Je n'ai pas l'habitude Fiston De parler de toi Dans mes poèmes Mais cette fois C'est plus fort que moi Je dois te dire Que je t'aime A tout vent Mon beau garçon Que j'ai envie Tant que je vis De narguer A travers ta noire toison mes cheveux blancs De braver Avec tes bras puissants le poids des ans Sur mes jambes D'entrevoir fièrement Le cortège vers ma tombe Toi à mes côtés la vieillesse a ce bon goût Du thé Mentholé Du lait crémeux De ton petit déjeuner Du verre enivrant Partagé en soirée Du fou rire Devant la télé Toi à mon chevet Je renais Je jubile Par le souffle juvénile Que tu transmets Et je souris En feuilletant ton album De bébé Avec maman Avec mémé Avec ce qui reste De la lignée Ce matin Au réveil J'ai comme le sentiment A nul autre pareil D'aimer l'automne De vibrer aux sanglots longs monotones de l'anémone d'éclore en septembre de fleurir en octobre de rosir à la saison sombre parce que ta voix m'a susurré au téléphone un bonjour papa un comment tu vas un je pense à toi vermeils dorés au soleil gorgés de miel d'abeilles imbus de printemps te voilà déjà devant la porte du jardin jouant comme dans le temps avec ton chien et mes chatons avec maman dans la cuisine croquant ta pomme et sa tartine dans le salon cherchant la commande sous le divan puis à tâtons dans ma chambre jusqu'à mon lit jusqu'à mes doigts refroidis par la nuit ensuite ta lumière étant ton jour aidant s'ouvrent alors les paumes de mes mains pour recueillir les senteurs de ton paradis et les bonheurs de nos lendemains