Une menace terroriste planerait sur le palais de Justice au boulevard Bab Benat à Tunis, selon le communiqué qu'a fait paraître, l'Ordre national des avocats, corroboré par la déclaration du Bâtonnier Chawki Tebib, dans la même journée à une radio de la place. Aussi, le palais de Justice a-t-il été placé sous haute sécurité, dès que cette information fut parvenue, d'une source sécuritaire, selon le bâtonnier. Les mesures nécessaires ont été prises, avec la vigilance idoine des agents de l'ordre déployés dans les points stratégiques du palais de justice, ainsi que dans d'autres tribunaux de Tunis et de la banlieue. Le terrorisme est comme le virus d'une grave maladie qui peut passer d'une personne à une autre sans crier gare et en un temps très court, voire au moment où on s'y attend le moins. C'est l'effet de surprise qui fait que ce virus qu'on appelle terrorisme ne peut être détecté à l'avance, car il est latent et il se présente sous différents aspects pour atteindre plusieurs cibles à la fois. Ses adeptes agissent au nom l'Islam, dont ils oeuvrent à réinstaurer les préceptes dans tous les pays musulmans et surtout à corriger ceux qui enfreignent ses règles et qu'il traitent de mécréants (Kafir) et de suppôts de Satan. Tensions et dérive sécuritaire La tension dans les tribunaux a commencé depuis la Révolution, lorsque la dérive sécuritaire a gagné le pays un peu partout, et notamment dans les points stratégiques où en temps normal la sécurité est de mise, tels que les commissariats de police ou encore les prisons. C'était le début de la Révolution, et c'était le commencement de l'absence de sécurité dans les tribunaux. On se rappelle tous, le trouble qu'ont semé les barbus au sein du tribunal et dans ses parages, lors du procès de Nessma, relatif à l'affaire Persépolis, le fameux film blasphématoire et pour lequel le directeur de la chaîne de télé concerné a été traité de mécréant et poursuivi pour atteinte au culte. C'est depuis cette période qu'il y avait une menace d'absence de sécurité dans les tribunaux. Evidemment les agents de l'ordre n'ont jamais failli à leur devoir, mais il n'empêche que la menace d'une quelconque agression était latente. Les troubles qu'ont connus depuis les tribunaux, que ce soit à l'occasion des procès des responsables de l'ancien régime, ou de l'affaire de dissolution de l'ex-parti au pouvoir durant le régime de Ben Ali, ont de plus attisé la colère et des avocats et des magistrats, et la tension entre eux n'a fait qu'augmenter. D'où l'augmentation de menaces d'une quelconque action terroriste dans les tribunaux, devant une absence de sécurité notoire. Incidents entre les hommes en robe La tension entre avocats et magistrats était, jeudi dernier à son paroxysme, suite au différend qui les a opposés et surtout à l'incident qui a éclaté dernièrement au tribunal de Béja. La grève qui a été observée avant-hier par les avocats est due à cette tension dont la cause est le refus par les magistrats de prendre en considération le nouveau décret-loi réglementant la profession d'avocat, dont notamment l'article relatif à l'immunité de l'avocat. Cette immunité ne court évidemment que dans le seul cadre de l'exercice de sa profession. Si au cours d'une plaidoirie, le tribunal estime qu'un avocat a failli à son obligation par des propos outrageants à ses yeux, il est tenu d'en référer à l'ordre et au procureur. Or plusieurs avocats ont comparu en tant qu'accusés dans ce sens, sans que l'ordre ne soit avisé. C'est là la pomme de discorde entre avocats et magistrats, et la goutte qui a fait déborder le vase a été, à l'occasion des incidents survenus au tribunal de première instance de Béja. Réunion du conseil de sécurité à Carthage Après le discours, au cours duquel il a surtout insisté sur la primauté de la loi, en traitant Ansar Al Chariâa de hors-la-loi, Ali Laârayedh a surtout insisté sur le fait que la sécurité est parmi les priorités au programme de son gouvernement. Une réunion s'est tenue hier au palais de Carthage, en présence des trois présidents et des ministres en vue d'étudier l'évolution de la situation sécuritaire au Mont Chaâmbi et voir les mesures qui s'imposent pour une solution radicale. Celle qui puisse éradiquer, le terrorisme qui constitue une sérieuse menace pour le pays et qui peut très vite gagner du terrain, car du Mont Chaâmbi au palais de Justice il n'y a qu'un pas !