• Ali Laârayedh n'annonce pas la démission de son gouvernement Le dialogue national visant à résoudre enfin la profonde crise politique qui paralyse le pays depuis l'assassinat, le 25 juillet, du député d'opposition Mohamed Brahmi n'a pas finalement eu lieu. Alors que le gouvernement, réuni en conseil extraordinaire, s'apprêtait à faire une annonce relative à son engagement avant la fin de la journée d'hier, des milliers de manifestants ont investi l'Avenue Habib Bourguiba pour demander le départ du cabinet dirigé par le mouvement Ennahdha. Aux cris de «le peuple veut la chute du régime», « Dégage » ou encore «gouvernement de traîtres, démissionne !», les manifestants qui répondaient à l'appel du Front de Salut entendaient mettre la pression sur le gouvernement. Parallèlement, des membres des Ligues de protection de la révolution (LPR) ont eux aussi Investi l'avenue Habib Bourguiba pour défendre la « légitimité du gouvernement ». La promiscuité entre les deux camps avait fait craindre des affrontements. Il y a même eu des débuts d'escarmouches entre les membres des LPR et les militants du Front populaire. Les forces de l'ordre sont intervenues et ont arrêté deux jeunes appartenant au LPR, qui ont décidé de quitter les lieux. La manifestation s'est par la suite déroulée dans le calme. On a même enregistré une fraternisation entre les manifestants et les agents de l'ordre devant le siège ministère de l'Intérieur. Vers le coup de 13 heures, les manifestants se sont dirigés vers la Kasbah pour se rassembler devant le Premier ministère. Dans le même temps, le Premier ministre Ali Laârayedh devait annoncer l'engagement de son cabinet à démissionner lors d'une déclaration à la mi-journée. Report Dans un entretien télévisé mardi soir, le président de l'Assemblée nationale constituante et secrétaire général du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol), Mustapha Ben Jaâfer, a indiqué que M. Laârayedh devrait annoncer son intention de démissionner dans «quelques semaines». «Demain, en principe, le gouvernement va annoncer son engagement à respecter la feuille de route (des négociations) et après quelques semaines sa démission», a-t-il dit. Hier, au Palais de la Kasbah, où le Chef du gouvernement avait réuni ses ministres, la tension était à son comble. On a appris de sources proches de l'opposition que de nombreux ministres appartenant notamment au Congrès pour la République (CPR) et au mouvement Ennahdha qui participaient ont refusé de démissionner sous la pression de la rue. Vers le coup de midi déjà, le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle annonçait que la manifestation organisée par l'opposition pourrait inciter Ali Laâryedh à annuler sa déclaration qui était prévue vers le coup de 14 h 30. Cette déclaration tant attendu a été reportée. A l'heure où s'écrivaient ces lignes, aucune source officielle n'a, cependant, annoncé l'annulation la déclaration du Chef du gouvernement. Conséquence : le dialogue national qui devrait être entamé à 15 heures n'a pas démarré. Autre fait de première importance: à 17 h 30, les représentants d'Ennahdha et de Nidaâ Tounes (L'Appel de la Tunisie/opposition) ne s'étaient pas présentés au siège du ministère des Droits de l'Homme, selon le député Mahmoud Baroudi, qui représentait l'Alliance Démocratique. Feuille de route Dans le même temps, des affrontements meurtriers ont eu lieu dans la localité de Sidi Ali Ben Aoun (gouvernorat de Sidi Bouzid) entre des agents de la garde nationale et des terroristes présumés. Six gendarmes et deux terroristes ont été tués, selon un premier bilan établi par le syndicat des agents de l'ordre. Ce syndicat a également annoncé des blessés dans les deux camps, tout en précisant que l'affrontement a débuté lorsque les forces de l'ordre ont voulu faire une descente dans la maison occupée par les suspects. Cet incident malheureux a renforcé le climat de tension qui régnait dans le pays. Lors du dialogue national, 21 partis représentés à l'Assemblée nationale constituante devraient discuter de l'application d'une feuille de route rédigée par quatre organisations nationales qui jouent le rôle de médiateurs (UGTT, UTICA, Ordre des avocats, Ligue de défense des droits de l'Homme). Cette feuille de route prévoit que le cabinet en place annonce son intention de démissionner et qu'un nouveau gouvernement apolitique soit formé dans les trois semaines suivant le début des négociations. Le Premier ministre a pour sa part promis, jusqu'à présent, de quitter ses fonctions une fois la Constitution, attendue depuis deux ans, adoptée. Le nouveau gouvernement, dont la principale mission sera de veiller sur l'organisation d'un scrutin transparent et crédible, ne pourra être destitué, selon le plan de sortie de crise proposé, que par une majorité des deux tiers des membres de l'ANC. Ses membres ne devraient pas, se présenter aux prochaines élections La soixantaine de députés d'opposition boycottant l'Assemblée nationale constituante depuis le début de la crise politique déclenchée par l'assassinat d'un député d'opposition le 25 juillet, ont indiqué, mardi, avoir reçu des assurances sur la démission du gouvernement.