Bien plus que la feuille de route, la nécessité impérieuse, vitale, aujourd'hui, consiste à réinstaurer la sécurité et à éradiquer le terrorisme. Ce dernier est en train de sévir selon un plan déterminé et bien étudié. Car on ne peut plus faire comme l'autruche. On ne peut plus, alors que les Tunisiens sont pris d'un frémissement vertigineux, ignorer que la Tunisie est désormais une base retranchée du terrorisme et les spécialistes de la question n'en sont plus à spéculer de manière conjecturale sur l'ogre d'Ansar Al Chariaâ mais bien sur les implications de ce monstre de l'Aqmi. Un monstre qui a toujours louvoyé vers notre pays et, même réussi à y semer la terreur à Soliman, alors que le régime de Ben Ali dormait déjà sur ses lauriers. Aujourd'hui, le dispositif sécuritaire du pays, tous corps confondus – Armée, Garde nationale, Forces de l'ordre – a besoin de peaufiner une stratégie anti-terroriste réelle, à la pointe. Parce que tout en louant les sacrifices qu'ils paient de leur vie pour la sécurité du pays, force est de reconnaître que les différents corps sécuritaires, à cause des tiraillements et des attitudes béates des politiques, donnent l'impression d'être seuls face à la terreur et d'évoluer en rangs dispersés. Le terrorisme réussit à faire diversion. Il frappe ici et là, parce que si nous en connaissons le but nous n'en connaissons toujours pas les articulations et les ramifications.Sans doute, le ministère de l'Intérieur en a-t-il atténué les effets, appelant les organes de presse à faire preuve de retenue et à ne guère publier d'informations susceptibles de tromper l'opinion publique et de perturber le cours des investigations. Cela ne veut pas dire qu'il minimise. Mais il est quand même tenu d'informer en temps réel et de dépasser les simples communiqués laconiques. Il s'agit d'informer. Et c'est aussi le droit des citoyens d'être informés. Le terrorisme ne saurait en effet être éradiqué par le seul appareil sécuritaire. Dans une démocratie qui se respecte, les citoyens libres, imbus de valeurs de tolérance et jaloux de la sécurité de leur pays et de la leur propre, sont tout aussi impliqués. Depuis la tragédie des Tours Jumelles, les Américains sont tenus informés de manière instantanée sur la moindre suspicion d'acte terroriste. Et ils ne paniquent pas pour autant. Les Tunisiens, déjà tourmentés par les hérésies politiques et qui se retrouvent à mal vivre après une Révolution pourtant, au début, porteuse de délivrance, risquent à ce train, depuis les assassinats de Belaïd et Brahmi et le carnage du Chaâmbi, de verser dans une véritable psychose générale. Et l'attitude du Pouvoir qui nous dit que la situation sécuritaire est sous contrôle et argumente toujours à coups de dormeuses, décuple l'angoisse latente des citoyens. Trêve donc de querelles et de tiraillements politiques. Dotons plutôt les corps de sécurité du pays de la considération et de la logistique indispensables pour que la Tunisie redevienne le havre de paix de toujours et retrouve la sérénité.