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L'appauvrissement du langage dans les lieux publics et politiques
Un nouveau phénomène social
Publié dans Le Temps le 17 - 10 - 2013


Interview de Ameur Jeridi, linguiste
Un langage : n'est-il pas un lieu de vie ? La libre circulation des mots n'est-elle pas propre à un groupe social ou à peuple ? Certainement, que oui.
Car tout langage permet à travers « un ensemble de signes de s'exprimer, de communiquer » et donc de vivre ensemble en développement « un code identitaire ». Voilà que le nôtre, celui qu'on écoute dans les débats publics et politiques, constitue de jour en jour un pénible florilège d'insultes, de mots balancés avec la grâce d'un crachat. Les règles de la bienséance sont reléguées aux catacombes du langage. Disons-le en un mot ou en cent. Le Tunisien Ameur Jeridi, linguiste ayant développé une réflexion nous en parle dans ce raccourci.
Le Temps : Peut-on considérer l'appauvrissement du langage chez le Tunisien comme étant un phénomène social à part entière? S'il en est le cas depuis quand sommes-nous devenus de moins en moins ‘'éloquents'' ou peut-être bien violents verbalement ?
Ameur Jridi : La Tunisie s'est trouvée, à la faveur d'une transition socio-politique difficile, proie à une fracture sociale imputée aux idéologies et aux sectarismes religieux. Un tel constat amer est décelable dans les comportements des gens, politiciens compris. En aval, les scènes de violence physique se sont succédées. En amont, il faudrait regarder du côté du comportement verbal du Tunisien à la double échelle sociale et du leadership politique (gouvernement et opposition compris)...Le langage tunisien est plutôt riche en vocables, expressions et idiomes. Cette richesse s'est projetée, en cette phase transitionnelle, dans la violence et la malveillance au niveau des échanges sociaux comme dans la communication politique (entre leaders et entre suiveurs). C'est, en fait, un phénomène social de taille, vu l'importance de la communication entre les gens où le langage parlé (et écrit) reste sa base et son cadre de référence. Dans notre usage quotidien du langage, il y a une part de violence, d'agressivité, de fébrilité, mais ces aspects de notre discours a pris de l'ampleur sous l'effet de la chute brusque de la tête du régime et son remplacement par des ‘successeurs' ébahis par le pouvoir, avec lesquels l'injustice et la pauvreté n'ont fait qu'empirer. Cet état de fait a été conjugué à la liberté acquise, mais exercée sans scrupules ni vergogne. Par presque tout le monde !
Comment peut-on détecter l'appauvrissement du langage dans une population donnée? Est-ce que cela peut avoir des origines historiques?
Assurément. Depuis l'ère du temps, notre pays a été un lieu de convoitises et donc de conquêtes. L'élan violent est forgé dans la nature même des gens, tout autant que le civisme, la débrouillardise, le sens du juste milieu. Mais voilà que le départ impromptu de dictateur a cassé ‘l'équilibre' psychosocial qui prévalait et a libéré les sentiments et les vieilles rancunes de certains. Les langues se sont ‘'déliées'' car elles étaient déjà prêtes aux écarts du langage qui, à son tour, révèle les intentions des uns et des autres.
Est-ce une question d'éducation et donc cela reviendrait-il, en premier, au rôle de la famille ?
Evidemment, pour que ce nouvel équilibre s'instaure, le rôle de la famille reste essentiel, mais c'est le système éducatif et culturel qui est appelé à une réadaptation au nouveau contexte de reconstruction et une refonte / réforme de ses approches, de ses fondements, de ses fins, et de ses méthodes.
La situation socio-économique qui prévaut peut-elle en être la cause directe ?
Sous nos cieux, la pauvreté a engendré d'autres pauvretés immatérielles. La pauvreté est ce mal pernicieux qui caractérise la Tunisie postrévolutionnaire et qui ne concerne pas uniquement l'aspect matériel, la disette d'argent. L'appauvrissement du langage, la misère intellectuelle, la disette d'idées salvatrices. Si on observe comme il se doit la situation on peut en conclure que ce mal qui sévit dans notre pays relève du domaine de l'éthique. Nous devrions, avant toutes choses, édifier une éthique qui nous permet de nous respecter mutuellement, et par-là même respecter le monde qui nous entoure, entre autres l'environnement. Je crois que nous devrions développer certains concepts et les traduire dans la réalité à travers notre comportement comme par exemple : savoir-vivre, décence, courtoisie, civilité, honnêteté, règles de bon usage, etc. La richesse matérielle d'un peuple naît dans les valeurs éthiques d'abord !
Qu'en est-il des déceptions des Tunisiens quant à la marche du processus de la transition démocratique et particulièrement quant à l'exercice du gouvernement actuel?
Pour le moment on ne dispose pas de données statistiques qui nous permettent de quantifier ce phénomène. Mais en observant l'humeur générale des Tunisiens qu'on croise dans la rue, dans les différents lieux publics on pourrait en constater que bon nombre de nos compatriotes sont dépités, ne voient pas l'avenir du bon œil, vu la cherté de la vie et la stagnation de la vie politique. Il va sans dire que personne n'est, pour le moment, certain pour ce qui est de l'avenir de notre pays. Et c'est ce sentiment d'incertitude qui fait que les uns et les autres deviennent vulnérables. Les rêves révolutionnaires de bons nombres de Tunisiens qui ont cru un moment que le pays sera libre et libéré du joug de l'injustice… ont été certainement confisqués. Les Tunisiennes et les Tunisiens doivent comprendre que la situation actuelle ne changera que si eux-mêmes changent. Chaque peuple a le gouvernement qu'il mérite. Si nous serons un peuple civilisé jamais un mauvais gouvernement ne pourra jamais nous gouverner.


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