* * Le projet du Lac Sud fera travailler 140 mille personnes dans la construction * * Le taux d'intégration des diplômés de la formation est de 100% * * Les pays qui ont le plus misé sur la formation professionnelle connaissent les taux de chômage les plus bas La mondialisation, l'ouverture du marché tunisien sur les produits extérieurs, la libéralisation du secteur des services et l'exacerbation de la concurrence dans un environnement international où tout bouge avec une accélération continue, les ressources humaines, leur promotion et leur valorisation demeurent la principale richesse du pays. Le triangle de la valorisation de ces ressources est constitué par l'enseignement supérieur, l'enseignement général et la formation professionnelle. Dans la formation professionnelle, une nouvelle dynamique est initiée. Une campagne lancée hier dans tous les gouvernorats du pays vise à sensibiliser les jeunes et leurs parents aux avantages que présentent la formation professionnelle. A Tunis, hier des parents, des jeunes apprenants, d'autres sans métiers, des cadres régionaux et des cadres du ministère de l'Education et de la Formation étaient présents dans un débat avec Dr. Sadok Korbi, ministre de l'Education et de la Formation.
Le gouvernorat de Tunis avait déjà organisé une rencontre consultative sur la formation professionnelle, comme l'a rappelé M. Mondher Friji le gouverneur. L'évolution économique du pays nécessite un programme ambitieux pour la mise à niveau de la formation professionnelle. Des textes de lois ont été promulgués et révisés. Le nombre des établissements de formation professionnelle a triplé à Tunis. La gestion de ces institutions s'est améliorée. De nouvelles méthodes d'apprentissage et de formation ont été introduites. L'intégration des diplômés est faite à 100% durant le premier semestre suivant la fin de leurs études. La formation professionnelle est appelée à connaître une nouvelle dynamique durant les cinq prochaines années avec les grands projets annoncés, comme celui du Lac Sud. A lui seul le projet de Sama Dubaï fera travailler 140 mille personnes dans les différents métiers du bâtiment et de la construction. « Si notre système de formation ne répond pas à ses besoins, il y aura recours à la main d'œuvre étrangère », prévient le gouverneur. Une campagne de sensibilisation est programmée dans la ceinture occidentale de Tunis, là où le taux de chômage est le plus élevé. L'objectif est de faire connaître aux jeunes les opportunités qu'offre la formation professionnelle.
Réhabiliter le travail Prenant le relais M. Sadok Korbi insistera sur la nécessité de réhabiliter le travail et de le ranger au niveau des valeurs. Concernant la formation professionnelle l'étape de la conceptualisation est achevée. Aujourd'hui, il s'agit de passer à l'étape pratique. Les métiers évoluent très vite. Les études montrent que l'avenir de l'enseignement est déterminant. La Malaisie est leader dans le monde grâce à ses ressources humaines. La Corée du Sud avait en 1958 un niveau de développement inférieur au nôtre. Aujourd'hui, elle a une bonne position grâce à la science. L'exemple du Japon est à ce titre très édifiant. Au niveau national, le plus grand défi est celui de l'emploi. Il faut sauvegarder les emplois existants et en créer d'autres tout en augmentant le taux d'encadrement et améliorant la compétitivité. Le secteur des services sera prochainement libéralisé. La force du système de formation professionnelle est dans sa réactivité. D'ailleurs ce sont les pays qui ont le plus investi dans la formation professionnelle qui connaissent le taux de chômage le plus bas. En Union européenne le taux de chômage est de 18,4% sauf en Suisse, en Norvège et en Allemagne. En Suisse le taux de chômage est de 0% parce qu'à la fin du cycle moyen 80% des élèves sont orientés vers la formation professionnelle. En Allemagne et en Norvège le taux de chômage est de 5%. 60% des élèves d'après le cycle moyen sont orientés vers la formation professionnelle. En Tunisie, ces proportions sont inversées. 20% seulement, sont orientés vers la formation professionnelle et 80% vers l'enseignement général.
Le bâtiment, un secteur d'avenir Comme le défi est de porter le taux de croissance du PIB à 6,1%, il faut faire appel au maximum à l'investissement, chose qui ne peut se faire sans une formation professionnelle adéquate. « Nous ne sommes pas compétitifs en termes de salaires, mais nous pouvons l'être en termes de qualifications », renchérit le ministre. Quels sont les secteurs vers lesquels doit s'orienter la formation professionnelle ? M. Sadok Korbi énumère le bâtiment et les métiers de la construction, les services hôteliers, l'électricité et les nouveaux métiers. Un technicien supérieur dans la soudure gagne dans les deux mille dinars par mois. Le plus grand chantier de construction en Tunisie est dirigé par un coordinateur de chantier, un technicien en bâtiment faisant travailler sous ses ordres 40 ingénieurs. Le nombre de centres de formation professionnelle s'élève à 357 pouvant encadrer 63 mille apprenants. Avec la formation en alternance et la formation sur les lieux du travail, le nombre des apprenants augmente beaucoup. Concernant le baccalauréat professionnel, le ministre le qualifie de « diplôme et de passeport ». Pour encourager les jeunes en général et les jeunes filles en particulier, à s'engager dans la voie de la formation professionnelle 25 milliards ont été alloués à l'hébergement. Dix mille internes peuvent être logés. La nouvelle loi sur la formation professionnelle en cours de préparation considère que le travail est une valeur. Le cap sera mis sur la qualité. Pour illustrer l'attrait que commence à avoir la formation professionnelle, le ministre évoque le cas des 500 apprenants titulaires de maîtrise d'enseignement supérieur. La formation dispensée par le secteur privé sera consolidée par le « chèque formation ». 12 mille places d'apprenants sont offertes par le privé dont seulement 4 mille sont occupées. La prochaine étape va connaître une véritable révolution dans la formation professionnelle.