêlées. Ses maux bleus surgissent comme des fracas, de la surface érodée d'un tableau, qu'il semble avoir travaillé au corps à corps jusqu'au vertige, comme s'il voulait signifier en multipliant les réfractions de lumière jusqu'à saturation, qu'il y avait urgence à vider son sac, à crier sa révolte contre une mer saccagée, où des milliers de petits poissons viendraient étaler à la surface leur béance exsangue, à moins que le peintre qui emprunte toujours des chemins de traverse, tortueux et incertains, pour mener sa danse sur la virginité de sa toile, n'ait trouvé au bout de sa quête picturale, qui n'a de cesse d'advenir par ailleurs, une harmonie aux antipodes ; où le chaos auront les couleurs de l'apaisement, et la sérénité celui de tourments dont il refuse de dire le nom et qu'importe, Raouf Gara regarde toujours la mer… A la galerie « Chérif Fine Art » (Sidi Bou Saïd), et jusqu'au 3 novembre 2013, si vous cherchez un chemin de lumière, ne ratez pas l'entrée : de l'autre côté du miroir, survient un rêve. Bleue est sa couleur….