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«Il y a une coercition exercée par l'espace politique sur l'espace médiatique. Et c'est regrettable»
Médias et institution: La HAICA à la croisée des chemins
Publié dans Le Temps le 07 - 09 - 2013

• Eclairages avec Riadh Ferjani, membre de la HAICA
Universitaire et chercheur en sociologie de la communication Riadh Ferjani endosse également la casquette de membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle HAICA appelée à ses fonctions depuis le 3 mai. Dans cette interview, notre interlocuteur nous parle notamment d'une institution qui jouera le rôle du gendarme de l'espace audiovisuel tunisien. A bâtons rompus avec Riadh Ferjani.
Le Temps : En quoi consiste la mission de la HAICA? Qu'avez-vous fait jusque-là et qu'est-ce qui reste à faire ?
Riadh Ferjani : Les missions de la HAICA sont définies par la loi : le décret 116 du 2 novembre 2011. Nous avons commencé à travailler depuis le 3 mai. En gros nous avons trois missions qui peuvent être une définition de la régulation, terme nouveau dans le contexte médiatique tunisien. Nous avons une Mission consultative. Ça ne veut pas dire que nous n'allons pas reproduire l'expérience du Conseil supérieur de la communication de triste mémoire, on n'attend pas qu'on nous consulte.
Nous sommes une force de proposition pour réformer le secteur de la communication sur les plans : législatif, déontologique et organisationnel.
La deuxième mission : c'est de veiller à ce que tous les acteurs respectent la règle du jeu. Et là le monitoring des médias audiovisuels revêt son vrai sens.
La troisième mission à laquelle nous ne voulons pas arriver mais elle est définie par la loi est celle de l'application de la loi. Nous avons les compétences d'un tribunal de première instance. Si on compare avec ce qui se passe dans le monde on nous compare avec HAICA marocaine qui est consultative. On nous compare beaucoup avec le CSA de manière erronée. Le CSA a beaucoup moins de compétences que la HAICA tunisienne. Le modèle de la HAICA tunisienne est inspiré du modèle nordique qui donne des compétences à l'autorité de régulation pour faire respecter la loi. Il est à rappeler que la dictature a laissé un champ de ruines. Et Après les élections il y a eu un vide juridique qui a ajouté des problèmes à ce legs.
Peut-on considérer que des journalistes assimilent mal le sens de la liberté, qui devient irresponsable, dans certains cas?
Votre question est en rapport avec le respect de la déontologie. La charte des journalistes tunisiens contient des dispositions claires que tout détenteur de la carte professionnelle doit respecter. Il y a aussi ce qui se passe au niveau des rédactions ; ce qui s'y décide et ce qui ne s'y décide pas. Je suis contre l'attitude qui dit que c'est la responsabilité du journaliste au singulier. Ce discours-là a été énormément utilisé contre les journalistes du temps de la dictature. Il cachait tous les rouages du système de l'oppression qui faisait que journalistes et les rédactions soient étroitement contrôlés.
Il y a, en fait trois niveaux de responsabilité : celle du détenteur de la carte de journaliste, celle de la rédaction qui doit disposer d'un code éthique et celle de l'autorité de régulation. Le rôle de la HAICA est de veiller à ce que la pratique journalistique respecte la loi.
Ces trois niveaux doivent être complémentaires. Nous sommes contre la censure préalable même si c'est sous forme d'avis consultatif. Mais je crois que le respect des règles éthiques va prendre du temps. On essaye de développer une réflexion dans ce sens et nous avons commencé à le faire.
Pendant la préparation du cahier des charges des médias audiovisuels nous avons organisé un atelier sur la déontologie auquel ont participé 15 spécialistes représentants du corps professionnel.
Il y aura d'autres rounds de réflexion sur les responsabilités déontologiques et le droit des professionnels de la communication audiovisuelle.
Parfois on a du mal à se positionner par rapport à un fait, tant l'information est traitée différemment d'un média à un autre. Qu'est-ce que vous en pensez ?
L'espace médiatique est extrêmement polarisé et il y a des correspondances entre la polarisation de l'espace politique et l'espace médiatique. Plus l'espace politique est polarisé plus l'espace médiatique l'est. Et c'est regrettable, car le rôle du journaliste est d'expliquer la réalité, ou d'en donner une lecture mais pas nécessairement avec tant de force d'affirmation et parfois de dérapage. Le problème est quand l'espace médiatique se polarise dans un sens ou dans un autre on ouvre la porte aux dérives et au non respect de la déontologie.
Il y a un discours de critiques des médias qu'on a vu apparaître depuis la Révolution et la faille de ces discours est qu'ils sont polarisés. Un vrai discours critique ne doit pas être partisan et doit puiser ses exemples dans les différents médias en tenant compte de cette polarisation. Il faut dire aussi que les manquements déontologiques et la diffusion de fausses nouvelles sont partagés chez les uns et les autres.
Qu'en est-il de la question des nominations des directeurs des radios ?
Le communiqué du 2 septembre est le cheminement de tout un processus sur la question des nominations. C'est une question de principe : les nominations qui ont eu lieu. Au début du mois de Janvier 2012, des PDG de l'audiovisuel public ne respectent pas la loi, c'est- dire L'article 19 du décret 116 qui parle d'un avis conforme de la HAICA. La partie qui nomme est obligée de tenir compte de l'avis de la HAICA.
Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises nous avons attiré l'attention du gouvernement une première fois le 5 août, une deuxième fois le 19 août et on a fini par demander une réunion d'urgence avant la grève sur la question des nominations.
On s'est très vite rendu compte que la question n'est pas juridique car la loi est claire. Nous avons considéré que l'initiative de nommer 5 directeurs était de nature à aggraver la crise de l'audio-visuel en Tunisie surtout qu'elle intervient en plein milieu de la crise politique.
Malheureusement les négociations ont échoué puisque il y avait une différence de visions. Pour la présidence du gouvernement, nos interlocuteurs ont proposé un concept très malheureux à notre sens : ‘'lecture commune du 116''. Or il ne s'agit pas de question juridique à l'instant T. Il faut plutôt trouver les moyens de résoudre cette crise. On en est resté là et c'est pour cela que nous avons demandé le gel des nominations des cinq directeurs. Notre demande est claire : il faut rompre avec le système médiatique de la dictature. Il faut donc des critères et des mécanismes. Les nominations pendant de longues années dans les bureaux fermés, avant et après la Révolution, sur le principe de la cooptation partisane et idéologique devraient prendre fin, car ils ne mènent à rien. Il faut faire des appels à candidatures publiques.
Les PDG de la fonction publique devraient être légitimes dans leurs fonctions en établissant des critères connus de tous, entre autres, celui de la compétence et de la capacité de gestion. Dans le contexte actuel il faut que le candidat à ce poste ait une vision de la réforme parce que si c'est pour occuper ce poste pour faire marcher une institution malade, on va être dans la continuité.
Pour le cas Nessma Tv peut-on parler de manquements à la déontologie des médias face au pouvoir de l'argent et du politique, notamment après la cascade des démissions annoncées ?
Au-delà du cas que vous citez, il faut dire que la Tunisie fait partie du monde et on ne va pas réinventer la télévision ou la radio. Il y a trois modèles de régulation :
Le modèle historique américain est celui de la force de l'argent qui fait que celui qui a le plus d'argent a le plus grand nombre de chaînes de télévision. Aux USA il y a une chaîne de télévision, le Public broadcasting service, PBS financée par l'argent du contribuable, qui fait d'excellents programmes. C'est une véritable école d'innovation télévisuelle mais le PBS ne fait que 1% d'audience sinon pour le reste c'est le règne de l'argent. C'est à dire que vous ne regardez pas un film, par exemple, mais de la publicité entrecoupée par un film.
Le 2ème modèle, le modèle de italien qui nous menace le plus est celui qui fait que l'absence de régulation donne l'anarchie totale. Berlusconi avant de faire de la télévision au milieu des années 70, a commencé par la vente d'appartements munis d'un circuit interne de télévisions. Pendant 15 ans, la faille juridique avec la complicité du système politique italien a crée le monstre de la télé Berlusconi qui après, est devenue une force politique.
Derrière Berlusconi il y a une multitude de chaînes insignifiantes mais qui étaient financées par la mafia.
Le modèle italien a des ‘'avatars'' : c'est le paysage audiovisuel libanais avec une diversité apparente puisque qu'il y a beaucoup de chaînes, mais l'espace audiovisuel est confessionnel et polarisé. Il est non professionnel et ouvert à toutes les forces de l'argent.
Le troisième modèle est celui des pays nordiques avec un équilibre entre le service public et le secteur privé. Pourquoi faut-il qu'il y ait un équilibre, parce que le service public est garant de la qualité. Ce que ne peut pas se permettre une chaîne commerciale soumise à la loi du marché, le service public peut le faire.
Le modèle de régulation tunisien est plus inspiré par le modèle nordique.
On a assise juridique mais il faut de la volonté de tous pour arriver au modèle équilibré.
Il faut qu'il y ait une distance de sécurité entre les professionnels des médias et professionnels de politique pour y arriver. On peut toujours rêver.
Quelles sont les limites de la liberté d'expression selon vous ?
Je ne sais pas si on peut parler en termes de limites pour un pays qui a vécu 54 ans de verrouillage et d'atteintes à la liberté d'expression.
Mais il faut plutôt développer une réflexion qui permet de renforcer la liberté d'expression en respectant les règles professionnelles.
Les journalistes professionnels doivent défendre leur métier des intrus en faisant la différence avec ceux qui appartiennent à un corps professionnel sans en avoir les compétences requises.


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