- L'attentat suicide qui visait l'hôtel Riadh Palm n'a pas fait de victimes en dehors du kamikaze - Agé de 18 ans, L'auteur de la tentative d'attaque à l'explosif ciblant le mausolée Habib Bourguiba transportait du TNT et des câbles dans un sac à dos - Un groupe de touristes, à Sousse, a demandé à être évacué Le terrorisme cible les régions touristiques situées sur la côte-est pour la première fois depuis la révolution. Un attentat suicide a été perpétré, hier, à Sousse et une attaque ciblant le mausolée du premier président de la Tunisie indépendante Habib Bourguiba a été déjouée à Monastir. Selon un communiqué publié par le ministère de l'Intérieur un kamikaze s'est fait exploser sur une plage déserte à ce moment là située à proximité de l'hôtel Riadh Palm à Sousse. L'attentat suicide n'a pas fait de victimes en dehors du kamikaze. Selon des témoins oculaires, l'attaque suicide s'était produite vers 09 heures 30. Le kamikaze qui cherchait à accéder à l'hôtel par une porte arrière a été repéré par les gardes et pourchassé sur quelques dizaines de mètres jusqu'à la plage, où il s'est fait exploser. Certains témoins ont indiqué que le kamikaze qui avait la peau basanée pourrait être d'origine africaine. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, a, toutefois, démenti cette information, précisant que le jeune homme est de nationalité tunisienne. Selon des sources sécuritaires, le Kamikaze a été identifié comme étant Mohamed Jelili Ayedi Ben Romdhan (23 ans). Le jeune homme serait originaire de la cité Ezzahrouni (gouvernorat de Tunis) d'après sa carte d'identité nationale. De nombreux agents de sécurité ont procédé juste après l'explosion au ratissage de la zone à la recherche d'un complice qui s'est enfui. Une manifestation spontanée rassemblant plusieurs centaines de personnes s'est, par ailleurs, déroulée dans le centre de Sousse pour «dénoncer le terrorisme». Attaque avortée Vers le coup de 10 heures, une autre attaque ciblant le mausolée de Habib Bourguiba, dans le centre ville de Monastir, a été déjouée lorsqu'un jeune homme portant un sac à dos contenant des explosifs a été repéré et arrêté. «Un jeune homme âgé de 18 ans en possession d'explosifs a été arrêté», a déclaré le porte-parole de l'Intérieur. Un porte-parole du syndicat de la garde présidentielle, Hichem Gharbi, a précisé, de son côté ; que le terroriste arrêté n'était pas barbu et avait l'air d'un élève. Il est entré au musée de Monastir en suivant un groupe de touristes avant de se diriger vers le Mausolée de Habib Bourguiba. Se sentant suivi par des agents de l'ordre, le jeune homme a tenté de détourner l'attention des policiers en jetant un pétard dans le hall du mausolée. Malgré sa tentative de prendre la poudre d'escampettes, il a été arrêté par les agents de la garde présidentielle qui surveillaient les bâtiments, a rapporté Mosaïque FM, identifiant le jeune homme comme étant Aymen Sâadi Berchid, originaire de Zaghouan et objet de quatre mandats de recherche émis à son encontre. Un témoin oculaire a fait savoir que l'homme avait été dénoncé par un guide touristique en raison de son comportement suspect. Selon Mohamed Ali Laroui, les deux actes terroristes ont été perpétrés par des «salafistes djihadistes», deux Tunisiens, dont l'un revenait d'un pays voisin. Craintes pour le tourisme L'attentat suicide et la tentative d'attaque contre le mausolée de Bourguiba constituent les premiers actes du genre depuis la révolution. Jusque-là, les groupes terroristes armés étaient actifs dans les montagnes de Chaâmbi, le Kef, Béjà et Jendouba proches de la frontière algérienne. Le seul attentat suicide commis dans une région touristique remonte à 2002, lorsqu'un kamikaze a tué 21 personnes en 2002 dans la Ghriba à l'île de Djerba. Cet attentat a été revendiqué par Al Qaïda. Toutes les opérations terroristes commises après la chute de Ben Ali n'ont pas été, en revanche, revendiquées. Emprisonnés ou suivis de très près sous Ben Ali, plusieurs groupes salafistes ont pris depuis 2011 le contrôle de plusieurs mosquées. Des islamistes radicaux ont par ailleurs attaqué des débits d'alcool et des représentations théâtrales, jugées contraires à la religion. Selon le ministère de l'Intérieur, les groupes armés ont tiré profit du chaos actuel en Libye voisine, où le gouvernement central peine à imposer son autorité depuis la chute de Kadhafi en 2011, pour s'équiper en armes et pour s'entraîner. Les deux nouvelles opérations terroristes risquent, par ailleurs, de porter un coup dur à l'industrie touristique qui a déjà connu un début d'année difficile suite à l'assassinat de Chokri Belaïd en février. Selon la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie, un groupe de touristes résidant à Sousse a déjà demandé à être évacué du territoire tunisien suite aux évènements survenus hier. Walid KHEFIFI Les citoyens appelés à coopérer avec les sécuritaires et les militaires dans la lutte contre le terrorisme La présidence de la République rappelle, hier, dans un communiqué, que le conseil national de sécurité, tenu vendredi dernier, avait mis en place un plan de sécurité intégral pour lutter contre tout acte terroriste qui pourrait se produire dans le pays. Ce plan a permis aux appareils sécuritaire et militaire d'affronter ces menaces de manière judicieuse et efficace, en allusion aux deux actes terroristes qui ont été avortés, hier matin, dans une plage à Sousse, et au Mausolée de Bourguiba à Monastir. La présidence de la République appelle les citoyens à coopérer avec les sécuritaires et les militaires dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme, en signalant tout mouvement suspect. Ces opérations et menaces terroristes, affirme-t-on de même source, ne réussiront pas à saper les efforts visant à faire réussir le processus de transition et à surmonter les difficultés actuelles. La présidence de la République se dit également confiante en la capacité des sécuritaires et des militaires et grâce au degré de conscience du peuple à gagner ce combat contre le terrorisme.