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«C'est l'autorégulation qui est susceptible de mettre fin aux dépassements et non pas les sanctions»
Publié dans Le Temps le 08 - 06 - 2014

Outre les lois spécifiques propres à chacune des deux instances de régulation, la HAICA et l'ISIE, le nouveau code électoral en a prévu d'autres qui leur sont communes, les invitant à coordonner leur action et à travailler au coude à coude en vue de mener à bien l'opération électorale. Cette exigence s'explique par l'enchevêtrement de leurs champs de manœuvres respectifs en dépit du fait que l'objet de supervision soit les médias, pour l'une, et les partis politiques et les candidats, pour l'autre. C'est dans ce contexte et dans le but de compléter le cadre juridique de la couverture médiatique de ces élections qu'avant-hier elles ont organisé un atelier auquel étaient invités des associations de la société civile, des commissions professionnelles et des experts. Au-delà de ce travail commun, la HAICIA aura à parcourir un chemin qui n'est pas de tout repos, selon le témoignage de son président même, notre invité. Les difficultés ont déjà commencé à surgir depuis un certain temps, que ce soit à l'occasion des sanctions prises par elle contre les médias jugés contrevenants, ou bien au moment de la publication des cahiers des charges, et le procès, intenté à son encontre par des patrons de médias et quelques journalistes, est toujours en cours. Les détracteurs de l'instance de régulation de l'audiovisuel lui reprochent devouloir instaurer une censure et se substituer, ainsi, au fameux ministère de l'Information de Ben Ali. Notre invité s'inscrit en faux contre ces accusations dans lesquelles il voit un faux réquisitoire.
-Le Temps : maintenant que le champ d'action temporel de votre intervention est élargi, comment allez-vous organiser votre supervision des médias ?
-M Lajmi :notre objectif, maintenant, c'est d'assurer le monitoring des médias qui va suivre tous les programmes diffusés sur les chaînes de télévision et les stations de radio, et bien évidemment, relever les éventuels manquements. Et le conseil de la HAICA décidera s'il y a des sanctions à prendre ou bien de simples rappels à l'ordre. Dans le cas où ces écarts de conduite seraient commis par des candidats oudes partis, ils seraient envoyés à l'ISIE pour qu'elle puisse prendre les mesures nécessaires et y mettre fin. Donc, comme vous le voyez, c'est un travail qui se fait en étroite collaboration entre les deux instances sur la base de concertation et d'échanges de rapports.
-Pendant la période de trois mois, précédant la campagne électorale, et que vous avez baptisée « période de vigilance », vous ne disposez pas de moyens dissuasifs excepté les recommandations dont l'inobservance n'entraîne pas de sanctions. Comment comptez-vous remédier à cette lacune ?
-Le principe même de la politique de régulation repose sur l'adoption d'une espèce de culture de régulation et, bien entendu, d'autorégulation. Depuis la création de la HAICA, on s'est employé dans une démarche pédagogique à expliquer aux journalistes et aux médias l'importance d'adopter eux-mêmes des principes d'autorégulation. Donc, ce qui va les sauver, ce n'est pas, à mon sens, les sanctions, mais c'est plutôt leur conviction de l'importance du respect des règles de déontologie. Ce n'est qu'en respectant ces règles-là que l'on pourra défendre la liberté de la presse et la liberté d'expression, préserver la diversité du discours médiatique et rétablir les liens de confiance avec le public, parce que, finalement, le rôle des médias c'est de produire une information de qualité pour répondre à son droit à l'information. La Révolution devrait nous conduire, au niveau des médias, à adopter une attitude saine, c'est-à-dire respecter la responsabilité sociale du journaliste et faire en sorte que le journalisme soit un outil de démocratisation et non pas d'exclusion, ni d'incitation à la haine, etc. Il s'agit d'une nouvelle culture dont l'enracinement demande un peu de temps, et je pense que ce ne sont pas les sanctions qui vont mettre un terme aux dépassements, comme un coup de baguette magique, on ne peut pas décider du jour au lendemain que les choses vont être merveilleuses. Mais progressivement, avec un travail de sensibilisation, la prise de conscience des journalistes eux-mêmes ainsi que leur formation, les choses vont changer. L'IPSI qui forme l'essentiel des journalistes, adopte des critères de qualité pour le recrutement des nouveaux étudiants avec l'instauration, depuis trois ans, d'un concours, et des enseignements consistants où on met l'accent sur les aspects déontologiques, etc. Le rythme peut paraître long, mais à la fin on va y arriver. Les médias devraient se comparer avec ce qui se passe ailleurs, conformément au slogan publicitaire qui dit que pour acheter, il faut comparer. Pour savoir si notre produit est bon ou pas, nous devons le comparer avec ce que produisent les confrères au-delà de nos frontières, et pour ce faire, les journalistes sont appelés à être autocritiques vis-à-vis de leur travail et à essayer de l'améliorer.
-Mais certains pensent que, pour instaurer cette culture que vous préconisez, il faut commencer par sévir, sinon tous les efforts de persuader les médias de ne pas commettre de dépassements seraient voués à l'échec.
-Peut-être qu'il y a là une part d'idéalisme, mais je reste, personnellement, persuadé que les sanctions toutes seules ne suffisent pas bien qu'on soit, par moments, obligé de prendre des sanctions, ce qui va dans le sens des prérogatives mêmes des instances comme la HAICA qui en a pris à l'encontre d'un certain nombre de programmes qui ne respectaient pas la loi en vigueur, concernant le respect de la vie humaine, la vie privée, la dignité humaine. Elle en a décidé l'interdiction ou la suspension, prononcé des amendes, etc. Cependant, on essaye de diminuer le nombre des sanctions, parce que leur présence accrue signifie l'échec d'un processus d'adoption d'une nouvelle culture, d'une nouvelle démarche. Cela ne veut pas dire qu'on les exclut complètement ; les sanctions doivent exister, mais il faut que ce soit dans le minimum de cas possible tout en essayant de tabler sur un travail de longue haleine portant, comme je l'ai précisé précédemment, sur la formation, le recyclage, la sensibilisation autour de questions clés, à savoir la déontologie, l'autorégulation, les règles du métier, etc. Il ne faut pas oublier qu'on sort d'une période qui est, malheureusement, sombre où la presse était muselée et censurée pendant de longues décennies, même au niveau de l'information elle ne répondait pas aux critères susceptibles de nous donner des journalistes très bien formés. Je dois dire que c'est un travail collectif que la HAICA ou n'importe quelle autre instance de régulation ne peut pas faire toute seule s'il n'y a pas cette prisede conscience de la part des acteurs de ce paysage médiatique. Il faudrait qu'ils comprennent que c'est de cette manière qu'on peut arriver à sauver le secteur qui a, par moments, dégringolé même aux yeux de l'opinion publique où on parle de l'information de la honte, etc.
-Comment évaluez-vous le comportement général des médias et des journalistes ?
-Les médias se sont décrédibilisés et enfoncés, parfois, dans le ridicule, la manipulation... Et certains d'entre eux continuent, malheureusement, à ne pas respecter les règles de la déontologie. On reçoit des dizaines, voire des centaines, parfois, de plaintes à travers notre site. Dernièrement, nous en avons reçu, par exemple trois cents concernant le programme « kamikaze de nuit » qui était sanctionné d'un mois en raison de l'atteinte très flagrante de la dignité humaine et de la vie privée. Il faut alterner les deux procédés, les sanctions lorsque le processus de sensibilisation fonctionne, et de revenir à la charge pour essayer de faire en sorte que les journalistes et les médias prennent conscience de l'importance des enjeux et du rôle qui est le leur, notamment, dans cette période historique que traverse la Tunisie, une période où, en tant que journalistes, on doit être encore beaucoup plus vigilants que dans une période ordinaire. Toutefois, souvent, ce sont les patrons de presse qui sont à l'origine de certains manquements pour des intérêts économiques, partisans, etc. C'est pourquoi il faut mettre l'accent aussi sur le rôle de ces derniers dans la bonne utilisation de leurs médias, dans le respect des règles de déontologie et des textes de référence aussi bien sur le plan international qu'au niveau national. En dépit de tout cela, certains médias commencent à se doter de chartes, ce qui est de bon augure. Cela promet qu'il va y avoir un changement qui n'est, certes, pas radical qui se fait du jour au lendemain, mais progressif, et c'est tant mieux.
-Lors du workshop sur le rôle du médiateur, vous avez mené une action de sensibilisation à l'endroit des médias quant à l'importance de ce poste, mais jusqu'à maintenant il y a seulement un qui a répondu favorablement à cette demande. Cette nonchalance de la part de la majorité écrasante des établissements médiatiques ne traduit-elle pas leur manque de conviction en ce qui concerne son utilité?
-Le médiateur c'est un outil parmi d'autres dont un média doit se doter pour garantir le respect de la déontologie. Désormais, et selon les cahiers des charges qui ont été publiés par la HAICA, au mois de mars dernier, ce médiateur va être obligatoire. Dès lors qu'il signe ces cahiers, le média sera dans l'obligation d'instituer ce nouveau poste qui est une sorte de pont entre les téléspectateurs et les auditeurs, d'une part, et les salles de rédaction, de l'autre, en vue de corriger ce qu'il faut corriger lorsqu'il y a manquement et expliquer aussi les exigences ou les spécificités de ce métier, étant donné qu'il y a des gens qui ne les connaissent pas encore. C'est le cas, par exemple, quand une personne vous fait une déclaration de quinze minutes et qu'elle veut qu'elle passe intégralement sur votre antenne, alors que vous avez un programme, qui ne dépasse pas dix minutes, et trois intervenants. Le but de l'institution du médiateur, c'est d'établir des liens de confiance entre le public, les médias et les journalistes. C'est là où réside le secret de la pérennité d'un média.
-Les médias prétendent que vous ne les avez pas fait participer à l'élaboration de ces cahiers des charges et vous accusent de vouloir restaurer le ministère de l'iInformation, c'est pourquoi ils vous attaquent en justice, comme vous le savez. Quelle est votre réponse à ces griefs?
-Ces accusations sont dénuées de tout fondement. Nous avons organisé huit ateliers auxquels nous avons invité les principaux acteurs du paysage médiatique dont nous avons retenu pas mal de propositions qui ont participé à la modification de beaucoup d'articles. Et tout cela est documenté. Le premier brouillon des cahiers des charges ne ressemble pas beaucoup, sur un certain nombre d'articles, au dernier qui est sorti. Donc, on a maintenu les propositions qui étaient adaptées à l'esprit de ces derniers, comme nous l'entendons, bien entendu, mais on ne peut pas accepter que les médias se substituent à la HAICA pour produire des cahiers des charges, ce qui empiéterait sur ses prérogatives et constituerait une violation du décret-loi 116. La HAICA c'est elle qui accorde les autorisations et c'est elle qui les renouvelle, et parmi les conditions indispensables pour en avoir une, il y a la signature de ces cahiers des charges. A partir du moment où des lois existent, il faut les appliquer, et plus tard, dans une année, c'est-à-dire après les élections, on pourrait organiser une conférence nationale à laquelle on inviterait les différents acteurs de la scène médiatique pour voir s'il y a des choses qui soient en contradiction avec la liberté de la presse, comme certains le prétendent, auquel cas on procèderait à leur rectification ou à leur suppression. On nous accuse de vouloir rétablir le ministère de l'Information en présentant des arguments fallacieux qui ne tiennent pas la route ni sur le plan juridique, ni sur le plan éthique. Il y a des gens qui critiquent les cahiers des charges alors qu'ils ne les ont jamais lus d'une manièreattentive.
-Mais ils vous reprochent de violer des droits qui sont garantis par la constitution.
-C'est une accusation mensongère. Ils s'opposent, par exemple, au fait qu'on ne donne pas d'autorisation à un dirigeant d'un parti politique, bien qu'on ne fasse qu'appliquer un principe qui est observé dans tous les pays démocratiques et qui consiste à séparer la politique des médias. Ils prétendent qu'une telle mesure est contraire à la constitution, alors que ce n'est pas vrai, car le secteur médiatique a ses particularités, c'est un secteur qui a beaucoup d'influence sur l'opinion publique. C'est pour cela qu'on se méfie des hommes politiques, notamment, ceux qui sont dans les instances dirigeantes ; ils ne doivent pas être détenteurs de médias, c'est une évidence, à moins qu'on veuille avoir l'exemple italien avec tous ses travers. Il est impératif d'observer, scrupuleusement, ce principe de séparation si on tient, vraiment, à asseoir les bases d'un système qui respecte les règles d'indépendance, de neutralité et du rôle social des médias. Par exemple, le canadien, Pierre-Karl Péladeau, qui était à la tête d'un empire médiatique, Québécois, a tout quitté, quand il a décidé de franchir le cap et d'aller vers la politique. On ne peut pas faire les deux en même temps, car c'est un mélange explosif, la politique nuit aux médias et inversement. Lorsqu'ils sont politiqués, ces derniers tombent, nécessairement, dans la manipulation et la désinformation. Au Canada, un journaliste ne peut entrer à Radio Canada que s'il prouve que, pendant les deux dernières années, il n'avait aucune activité politique, et il y a un ministre, aujourd'hui, qui était journaliste dans ce média. Donc, celui qui désire faire le saut de la politique, il est libre de le faire, mais à condition de quitter le secteur médiatique. Concernant l'autre grief qu'ils soulèvent et qui se rapporte au renouvellement de l'autorisation tous les sept ans, sachez qu'au Canada même la radiotélévision de service public est soumise au principe du renouvellement de la licence. Il faut rendre des comptes en prouvant qu'on a respecté les cahiers des charges, etc. Nous estimons que l'élaboration des nôtres était rédigés après mûre réflexion, nous avons pris un temps considérable pour essayer d'élargir au maximum le champ de concertations et d'échanges avec des acteurs et des experts et avoir, finalement, un produit qui respecte et les intérêts économiques des uns et la liberté d'expression et le droit du citoyen d'accès à une information de qualité. Ce qui n'est pas toujours facile, il s'agit d'un équilibre qui est, parfois, un peu difficile à réaliser. Notre but c'est d'élever le niveau de l'information véhiculée en Tunisie dans l'audiovisuel ; il faut que cette information réponde aux besoins des citoyens et qu'elle respecte les différentes règles de déontologie et celles du métier.
-L'expérience du 23 octobre nous a édifiés sur les dépassements que pourraient commettre des médias qui émettent à partir de l'étranger. Est-ce que vous avez pensé à la manière d'y faire face ?
-Je pense qu'on ne peut pas situer le débat dans un cadre général, cela devrait être examiné au cas par cas. Si, par exemple, c'est le public cible d'une chaîne de télévision, qui émet de l'étranger, c'est la Tunisie, nous essayons de trouver le moyen pour l'empêcher de participer à la campagne électorale ou à la couverture médiatique en dehors de toutes les règles. Nous avons des relations avec un certain nombre de régulateurs à l'étranger avec lesquels nous allons nous concerter pour essayer de trouver les manières adéquates et éviter qu'il y ait des dépassements ou des manquements graves de la part de ces médias. Je pense qu'à part quelques cas les médias étrangers ne vont pas accorder des espaces temps extraordinaires aux élections tunisiennes. Pour le moment, il faudra trouver, en collaboration avec l'ISIE, des moyens de contrôler, notamment, les candidats résidant à l'étranger sur la base du volume des dépenses. En tout cas, la HAICA va assurer un monitoring des grands médias internationaux qui émettent vers la Tunisie ; ils vont être, donc, regardés, et observés de très près pour vérifier s'il y a des manquements.
-Mais si le problème peut être résolu avec les régulateurs anglais, par exemple, ce n'est pas évident qu'il le soit avec les Qataris dont la chaîne Al Jazeera Mubacher a, ouvertement, organisé la campagne électorale d'Ennahdha, lors des élections précédentes.
-Je dis qu'il ne faut pas couper la main du voleur avant qu'il ne vole. Mais si ces cas vont se poser, on va essayer, à travers lescontacts directs avec les médias eux-mêmes et les candidats aussi, vu que ces derniers ne peuvent pas entreprendre quelque chose en dehors de leur volonté, de voir comment remédier à ces problèmes-là. Je pense que ce genre de dépassements sera une simple exception et non pas une règle générale, les médias étrangers ne vont pas s'immiscer dans notre campagne électorale, comme le prétendent certains.
-L'une des grandes imperfections de la composition de la HAICA, selon certains spécialistes, c'est l'absence de la société civile. Quelle est votre approche de la question ?
-Le mode de nomination des membres du conseil de la HAICA, qui est fixé par le décret 116, sera forcément modifié, les futurs membres de cette instance seront élus et les candidats seront proposés par les différentes structures professionnelles et pourquoi pas par la société civile. Pour le moment, on a toujours associé celle-ci, pratiquement, aux grands chantiers que nous avons menés. Par exemple, aussi bien au niveau de l'élaboration des cahiers des charges qu'au niveau des entretiens relatifs aux nominations des futurs PDG de la radiotélévision, nous avons invité beaucoup de représentants de cette société civile bien qu'elle ne soit pas représentée au sein du conseil de la HAICA. Donc, de ce point de vue, nous avons de très bonnes relations avec les différents groupes la composant, avec lesquels on se concerte sur pas mal de questions. Le décret 116, la HAICA, tout cela c'est nouveau, il faut les améliorer, c'est sûr, mais il y a des acquisqu'il faut préserver. On peut être fier du fait que notre instance a apporté des choses que d'autres qui existent depuis des dizaines d'années n'ont pas encore réalisées. On a essayé d'apprendre des expériences des autres, de voir ce qui se passe ailleurs, d'en prendre les bonnes pratiques, de les mettre sur le tapis, les étudier et adopter, en définitive, celles qui vont avec le contexte tunisien, c'est-à-dire celles qui nous permettent de passer cette période transitoire avec le moins de dégâts possible.
-Les nominations au sein de la radiotélévision de service public suscitent des remous parmi le personnel. Comment vous allez traiter cette question qui relève de vos prérogatives ?
-Nous avons choisi, dès le départ, de faire un appel à candidature, ce quin'était prévu ni par le décret 116, ni, bien sûr, par les anciennes pratiques où le gouvernement nommait directement qui il voulait sans recueillir l'avis de quiconque. Mais là on voudrait, de concert avec le gouvernement, introduire de nouveaux procédés qui garantissent davantage l'indépendance des candidats et qui ouvrent la voie à toutes les compétences tunisiennes qui sont capables de mener à bien cette mission. Donc, c'est pour démocratiser un petit peu ces postes-là qui étaient, à un certain moment, presque, réservés à une certaine élite. Il est clair que le processus que nous avons mené, jusqu'à présent, n'a pas donné lieu à un changement à ce niveau. Toutefois, ce n'est pas le processus lui-même qui est en cause. Le fait que le but escompté ne soitpas atteint s'explique, entre autres, par le refus de la part des gens de ne pas présenter leurs candidatures à des postes qui sont comme même assez difficiles, en raison des difficultés que présente le contexte actuel. Concernant la nomination d'un directeur général, à la tête de la deuxième chaîne publique, que je viens d'apprendre, si elle se confirme, il faut absolument la revoir, parce que procéder de la sorte avant le choix d'un PDG, au sein de la première chaîne, dont doit relever cette nomination, serait une pure aberration.
F.K.


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